« Oh non, pas Bernard » : cri du cœur sincère sur Facebook ou LinkedIn de ceux qui ont connu Bernard Brochand et son éternel sourire. Car il est indéniable que cet homme, qui vient de décéder à l’âge de 86 ans, aura marqué la communication. Les moins jeunes se souviendront de quelques pépites, comme « le contrat de confiance » de Darty (Eurocom, 1973), les campagnes pour El Gringo de Jacques Vabre (DDB, 1970), première marque de café diffusée à la télé, Canada Dry, la Coccinelle, Maître Kanter, Mini Mir… Cet ex-Procter, qui a été patron d’Eurocom (l’une des plus belles filiales d’Havas), et qui avait fondé en Europe la filiale de DDB avant d’en prendre la présidence monde, avait aussi écrit « Le Publicitor », ouvrage culte pour des générations d’étudiants en communication et marketing. Ce qui lui avait donné l’idée de créer l’école Market Sup en 1986 avec Jacques Lendrevie, qui fusionnera par la suite avec Euro RSCG Campus, créé par Jacques Séguéla, pour donner plus tard Sup de Pub.
La com, c’était sa passion – Il a également contribué à la création de Canal + et de France 24 – mais pas la seule. Il en avait deux autres : le foot et la politique. Le foot avec son entrée au conseil d’administration du PSG aux côtés de Daniel Hechter, le premier président du club, et d’autres dirigeants historiques comme Alain Cayzac et Charles Talar. Il était ensuite devenu président de l’Association des Rouge et Bleu en 1991, après avoir négocié l’arrivée du groupe Canal+ comme propriétaire du PSG. Et puis la politique. D’abord homme de l’ombre avec ce slogan pour le moins disruptif « Mangez des pommes » qui ponctua la campagne de Jacques Chirac avant la victoire à la présidentielle de 1995, avant de se lancer dans l’arène : maire de Cannes de 2001 à 2014 et député de 2001 à 2022.
Un homme, qui certes avait eu quelques zones d’ombre – condamné pour fraude fiscale – mais à laquelle la pub doit beaucoup. Que de souvenirs et de rires partagés avec lui, notamment lorsque pendant les Cannes Lions, autour d’un bon diner et d’une bonne bouteille, il nous racontait avec une certaine faconde des anecdotes sur son passé publicitaire ou sur « sa » ville de Cannes. Avec sa disparition, il ne reste plus beaucoup de ces « madmen » qui nous ont fait rêver avec leurs slogans. Adieu El Gringo…
