C’est souvent dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes. Pour relancer ses activités dans le commerce traditionnel qui peinent -c’est le moins que l’on puisse dire- à décoller, Amazon va utiliser une des plus anciennes ficelles du métier pour dégager des recettes supplémentaires : la réclame.
des clients submergés par les pubs numériques en magasin
Selon des informations confidentielles publiées par Business Insider, le géant de l’e-commerce prévoit de vendre des panneaux publicitaires numériques dans ses magasins à partir du second trimestre. Dans les toutes prochaines semaines, les clients du groupe vont ainsi être submergés d’annonces promotionnelles durant leur shopping. Chouette ! Des publicités personnalisées seront diffusées sur leurs chariots intelligents,que l’enseigne appelle Dash Carts. Les vitres fumées des réfrigérateurs se transformeront, eux, en écrans géants. La chaîne américaine Walgreens teste déjà cette technologie dans 2500 de ses magasins aux Etats-Unis après la signature d’un accord avec la start-up Cooler Screens qui a levé 100 millions de dollars pour financer sa croissance.
Un choix de raison
En décidant de faire entrer la pub dans ses supermarchés, Amazon semble avoir choisi la raison plutôt que le cœur. Cette stratégie vise en effet à aider financièrement les boutiques « en dur » du groupe qui peinent à dégager des bénéfices. « Les gammes de magasins comme Amazon Fresh ont des modèles commerciaux et des plans d’expansion qui dépendent de la contribution significative de la publicité à leur rentabilité financière », reconnaît le rapport dévoilé par Business Insider. La multinationale fondée par Jeff Bezos découvre en effet que le commerce « physique » n’est pas aussi rentable qu’il le pensait et que son immense savoir-faire dans l’e-commerce ne l’aide pas vraiment à concurrencer les enseignes spécialisées dans le « brick & mortar ».
L’agence Reuters a ainsi révélé, le 2 mars, qu’Amazon allait fermer les 68 librairies, magasins éphémères et boutiques 4-Star qu’il possède aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Ses magasins « en dur » ne généraient que 3% des 137,4 milliards de dollars de ses revenus totaux enregistrés au quatrième trimestre 2021. L’immense majorité de ce « modeste » chiffre d’affaires provient des ventes de ses 511 supermarchés bio Whole Foods Market qu’il a racheté en 2017 pour la « modique » somme de 13,7 milliards de dollars. Cette enseigne continue de se développer. Tout récemment, certains de ses magasins ont intégré les nouvelles technologies mises au points par sa maison-mère comme le Just Walk Out qui permet aux consommateurs de faire leurs courses sans passer par la caisse.
Le géant de Seattle croit également au potentiel de croissance de son enseigne de supermarché. Lancé en août 2020, Amazon Fresh compte 23 supermarchés aux Etats-Unis. Deux douzaines de points de vente supplémentaires sont en construction et plusieurs dizaines de grandes surfaces supplémentaires devraient être inaugurées dans les trois prochaines années. Cette chaîne s’est également implantée en Grande-Bretagne en mars 2021. En à peine neuf mois, le groupe avait déjà ouvert 15 supermarchés à Londres. « Last but not least », Amazon compte inaugurer avant la fin de l’année une toute nouvelle enseigne baptisée Amazon Fashion. Avec une superficie légèrement inférieure à 3000m2, son tout premier magasin, qui proposera des vêtements pour les femmes et les hommes ainsi que des chaussures et des accessoires, se situera dans le centre-commercial The Americana at Brand à Glendale en Californie qui abrite déjà de nombreuses marques de renom dont Apple, Barnes & Noble, H&M, Nespresso, Nike, Sephora, Tesla et Urban Outfitters. L’histoire ne dit pas si les acheteurs de cette boutique seront harcelés par les publicités lorsqu’ils se promèneront dans les rayons…
Smart Signage
Faire entrer le Smart Signage dans les magasins ne manque pas de logique car cette stratégie peut rapporter aux gros distributeurs. 66% des personnes interrogées déclarent en effet attendre de leurs enseignes favorites davantage d’informations sur les promotions et 57% souhaitent disposer d’offres personnalisées. 38% du panel questionné dans le 3ème Baromètre Smart Retail de Samsung affirme que la présence de dispositifs digitaux les inciterait à se rendre plus souvent en magasin. Cette proportion atteint même 57% chez les 18-34 ans. Les retailers ont bien conscience de cette évolution de la demande puisque plus des trois-quarts d’entre eux (78%) jugent que les dispositifs digitaux ont un impact positif sur leur image. Pourtant, à peine plus de la moitié des enseignes (55%) sont équipées d’écrans d’affichage et seulement 22% diffusent des contenus programmés qui changent selon l’heure de la journée et ils ne sont pas plus nombreux (22%) à afficher des informations contextuelles liées à de la data.
Du contenu, encore du contenu…
Le Smart Signage n’est pas uniquement un superbe outil de communication mais aussi un véritable booster de vente. Dans sa concession de Manhattan à New York, Audi a enregistré une hausse de 20% des ventes d’options embarquées depuis l’installation de tablettes qui permettent aux clients de personnaliser le véhicule qu’ils sont en train de configurer et de visualiser immédiatement le résultat de leur projet. « Les retailers n’ont jamais eu autant besoin de communiquer en temps réel avec leurs clients, juge Benjamin Gauthier, le CEO de DynamicScreen,une solution qui permet de piloter en ligne des écrans à distance. Mais attention : les contenus diffusés dans les magasins doivent être pertinents et s’adapter à l’affluence dans le point de vente, à la météo du moment et aux stocks disponibles. » Amazon est prévenu…