Pour le 1000ème épisode de son émission Click, le radiodiffuseur britannique propose aux spectateurs de choisir les contenus qu’ils souhaitent visionner.
Qui aurait pensé que notre bonne vieille tante anglaise allait mettre au point une première mondiale et traverser le miroir noir de Netflix ? Pour le 1000ème épisode de son émission axée sur les nouvelles technologies et intitulée « Click », la BBC, que les Anglais surnomment « Auntie » a diffusé une émission durant laquelle les spectateurs pouvaient interagir et choisir ce qu’ils regardaient en sautant certaines sections ou en approfondissant des passages qui les intéressaient davantage .
Un an de travail
Les chercheurs du département BBC R&D du radiodiffuseur public britannique ont travaillé pendant une année pour mettre au point une technologie capable de proposer ce service. Ce programme, baptisé StoryFormer, permet de décomposer une émission, l’épisode d’une série ou un film, en plusieurs éléments indépendants les uns des autres qui peuvent ensuite assemblés ou dissociés selon le bon vouloir des téléspectateurs afin de former une histoire originale. « Cette approche a le potentiel de transformer la façon dont le contenu est créé et consommé à l’avenir, prédit Simon Hancock, le rédacteur en chef de BBC Click. Elle offre à nos téléspectateurs une expérience sur mesure, adaptée à leurs intérêts, à leurs préférences et à leurs choix spécifiques. C’est un excellent exemple de la façon dont la BBC est à la pointe de l’innovation dans le domaine de la radiodiffusion, comme elle l’a été pendant près d’un siècle ».
Un défi de taille
https://www.bbc.com/news/av/technology-35788454/bbc-click-filming-an-entire-programme-in-360-degrees
Ce défi n’a pas été simple à relever. « Je n’avais jamais travaillé sur quelque chose d’aussi compliqué, reconnaît Spencer Kelly, le présentateur de BBC Click. Normalement, je dois m’assurer que l’histoire que nous racontons ait un sens mais cette fois, il a fallu vérifier que les millions de combinaisons possibles de cet épisode tiennent la route ». Cette émission, qui existe depuis près de vingt ans, a toujours cherché à être pionnière dans l’utilisation des nouvelles technologies. En 2016, elle a diffusé un épisode tourné à 360 degrés et un an plus tôt, un de ses numéros a été filmé uniquement avec des téléphones portables et des tablettes .
Un petit air de « Bandersnatch » de Black Mirror
Son 1000ème épisode n’est pas sans rappeler le « Bandersnatch » de Black Mirror. Cet opus de la série culte de Netflix permettait aux téléspectateurs d’influer sur l’intrigue en leur proposant différentes options qui avaient ensuite des conséquences sur le scénario . Certains critiques ont été déçus par l’expérience proposée par la plateforme américaine () mais les nouvelles technologies vont sans aucun doute améliorer l’expérience offerte au grand public.
Les publicitaires aussi…
Les publicitaires cherchent, eux aussi, à promouvoir l’interactivité afin d’encourager le grand public à s’impliquer davantage dans les messages qu’il regarde sur leur petit écran ou leur téléphone. « La publicité sera de plus en plus interactive grâce à la télécommande mais aussi au smartphone qui va se transformer en véritable couteau suisse digital », prédit Anne-Marie Gaultier, la présidente de Datakalab, une start-up dont le logiciel permet de déclencher chez les personnes qui ont accepté de participer à ses études la webcam de leur ordinateur afin d’analyser leurs réponses lorsqu’ils regardent une publicité. L’interactivité ne séduit toutefois pas tous les consommateurs. « L’interaction est inversement proportionnelle à l’engagement des téléspectateurs, prévient Laurent Bliaut, le directeur général adjoint de TF1 Publicité. Les publicités interactives les plus efficaces sont celles qui sont diffusées sur la TNT à 10 heures du matin et celles qui fonctionnent le moins bien sont celles qui passent pendant le film du dimanche soir sur TF1 ».
L’imagination des scénaristes est souvent plus riche que celle du spectateur
Certains amateurs de cinéma et de séries peuvent aussi préférer se « laisser porter » par une histoire plutôt que de la créer eux-mêmes. L’imagination des scénaristes est souvent plus riche que celle du spectateur lambda. L’interaction ne doit pas sonner le glas de la création. Une œuvre n’est pas forcément meilleure si elle se transforme en boîte à outils dans laquelle le particulier peut piocher à sa guise.