BNP Paribas cesse officiellement tout financement liés aux énergies fossiles
Après HSBC en décembre dernier, c’est au tour de la 1ère banque française – en termes de produit net bancaire – de tourner définitivement la page de l’industrie des énergies fossiles. Une décision qui pourrait contraindre la Société Générale ou le Crédit agricole à se ranger du bon côté de l’histoire.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, des membres d’Extinction Rébellion vandalisaient une agence de la banque BNP Paribas située à Concarneau en la tapissant de peinture et de faux pétrole. Une manière pour l’association écologiste de dénoncer son soutien financier au projet d’extraction de pétrole très controversé dans une réserve naturelle en Ouganda par le groupe Total, dont nous vous avions déjà parlé en début d’année.
Ce n’est pas la première fois que la banque française se trouve dans le viseur des ONG pour son financement de l’industrie des énergies fossiles. Le 26 octobre dernier, elle avait même été mise en demeure par Oxfam, Les Amis de la Terre et Notre Affaire à Tous avant peut être l’ouverture d’une action judiciaire, inédite contre un acteur de la finance. Mais cette fois, elle semble avoir compris la leçon. Ce jeudi 11 mai, BNP Paribas annonce dans un communiqué l’arrêt définitif de « tous les financements dédiés au développement de nouveaux champs » gaziers. La banque d’un monde qui change.
La banque d’un monde qui change…
Cette décision fait de BNP Paribas la deuxième plus grande banque mondiale à s’engager dans cette direction après qu’HSBC lui ai ouvert la voie en décembre 2022. L’ONG ShareAction, spécialisée dans « l’investissement responsable » a expliqué que l’annonce ferait pression sur les principales banques européennes pour qu’elles lui emboîtent le pas.
« La Société Générale, le Crédit Agricole, la Barclays et la Deutsche Bank sont désormais sous le feu des projecteurs en tant que principaux bailleurs de fonds de l’expansion pétrolière et gazière en Europe », détaille Kelly Shields, responsable de projet et de campagne à ShareAction. « Les investisseurs continueront d’exiger de ces banques qu’elles adoptent des politiques conformes à la trajectoire 1,5C et qu’elles protègent les populations et la planète pour les générations futures ».
BNP Paribas avait publié une série de nouvelles politiques de financement énergétique en début d’année, qui comprenait son engagement à couper le financement de l’extraction et de la production de pétrole de plus de 80 % et de l’extraction et de la production de gaz de plus de 30 % d’ici 2030. Autant d’actions qui lui permettraient de migrer 80 % de ses activités de financement à la production d’énergies à faible teneur en carbone.
… à petits pas
Le rapport 2023 sur le climat de BNP Paribas, dévoilé cette semaine, comprend également une série d’objectifs intermédiaires de décarbonisation à l’horizon 2030 pour le financement de certains secteurs polluants, y compris la réduction de 25% des émissions pour le secteur de l’acier, de 10 % pour l’aluminium et de 24 % pour le ciment. L’année dernière, la banque française s’était déjà attaquée à la production d’électricité et au secteur de l’automobile.
ShareAction a salué les efforts entrepris mais a déclaré qu’elle continuerait à pointer du doigts les lacunes de sa politique qui permettraient de continuer à financer, indirectement cette fois, « de nouvelles activités pétrolières et gazières ». « Après des mois de tractation avec ses investisseurs et ShareAction, BNP Paribas a amélioré sa politique en matière de pétrole et de gaz, du moins en partie. Ses nouveaux engagements sont les bienvenus et suggèrent que l’appétit des banques pour le financement de nouvelles activités pétrolières et gazières se tarit rapidement. Cela dit, BNP Paribas a encore du chemin à parcourir avant d’atteindre les normes climatiques que les investisseurs et le public attendent d’elle ».
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