« De nos jours, les artistes ne deviennent pas connus parce qu’ils ont du talent mais parce qu’ils sont soutenus financièrement. Notre ambition est de faire de l’industrie de la musique une réelle méritocratie. » Pour Josh Mangel le co-fondateur de BeatDeck, sa plate-forme analytique endosse fièrement le costume d’acteur du changement. Comment ?
En rendant gratuite la possibilité pour chaque artiste de faire décoller sa carrière. Dans la même veine que Beluga Analytics et contrairement à Next Big Sound et Musicmetric – déjà solidement implantés sur le marché, la startup couvée par Y Combinator ne sollicite pas la tirelire de ses utilisateurs : lancée le 20 mai, BeatDeck offre la possibilité aux artistes les plus fauchés de passer au crible leur audience. Mes morceaux sont-ils plus populaires sur Facebook ou Twitter ? Où doit se dérouler ma prochaine tournée ? Ma chanson est-elle trop répétitive ? Quel réseau social m’amène le plus de fans ? Qui m’écoute et dans quel contexte ? Si vous êtes musicien, la nouvelle plate-forme d’analyse de données répond gratuitement à toutes ces questions.
Concrètement, chaque curieux convaincu que l’analytique peut déterminer son succès futur doit se rendre sur le site et y synchroniser ses comptes SoundCloud, Facebook, Instagram, Twitter, You Tube et Last.fm. Il pourra alors suivre à la trace l’attractivité de son œuvre sur les réseaux sociaux et comparer canal par canal qui l’écoute, où et comment. L’artiste peut également connaître son influence et son impact émotionnel sur son public.
iTunes et Spotify dans le viseur
Mieux encore, en partageant ses morceaux sur les réseaux sociaux via le système d’édition de BeatDeck, l’utilisateur peut carrément savoir quels passages de ses chansons sont les plus écoutés, ceux qui sont mis sur pause ou ceux qui sont remis en arrière. Pour beaucoup de groupes et de chanteurs, disposer de ces informations nécessite du temps et des compétences spécifiques, deux facteurs dont ils disposent rarement.
Dans son ambition de gratuité pour les artistes, BeatDeck doit compenser de l’autre côté de la barrière : elle met donc en vente ses données auprès des maisons de disques et des divisions A&R des labels, avec comme produit d’appel l’opportunité de surveiller sur la Toile les performances de ses protégés et à moindre coût, de dénicher des futurs stars. Avec six clients la startup deviendrait rentable, dixit son créateur, qui entend bien séduire également les fournisseurs en ligne tels que Spotify, iTunes et Amazon.
Benjamin Adler / @BenjaminAdlerLA