Auchan, Casino, Lidl… Les supermarchés français accusés de freiner la transition écologique
La fédération d’associations Réseau Action Climat publie un rapport au vitriol sur l’impact des 8 plus grandes enseignes du secteur sur la transition écologique.
Alors que la grande distribution concentre 70% des achats alimentaires des Français et que 24 % de notre empreinte carbone en France provient de l’alimentation, le RAC – pour Réseau Action Climat –, une fédération composée de 27 associations nationales – généralistes ou spécialisées sur certaines thématiques comme les transports, l’énergie, la solidarité, etc. – ainsi que 10 associations locales et régionales, le crie haut et fort dans son dernier rapport : « Les enseignes sont aujourd’hui davantage un frein qu’un moteur à la transition alimentaire et à la lutte contre le changement climatique ».
Au moment du conseil de classe, aucune enseigne « n’a une note supérieure à 10 sur 20 ».
Benoît Granier, responsable alimentation du réseau, déclarait même récemment à l’AFP : « On a l’idée que le consommateur est souverain et libre de ses choix, mais outre les contraintes économiques de son pouvoir d’achat, il est aussi contraint par la nature de l’offre qui lui est proposée et par les stratégies de la distribution ». Pour le dirigeant/militant, il est clair que « via leurs politiques en termes de publicité et de marketing, en mettant en avant certains produits plutôt que d’autres, les enseignes ont un pouvoir important ».
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On a noté les supermarchés selon 40 indicateurs liés au climat et à l’alimentation durable.
Résultat : toutes les enseignes sont loin du compte et ne nous aident vraiment pas à avoir une alimentation durable.
Plus de 150 magasins ont été visités par des bénévoles de Greenpeace
L’heure de passer à la caisse
Et comme sur les bancs de l’école, les mauvais élèves ramassent les plus mauvaises notes. Le rapport du RAC en question porte sur les actions des principales chaînes de supermarchés français autour de l’alimentation durable et le climat au cours de l’année 2022. Le tout pour dresser un classement des enseignes les plus vertueuses en la matière selon trois principaux critères : la transparence de l’enseigne, les engagements et plans d’action et la promotion d’une alimentation durable. Au moment du conseil de classe, aucune enseigne « n’a une note supérieure à 10 sur 20 ».
Carrefour s’en sort à peine mieux que les autres avec un médiocre 9/10, devant Monoprix – 8,3/20 –, suivi de Casino – 7,5/20 –, Lidl – 7,4/20 –, Système U – 7/20 –, Auchan et Intermarché à égalité – 6,9/20 – et E.Leclercqui clôture le classement avec un calamiteux 5,8/20. Pour établir ce classement, plus de 150 magasins ont été visités par des bénévoles de Greenpeace qui ont appliqué une quarantaine d’indicateurs sur leurs pratiques en matière d’émissions de gaz à effet de serre, de transition vers le « moins et mieux » de produits d’origine animale, et de mise en valeur d’une alimentation « plus végétale ».
Les recommandations du jury
Pour mieux répondre aux enjeux environnementaux, le RAC exhorte les enseignes d’arrêter la promotion de produits d’origine animale ou à base de viande comme les nuggets, les burgers ou les pizzas et de mieux promouvoir une alimentation plus végétale. La fédération relève même que 92% des plats préparés vendus contiennent de la viande ou du poisson. En parallèle, les auteurs de l’étude réclament de mettre plus en avant les produits biologiques et Label Rouge, alors que moins de 10% des steaks hachés et des morceaux de poulet vendus dans les rayons sont issus du bio. Il convient cependant de relever que la qualité de certains produits sous Label rouge et autres labels bio ont déjà été remis en question par certaines associations à l’image d’UFC-Que choisir.
Carrefour n’a pas hésité à reconnaitre que son action n’était pas suffisante
À la lecture des résultats, Carrefour n’a pas hésité à reconnaitre que son action n’était pas suffisante : « c’est la raison pour laquelle nous avons renforcé nos engagements pour le climat » lors du plan fixant sa stratégie pour les quatre années à venir. Pas très précis mais toujours bon à savoir. Du côté de System U, on comprend « que certains trouvent que nous pourrions aller plus loin, plus vite ». Lucide. Cependant, l’enseigne, par la voix d’un de ses porte-paroles, affirme être plus « mobilisée » que jamais. « C’est indispensable aujourd’hui face à la situation environnementale et climatique. Le problème, c’est que l’alimentation est une variable d’ajustement possible du budget. On ne peut pas arbitrer sur le carburant, ou très peu, pas sur l’électricité, peu sur le péage… ». La politique de l’autruche.
Selon l’étude « Sur-marges sur les fruits et légumes bio », réalisée en 2017 par UFC-Que choisiret citée par le RAC, 46 % du surcoût des produits bio provient des surmarges opérées par les supermarchés. S’adressant directement aux pouvoirs publics, le RAC demande donc la mise en place d’un meilleur encadrement du taux de marge appliqué par la grande distribution sur les produits bio. En bref, les chantiers sont multiples pour pouvoir aller faire nos courses délaissés de tout sentiment de culpabilité.
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