La logique est souvent bonne conseillère. « L’idée à partir de laquelle est née Alchimie est relativement simple, résume Nicolas d’Hueppe. Durant mon expérience professionnelle, j’ai constaté à quel point le net et la consommation transterminale avaient révolutionné les secteurs du jeu et de la musique. Je me suis donc dit que ce phénomène allait également toucher la vidéo. Cela paraît comme une évidence aujourd’hui mais en 2015, cette idée était plutôt novatrice ». Cet ancien diplômé d’HEC Lausanne et de l’Université Paris Dauphine avait déjà une longue expérience lorsqu’il a décidé de se lancer dans l’entrepreneuriat
Entre 1998 à 2000, il a créé et dirigé le premier site de réservation en ligne du groupe Accor. En 2001, il prend la direction générale de Cellfish France, une société présente dans plus de dix pays spécialisée dans les applications de l’entertainment . En 2016, ce titulaire d’un MBA en entrepreneuriat de l’Université de Babson aux Etats-Unis se lance dans le grand bain et crée sa start-up.
Des contenus de niche
« Nous avons voulu saisir une opportunité de marché, reconnaît-il. A côté des monstres comme Netflix, Amazon et Canal, nous pensions qu’il y aurait une place pour une plateforme qui propose des contenus de niche. » Avant de se lancer, la jeune pousse devait résoudre trois problèmes de taille. Tout d’abord, trouver des contenus sans devoir les payer d’avance. Recruter des abonnés sans dépenser des sommes folles. Pour mémoire, –Netflix doit investir plusieurs centaines d’euros pour persuader un nouveau foyer de rejoindre sa plateforme-. Enfin, Alchimie devait convaincre des diffuseurs de proposer ses offres, sur leurs plateformes digitales. « Le plus dur a été de séduire les premiers ayant-droits mais lorsque les premiers nous ont rejoint, un phénomène de boule de neige s’est créé », se félicite Nicolas d’Hueppe.
Viacom, ZDF, Discovery, ORF, RTS et rtve travaillent avec la start-up
Aujourd’hui, plus de 300 producteurs de vidéo live et de VOD comme Viacom, ZDF, Discovery, ORF, RTS et rtve travaillent avec la start-up qui emploie 125 salariés -dont 90 au sein de son siège parisien-. Ses partenaires dans la diffusion dont –Movistar, Amazon Channels, 3, T Mobile, Vodafone, Swisscom et Samsung TV Plus– lui donnent accès à 170 millions d’abonnés potentiels. « Concernant la centaine de chaînes thématiques que nous avons déjà lancé, nous avons choisi de nous concentrer sur quelques verticales comme l’écologie et le développement durable, les sciences et le futur, le crime et la défense ainsi que les passions manuelles comme le jardinage », souligne Nicolas d’Hueppe qui a ouvert des bureaux en France, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Espagne et en Australie. Des personnalités ont créé leurs propres chaînes telles Enora Malagré et Jacques Attali. L’acteur Guillaume Canet soutient, pour sa part, Cultivons nous qui se défini comme « la chaine TV engagée du mieux manger ».
400 000 abonnés déjà
Aujourd’hui, Alchimie a déjà convaincu plus de 400.000 personnes à s’abonner à au moins une de ses chaînes. Le prix moyen des forfaits mensuels est de 3,99 euros. Un quart de cette somme est reversée aux ayant-droits et le reste est partagé à parts égales entre l’influenceur ou la marque et la start-up. Les partenaires diffuseurs prennent, quant à eux, une commission comprise entre 20% et 50% sur les montants des abonnements. « Nous sommes aujourd’hui toujours dans une phase de construction, résume l’entrepreneur. Nous souhaitons créer un effet de volume et compter 3 millions d’abonnés en 2024. C’est pour cette raison que nous avons racheté au mois de mars les actifs d’édition de TV4Entertainment car cela nous permettait de prendre pied sur le marché américain. Nous voulons séduire les anglophones, les hispanophones et les francophones, dans cet ordre, pour nous développer. » En 2019, Alchimie avait acquis TVPlayer, la plus grande plateforme OTT indépendante du Royaume-Uni. Viser en priorité les marchés ayant le plus d’abonnés potentiels ? Cette idée semble plutôt logique…