4 novembre 2024

Temps de lecture : 3 min

Aux Etats-Unis, tout le monde pense à l’élection mais personne n’en parle ouvertement

Toutes les dépenses publicitaires ou presque des deux candidats sont investies dans les sept « swing states » qui vont décider de l’issue du scrutin. Dans le reste du pays, ce sujet serait presque tabou…

Sur un pont au-dessus d’une des principales autoroutes qui mène au centre-ville de San Francisco, quelques personnes agitent des drapeaux américains devant des banderoles pro-Trump. Cette initiative semble laisser les Californiens de marbre qui ne klaxonnent pas ou lancent des appels de phare pour féliciter ou, au contraire, critiquer ces républicains. Même si les Etats-Unis et la planète dans son ensemble attendent, avec une certaine impatience mêlée d’inquiétude, le résultat de la prochaine présidentielle américaine qui va se tenir le 5 novembre, cette élection ne déchaîne pas les foules dans la plupart des villes du pays. Lors des deux derniers mois, INfluencia a visité, New York, la Nouvelle Angleterre, la Floride, le Texas et la Californie. Dans les rues des grandes villes comme dans celles des villages reculés, peu voire pas de banderoles, de drapeaux ou d’autocollants pro Harris ou Trump. Sur les télévisions et sur les panneaux d’affichage, les publicités pour les différents candidats sont quasi inexistantes. Étonnant ? Pas vraiment quand on connaît le système électoral américain.

Tous pour les swing states

Tous les efforts et les budgets publicitaires des républicains et des démocrates sont consacrés sur sept des cinquante états américains. Ces « swing states » (ArizonaGéorgieMichigan,NevadaCaroline du NordPennsylvanie et Wisconsin) sont ceux qui vont décider du nom du vainqueur du prochain scrutin. Leurs 93 grands électeurs seront ceux qui devraient permettre à l’un des deux candidats d’obtenir les 270 voix nécessaires pour entrer à la Maison Blanche.

Des dépenses sans précédent

Dans ces territoires clés, les principaux partis ne comptent pas leurs sous pour séduire les électeurs indécis. Depuis que la vice-présidente américaine, Kamala Harris, est entrée dans la course pour remplacer Joe Biden, le parti démocrate a englouti 1,1 milliard de dollars en publicité, soit 400 millions de plus que les républicains, selon le dernier rapport d’AdImpactLe cap des 10,7 milliards de dollars devrait être franchi par l’ensemble de cette campagne qui a débuté l’an dernier. Un chiffre sans précédent. Les thèmes les plus mis en avant par Kamala Harris sont les impôts (32%), la santé (21%), le logement (21%) et l’avortement (20%) alors que Donald Trump préfère communiquer sur l’inflation (62%), l’économie (53%), le logement (21%) et l’immigration (17%).

La pub fonctionne

Ces trois derniers mois, près de 8 dollars sur 10 (79%) dépensés par les deux partis en publicité ont été investis dans les sept « swing states ». La Pennsylvanie concentre à, à elle seule, 21% des investissements des partis. Ce battage s’explique. Plus d’un tiers des membres des générations X et Z (35%) reconnaissent en effet être influencés par les publicités politiques. Ce chiffre est encore plus élevé chez les millennials et les baby-boomers (50%).

Les influenceurs plus importants que les « grands » medias

Pour convaincre les « swingers », les candidats préfèrent discuter avec des influenceurs et des podcasteurs, au grand dam des grands médias traditionnelsKamala Harris ne va ainsi accorder aucune interview aux grands journaux américains. Elle a, par contre, discuté avec Alexandra Cooper qui anime le podcast « Call Her Daddy » qui parle de santé mentale et de sujets intimes et qui est écoutée par 70% de femmes et 75% d’auditeurs de moins de 35 ans. Elle a aussi répondu aux questions de Howard Stern concernant ses goûts musicaux et son petit faible pour les céréales Special KDonald Trump a, lui aussi, multiplié les podcasts avec Adin Ross sur KickElon Musk sur X ou bien encore Lex Fridman et Theo Von sur YouTube. Cette stratégie médiatique ne manque pas de sens. Les électeurs regardent aujourd’hui bien plus les réseaux sociaux que la télévision et rares sont ceux qui lisent la presse quotidienne. Les podcasteurs et les influenceurs sont également bien moins critiques que les « vrais » journalistes. Donald Trump et Kamala Harris peuvent ainsi répéter à l’envi leurs arguments de campagne et leurs « fake news » sans que leurs interlocuteurs ne les contredisent. 

Un sujet tabou

Si tous les américains pensent à cette présidentielle, peu en parlent ouvertement. « C’est devenu un sujet tabou, m’explique une démocrate convaincue vivant à San FranciscoLes antagonismes sont tellement forts que personne n’ose en discuter. Je n’avais jamais vu cela avant… » Les candidats tentent, eux, de séduire les indécis dans quelques états clés en dépensant des sommes folles et en parlant à des influenceurs qui ne connaissent souvent rien à la politique. Drôle d’élection… 

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