Nul n’est prophète en son pays et la campagne du ministre du redressement productif symbolise l’adage. En ces temps de reconquête nationale de la marque Bleu-Blanc-Rouge, il est donc bon de rappeler que si le « Made in France » n’est plus franchement un produit d’appel en Hexagone, il l’est aux Etats-Unis. En avril 2011, INfluencia s’intéressait déjà d’ailleursà l’initiative symptomatique d’Air France et de Joël Robuchon dans les rues de New York, révélatrice de la fascination du grand public américain pour le bon goût tricolore.
En décidant d’exporter des modèles Yaris « Made in France » chez l’Oncle Sam à partir de mai 2013, le constructeur Toyota confirme cette attractivité pour le sceau du Coq. Enfin, au CES de Las Vegas c’est le Français Sculpteo qui s’adjuge le Grand prix de l’innovation du meilleur logiciel et appli mobile.
Si même dans la technologie et l’informatique, notre pays conforte son pouvoir de séduction outre-Atlantique, son aura naturelle reste dans le luxe et la nourriture. Depuis quelques mois, un glacier californien marie les deux pour promouvoir l’influence française de son produit. Dans les trois boutiques Bardot ouvertes à San Diego et Los Angeles, la première inspiration vient de « l’amour de la France pour la bonne nourriture » dixit le fondateur Xavier Briseno.
« J’ai choisi ce nom car il sonnait français en plus de contenir le mot « bar », ce qui était important. La France aime la gastronomie, c’est pour elle une célébration de la vie. Je veux que Bardot reflète ce sentiment », nous explique le créateur de ce magasin de glaces d’un nouveau genre, dont le design (agence Landor & Associates) a été récompensé en 2012 aux Lions et aux Clio. Chez Bardot, les bâtonnets en chocolat sont des recettes originales et se présentent sous verre comme des bijoux Place Vendôme; le décor d’un rouge et noir stendhalien rappelle plus un salon de thé newyorkais, et la décoration comme l’espace est cosy, désigné comme un théâtre de consommation haut de gamme.
Chez Bardot, savourer une glace relève de l’expérience nouvelle (qu’on la trouve audacieuse et réussie ou pompeuse et ratée). Forcément cela nous a tapé dans l’œil. Le patron mexicain Xavier Briseno s’est confié à INfluencia.
INfluencia : Quel était votre diagnostic du marché avant de lancer Bardot et que vouliez-vous apporter de neuf au consommateur ?
Je suis dans l’industrie de la glace depuis 1999, année où j’ai ouvert mon premier magasin au Mexique. Cela fait 14 ans que je regarde ce qui se fait, que j’observe et analyse. Lors d’un séjour en Afrique du Sud avec l’organisation « Endeavor » dont je suis membre, j’ai pu dîner avec l’un de mes mentors, l’ancien CEO de Gucci Robert Polet. Alors que nous discutions des biens de consommation haut de gamme et des glaces, il m’est venu l’idée de créer un côté sensuel et luxurieux à la glace. La première ambition est de captiver le consommateur avec un design esthétique et une saveur de haute qualité.
INfluencia : Comment définiriez-vous votre concept ? S’agit-il d’une nouvelle façon de toucher le consommateur ?
Bardot représente le côté sexy de la glace, sans abandonner son aspect délicieux au goût. Bardot marie les émotions avec la nourriture car la vie est faite de bons moments, de joie et de la sensualité humaine qui va avec. Bardot célèbre tout cela dans une seule barre glacée. L’idée était vraiment d’amener la glace dans une nouvelle dimension, entre design novateur, emballage artisanal et goûts éclectiques et recherchés. Bardot est une marque émotionnelle où le ressenti passe avant la raison.
C’est une expérience pour les cinq sens. L’innovation est présente à tous les niveaux, que ce soit dans le design très anticonformiste, les saveurs qui n’ont rien de conventionnelles ou même le logo, avec le bâton rouge sur les lèvres. Bardot s’adresse aux amateurs de gastronomie, pour qui la nourriture est plus que de la nutrition.
Benjamin Adler