Les derniers éléments du rapport du GIEC sont sans appel : nous devons massivement transformer notre économie. Depuis des décennies, les scientifiques nous alertent sur la nécessité de transformer, en profondeur, notre société et, de fait, nos modèles économiques. Plus nous tardons, plus ces changements seront difficiles à opérer : aujourd’hui, l’heure n’est plus à la parole, il est grand temps d’agir ! Serons-nous cette génération d’acteurs au cœur de la transformation ?
La prise de conscience est aujourd’hui partagée. Il y a urgence à réinventer le logiciel du capitalisme, à transformer nos entreprises, nos organisations, et nos usages quotidiens. A l’échelle de la planète, les lignes bougent : 70%[1] des dirigeants d’entreprises en France déclarent s’impliquer davantage dans une politique RSE. Celles qui s’y sont engagées pleinement bénéficient d’une véritable création de valeur : 69%[2] des dirigeants ayant engagé des initiatives durables ont constaté une hausse de leur chiffre d’affaires. Avec une véritable création de valeur.
Plébiscitée par les collaborateurs, la quête de sens devient prioritaire et 75% des millenials choisiront de travailler dans une entreprise à impact positif. Quant aux citoyens et consommateurs, leur carte bleue est leur meilleur bulletin de vote pour le changement : 86% des Français veulent consommer de manière plus responsable, un nombre croissant d’entre eux plébiscite les circuits courts. Le vrac et la seconde main sont des marchés en plein essor et transforment en profondeur nos business models.
Certes, on avance, mais le chemin est long et la tâche immense. Comment utiliser l’effet « accélérateur » de la crise pour opérer la bascule ? Et réorienter totalement nos modes de développement ?
A défi global et mondial, réponse locale ! Notre futur se joue au cœur des territoires, laboratoires de l’économie décarbonée. Les idées, les projets, les solutions d’avenir y naissent et s’y implantent. Ce qu’il manque pour passer le cap de la massification ?
Deux éléments clés : le premier, c’est organiser la coopération au sein de cellules locales, pensées en « super connecteurs ». Une coopération locale ouverte sur le monde, inscrite dans le changement global, qui hybride les savoirs, interconnecte les secteurs, les entreprises, petites et grandes, catalyse les bonnes pratiques en apprenant continuellement pour modéliser, tester, mesurer, et placer les projets à impact sur une rampe de lancement.
Le deuxième levier de massification est bien sûr l’accélération de la révolution numérique. Ces maillons forts de notre stratégie bas carbone, également appelés « green tech », recouvrent à la fois le domaine de l’énergie, des cycles de l’eau et de l’air, l’agriculture du futur, le traitement des déchets, celui des transports et celui, plus transversal, de l’amélioration de l’efficacité des processus industriels pour réduire notre consommation de ressources. Ces technologies ouvrent la voie aux usines propres et connectées, aux imprimantes 3D, qui nous permettront de produire local, responsable, en circuits courts, et de fabriquer n’importe quel objet à la demande. Des solutions locales à nos enjeux globaux de souveraineté !
Cet échelon du territoire-laboratoire de l’économie de demain, nous le connaissons bien. Nous en avons l’exemple en Hauts-de-France, port d’attache de Réseau Alliances et du World Forum for a Responsible Economy depuis 15 ans. Traumatisée par les guerres et les crises successives, cette région a fait de la résilience et de l’innovation son fer de lance. Le territoire le plus industrialisé de France se place aujourd’hui en pionnier et turbine européenne de l’éco-transition avec notamment le programme rev3. Activons le double levier de massification : coopération & technologie ! Rien n’est impossible. C’est d’ailleurs la première chose que cette crise nous a apprise.
En refusant tout retour à « l’anormal », notre monde post-Covid sonne l’urgence d’une relance verte et sacre la revanche du local sur nos systèmes centralisés. L’avenir est aux territoires « sans les murs ». Des territoires ouverts, pleinement connectés au progrès, entrepreneurs, audacieux et avant tout, visionnaires.
Jean-Pierre Letartre
Président du Réseau Alliances, organisateur du World Forum for a Responsible economy.
A propos de Jean-Pierre Letartre, du Réseau Alliances et du World Forum :
Ex-Président d’EY, Jean-Pierre Letartre est président du Réseau Alliances et du World Forum for a Responsible Economy, événement annuel mondial dédié à l’économie durable qui se tient à Lille depuis 15 ans.
Moteur de l’innovation des entreprises, sa programmation et la qualité de ses speakers nationaux et internationaux livrent une vision à la fois prospective de l’économie de demain et les clés pour transformer son modèle de manière plus durable. Catalyseur, accélérateur de coopérations et vitrine de projets structurants, le World Forum, est le lieu où se concrétise les grands projets parmi lesquels :
• Avec Rev3, les Hauts-de-France deviennent territoire pilote des mutations économiques sous l’impulsion de Jérémy Rifkin en 2012
• Le lancement de SoBizHub en 2014 a ancré le territoire dans la dynamique mondiale du Social Business grâce à Muhammad Yunus
• En 2018, avec B Corp en région, l’événement place le Réseau Alliances en relai pour les entreprises régionales et les accompagne vers une économie responsable
Le Réseau Alliances, organisateur du World Forum, est le 1er réseau régional d’entreprises expert en RSE. Fort de ses 350 adhérents et partenaires, il accompagne les entreprises au quotidien dans leur transition et développe des communautés de pratiques autour des achats responsables, de la diversité en entreprise, de l’économie de la fonctionnalité et de la coopération, de la mobilité durable et du social business.
[1] Baromètre « entreprise responsable » d’Ekodev, réalisé en 2020
[2] étude menée par Forrester Research en août 2021