D’un modèle vertical où la vocation d’un média était de diffuser une information, l’industrie médiatique change de paradigme. Elle se transforme en une entreprise en réseau, capable de co-construire ses contenus avec ses audiences. Olivier Bonsart, président de « 20 minutes », a fait sienne cette vision pour développer le groupe de presse gratuit. Décryptage.
« Le peuple a pris possession de l’outil de production ». La formule célèbre de l’économiste Marx détonne face au parterre de publicitaires et directeurs de régies rassemblés à l’occasion du séminaire « Smart Publishers » qui s’est déroulé hier dans le cadre du Cristal Festival à Courchevel. C’est pourtant en creux, la réalité qui structure aujourd’hui la relation entre un média et son public, selon Olivier Bonsart, président de « 20 minutes ». « La vérification et la hiérarchisation de l’information est et doit rester l’ADN du métier de journaliste. Mais cela ne suffit plus pour séduire et fidéliser l’audience qui veut être dans l’histoire et sur la photo ». Au-delà des outils technologiques, le numérique est une culture qui repose sur des mécanismes collaboratifs et participatifs. « Un journaliste augmenté est un journaliste qui respecte le pouvoir du peuple en y faisant appel », appuie Olivier Bonsart.
La rédaction de « 20 minutes » composée de 100 journalistes a fait sa mue pour co-construire les contenus avec ses lecteurs. La rédaction fait notamment un fort usage de Facebook pour entrer en relation directe avec son public et l’inciter à participer à la vie du journal. Comme avec #MoiJeune qui rassemble une communauté de plus de 3000 jeunes lecteurs âgés de 18 à 30 ans dont 1000 membres échangent quotidiennement avec la rédaction pour trouver ou valider des idées de sujet. « Outre d’engager fortement la communauté avec un taux de réponse moyen de 50%, ces conférences de rédaction virtuelles offrent aux journalistes une matière formidable pour être au plus près du réel », loue l’éditeur.
En co-construisant l’information avec leur audience, les médias rendent mieux compte de la réalité des faits. Un enjeu qui est aussi démocratique : « Les citoyens ne se sentent plus représentés par les institutions que sont les partis politiques, les syndicats et… les médias », appuie Olivier Bonsart. A l’ère numérique qui aplatit les hiérarchies, « la narration doit naître de l’expérience des gens », ce qui au final, n’est rien d’autre qu’un retour aux sources du métier d’informateur, revu à la sauce digitale.