14 juin 2016

Temps de lecture : 3 min

Le Bac menacé par la triche high tech ?

Dès aujourd'hui, des milliers de candidats vont se triturer les méninges sur l'épreuve du Baccalauréat et certains auront recours... à la triche numérique. Comment lutter contre la tentation de sortir son smartphone pour se donner un petit coup de pouce ?

Dès aujourd’hui, des milliers de candidats vont se triturer les méninges sur l’épreuve du baccalauréat et certains auront recours… à la triche numérique. Comment lutter contre la tentation de sortir son smartphone pour se donner un petit coup de pouce ?

Pas une année sans qu’une nouvelle technique de triche ne perturbe le déroulement du Baccalauréat. On ne parle pas ici, des fuites de sujets qui ont fait la Une en 2014 puis en 2015, mais de triche pendant les épreuves. Malgré la « cellule de veille numérique », renforcée depuis 2011 par une équipe de gendarmes spécialisés en cybercriminalité, la course à la technologie qui les oppose aux tricheurs semble perdue d’avance… par le Ministère. Selon ses statistiques, la gruge serait en hausse de 10% par an depuis 2013.

Il n’a jamais été aussi facile de tricher

Moins de deux heures après de début de l’épreuve, les corrigés sont sur le net. Il suffit donc de se rendre aux toilettes pour télécharger les données sur son smartphone, retourner à sa place et les recopier « ni vu ni connu ». Quoi de plus tentant ? Selon la Direction Générale de l’Enseignement Scolaire, même si la triche numérique est en hausse, elle ne représente encore qu’un tiers des cas; c’est-à-dire autant que les bonnes vieilles antisèches, si on en croit les statistiques de Vincent Goudet, directeur de la Maison des examens, le dernier tiers relevant du banal copiage. Mais ces chiffres ne concernent que les fraudes « détectées », qui impliquent moins d’un élève sur mille. On est bien loin du compte : une note du Centre de recherche en éducation de Nantes (CREN), publiée en 2012, dévoile que 70% des étudiants auraient eu recours à la fraude pendant leur scolarité, dont 35% au lycée ! Surtout que, face aux smartphones, montres connectées, calculatrices nouvelle génération, oreillettes bluetooth, mini-caméras embarquées dans des lunettes ou un t-shirt, stylo-téléphones made in China, et autres trousses à infrarouge dignes de 007, les moyens de dissuasion des rectorats paraissent bien faibles.

L’Education Nationale dépassée ?

À l’approche de l’examen, le Ministère montre les muscles et promet une « lutte sans merci contre la fraude » en 2016, avec formation renforcée des surveillants, affichage de panneaux informatifs et dissuasifs et surtout la présence de détecteurs de téléphone portable dans « chaque académie », ce qui ne veut pas dire dans chaque salle d’examen. Une sécurité aisément contournée en basculant son smartphone en « mode avion » (ça reste entre nous, hein ?). Mais l’efficacité de ces moyens restera limitée tant que les brouilleurs d’ondes et les cages de Farraday -seules vraies contre-mesures- seront interdites ou jugées trop coûteuses. Il n’est pas question non plus de durcir les sanctions encourues par les élèves, généralement blâmés ou interdits de repasser l’examen pendant 5 ans par une commission de discipline et très rarement condamnés pour délit à 9 000 euros d’amende et/ou à trois ans d’emprisonnement.

Contre la techno-triche, un Bac 2.0 ?

Alors quoi ? Ira-t-on jusqu’aux fouilles intégrales à l’entrée des toilettes avec détecteur de métal, comme dans le province chinoise du Jilin ? Fera-t-on surveiller les élèves par des drones équipés de GoPro, comme à Anvers en Belgique, ou les obligera-t-on à passer l’examen en sous-vêtement, comme dans l’État indien de Bahir ? Le meilleur moyen d’éviter la fraude au Bac ne serait-il pas d’autoriser les ordinateurs connectés ? L’idée serait dans beaucoup de têtes, y compris rue de Grenelle. Le Ministère aurait même testé un dispositif « full internet » en 2007, avant d’abandonner ce projet, malgré la possibilité de réduire le coût de cette épreuve de 10%. La peur du changement ? « Les examens sont faits pour tester les compétences. Les étudiants doivent utiliser la théorie et les méthodes plutôt que de les répéter littéralement. Dans ce contexte, autoriser l’accès à Internet n’est pas une révolution mais plutôt une évolution », expliquait Steen Lassen, conseiller auprès du ministère de l’Education danoise au Huffington Post. Cher Steen, un million de jeunes Français sous pression espèrent que ces belles paroles soient un jour entendues par leurs professeurs !

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