Depuis les premières années du 20ème siècle, début de la standardisation des biens de consommation, jusqu’à nos jours, de nombreux artistes se sont inspirés ou ont utilisé des produits de grande consommation pour réaliser leurs œuvres. Décryptage des différents mouvements artistiques qui se sont appropriés les marques et packagings, icônes de notre société de consommation.
Nous pouvons mettre en parallèle l’apogée de cette société de consommation de masse (années 70) avec les courants artistiques comme le Pop Art et l’Hyperréalisme. Courants, qui plus que tout autre, sublimeraient ou nous interpelleraient sur cette société d’abondance.
Deux symboles incontournables pour exprimer notre société. Dérision, vulgarité, art critique ou sensation de malaise; Duane Hanson, avec ses sculptures de ménagères américaines, est celui qui exprime le mieux une société malade de ses excès.
Andy Warhol, pape du Pop Art, fait de nos produits du quotidien des icônes qu’il démultiplie, accentuant ainsi cette notion de production et d’abondance que génère notre société de consommation.
Dans une de ses œuvres lacérées, Jacques Villeglé, du courant des Nouveaux Réalistes fait du yaourt Danone la seule empreinte mémorielle identifiable par le public. De son côté, l’artiste Post-Pop Burton Morris, conteste notre regard suspicieux sur les produits du quotidien qu’il anime avec beaucoup d’énergie et de gaieté.
Rupture avec les outils classiques des artistes, pinceaux, brosses, ciseaux du sculpteur etc. Certains artistes utilisent ou simulent des techniques de reproduction similaires à celles utilisées pour la fabrication des packagings qu’ils représentent (utilisation de photos ou encore de supports imprimés).
Est-ce l’expression d’une forme de paupérisation de la société ? Est-ce tout simplement le thème classique de la nature morte revisité via de nouveaux éléments de décor que sont les packagings et leur marquage ? Est-ce l’influence grandissante de la publicité dans la presse ou à la télé ?
L’Hyperréalisme est un courant artistique en trompe l’œil où peintures et sculptures se confondent avec la réalité. Ces images souvent banales de notre quotidien nous renvoient à une forme de solitude, de vide. Techniquement proches de la photographie, les hyperréalistes nous interpellent sur l’impact des marques et des produits sur notre quotidien.
Les symboles des marques sont repris par les artistes pour condamner les excès de la société de consommation sur notre environnement et sur notre santé. L’humour trouve sa place pour nous sensibiliser sur une éventuelle manipulation des consommateurs.
Transformer des produits dont la durée de vie est très limitée en œuvres d’art pouvant s’inscrire dans l’éternité. Une démarche engagée par des artistes comme Arman et César, têtes de pont des Nouveaux Réalistes. Sculptures, compressions, accumulations, compositions. Plastique, métal, carton, films souples. Les marques et les packagings deviennent des composants de base de l’oeuvre artistique.
Sujet et matériaux utilisés pour la réalisation sont indissociables du sens de l’œuvre. Nous pourrions appeler ces artistes les Nouveaux Surréalistes. Symboliques, oniriques, ces œuvres nous touchent par les sujets qu’elles abordent et l’énergie qu’elles dégagent. Les marques et les produits ne sont plus le sujet, ce sont des éléments dynamiques et neutres à la fois qui composent et animent l’œuvre; A l’exemple de David Cintrat, fondateur de la Pop Libre.
Nous voyons bien, à travers l’ensemble de ces œuvres, l’attraction que les marques et les packagings peuvent avoir sur les artistes. Juste retour d’influence, habitués que nous sommes à déceler telle ou telle inspiration d’artiste dans la création de marque ou le design graphique d’un packaging. L’importance et l’attractivité des marques et des produits dans notre quotidien s’impose. Au-delà de nos interrogations, c’est une réalité, notre réalité.