Difficile de faire simple. Soyons franc : qui lit attentivement les notices pliées au fond des boîtes de médicaments ? Leur longueur et leur complexité ont de quoi rebuter même les plus hypocondriaques d’entre nous. Nous sommes pourtant de plus en plus nombreux à vouloir être des consommateurs avertis. D’où proviennent les vêtements que nous achetons ? Quelles sont leurs matières premières et dans quelles conditions ont-ils été fabriqués ? Que mangeons-nous ? Dans les grandes surfaces, des millions de clients consultent les étiquetages des aliments proposés dans les rayons. Nutriscore, Bien-Être Animal… Les plus connectés utilisent Yuka. Le succès de cette application, qui décrypte les étiquettes des produits alimentaires et cosmétiques afin d’analyser leur impact sur la santé et qui a déjà séduit près de 25,8 millions d’utilisateurs, a inspiré Clément Goehrs et ses deux associés Louis Létinier et Bruno Thiao-Layel.
Les trois hommes ont créé en 2017 Synapse Medicine. Cette plateforme, qui emploie aujourd’hui 55 salariés à Bordeaux, permet aux professionnels de la santé d’accéder facilement à de l’information sur les médicaments provenant uniquement de sources officielles et 100% indépendantes. En France, plus de 30.000 médicaments contenant plus de 8000 molécules sont en vente. « Les médecins et les pharmaciens ne sont pas des ordinateurs sur patte, résume Clément Goehrs qui est lui-même docteur de formation. Notre objectif est de leur fournir au bon moment les informations dont ils ont besoin et de la manière la plus ergonomique possible. » Quatre ans à peine après son lancement, Synapse Medicine est déjà utilisé par plus de 30.000 professionnels de la santé principalement en France mais aussi au Royaume-Uni, en Allemagne et bientôt au Japon.
Une chose après l’autre
« Depuis notre création, nous voulions créer un outil destiné aux particuliers, souligne Clément Goehrs, mais comme nous souhaitions faire les choses dans le bon ordre, nous avons décidé de nous concentrer dans un premier temps sur les professionnels car nous savions que cette expérience allait nous servir pour proposer une application destinée au grand public. » Faire simple n’est en effet pas aisé. « Nous avons répliqué le modèle de Yuka dans la santé, avoue le co-fondateur de la start-up qui a tout juste 33 ans. Sur notre app baptisée Goodmed, il vous suffit de rentrer quelques données comme vos éventuelles allergies et les traitements que vous prenez et il vous suffit ensuite de scanner un médicament pour savoir si vous pouvez le prendre ou non. Ces informations sont très importantes notamment pour les femmes enceintes et les personnes souffrant de maladie chronique. »
L’automédication tue
Chaque année, entre 10.000 et 30.000 décès sont attribuables à un mauvais usage des médicaments. 85.000 à 180.000 hospitalisations seraient liées tous les ans à des effets indésirables médicamenteux (EIM), provoquant un surcoût annuel évitable de 1,2 milliard d’euros. Goodmed représente donc bien plus qu’une simple app qui vous permettra d’analyser vos ordonnances, de consulter la notice d’un médicament ou de savoir si vous devez prendre tel cachet plutôt qu’un autre. Elle devrait en effet éviter des accidents et des surdosages médicamenteux. Les assureurs ne s’y sont d’ailleurs pas trompé.
Les assureurs répondent présent
« Nous avons déjà signé des partenariats avec d’importants acteurs de la santé comme la Matmut, révèle Clément Goehrs. Dès la mise en ligne de l’application au mois de janvier, nous devrions avoir plusieurs centaines de milliers d’utilisateurs très rapidement. Notre app sera en effet gratuite. Une version premium facturée 5,90 euros par mois permettra de créer plusieurs profils afin d’avoir les membres d’une même famille sur un compte unique mais de nombreuses assurances paieront cette surcharge pour leurs clients. » Vous vous sentez patraque ? Sortez votre smartphone…