Alain Leboeuf (Vendée Globe) : « Son succès grandissant s’explique par la force de son concept simple et universel : un skipper, un bateau, et le globe à parcourir »

INfluencia : Le Vendée Globe connaît un succès grandissant, édition après édition. Comment expliquez-vous ce phénomène ?

Alain Leboeuf : Le succès grandissant du Vendée Globe s’explique par la force de son concept simple et universel : un skipper, un bateau, et le globe à parcourir. Mais au-delà de cette apparente simplicité, le Vendée Globe est bien plus qu’une course à la voile. C’est une aventure humaine hors du commun, où chaque skipper se retrouve en compétition non seulement avec les autres, mais aussi face aux éléments déchaînés et à ses propres limites. À chaque édition, les marins emportent avec eux une part de nos rêves par-delà les océans. Les valeurs profondes de la course – l’aventure, le partage, l’engagement et le dépassement de soi – résonnent fortement aujourd’hui et répondent aux aspirations profondes de la société. C’est cette combinaison unique qui fait du Vendée Globe un événement à part, qui séduit de plus en plus à chaque édition.

Le budget du Vendée Globe pour cette 10e édition s’élève à 21 millions d’euros, ce qui représente une augmentation par rapport à il y a quatre ans

IN. : Quel est le budget du Vendée Globe et comment a-t-il évolué par rapport à la dernière édition ?

A. L. : Le budget du Vendée Globe pour cette 10e édition s’élève à 21 millions d’euros, ce qui représente une augmentation par rapport à il y a quatre ans. Cette hausse reflète l’ampleur croissante de l’événement, qui attire de plus en plus de passionnés en France et à travers le monde. À chaque édition, la course se développe, la couverture médiatique internationale est plus forte et de nouvelles initiatives voient le jour. Nous continuons de compter sur nos partenaires historiques, le département de la Vendée, Sodebo, la ville des Sables d’Olonne et la région Pays de la Loire, qui nous soutiennent fidèlement. En parallèle, nous cherchons de nouveaux partenaires à chaque édition pour accompagner cette croissance et nous permettre de rendre l’événement encore plus ambitieux et toujours accessible à tous.

Les partenaires privés représentent 35% du budget

IN. : Quel est votre modèle de financement (aides publiques, sponsors, recettes…) ?

A. L. : Le modèle de financement du Vendée Globe repose sur plusieurs sources. Les partenaires privés représentent 35% du budget, tandis que les partenaires publics apportent 32% de la somme globale. Les recettes liées au village de départ (commercialisation des espaces) constituent 25% du financement. Les inscriptions des skippers représentent 4% des recettes, mais sont en fait redistribuées en Prize Money, et enfin, 4% des recettes proviennent des produits dérivés et autres. Ce modèle diversifié permet de garantir la stabilité et la pérennité de l’événement.

IN. : Quels sont les tickets d’entrée de vos différents sponsors et comment peuvent-ils profiter contractuellement de leur statut de sponsor ?

A. L. : Les tickets d’entrée des sponsors du Vendée Globe sont très variables. Sodebo, notre premier partenaire privé, investit 4,3 millions d’euros pour cette édition. Depuis le début de ce partenariat en 2004, ils estiment à 120 millions d’euros de retombées, dont 33 millions sur la dernière édition. Mais il existe plusieurs rangs de partenariats, avec des contreparties différentes. Nous avons aussi créé le Club Vendée Globe, qui réunit des entreprises de tailles diverses souhaitant vivre l’aventure, partager des valeurs d’engagement et de solidarité tout en tissant des liens professionnels solides.

Le Vendée Globe se positionne comme l’un des grands événements sportifs français, au même titre que le Tour de France ou Roland Garros

IN. : Comment parvenez-vous à monétiser votre événement ?

A. L. : Le Vendée Globe se positionne comme l’un des grands événements sportifs français, au même titre que le Tour de France ou Roland Garros. En 2020, 66,7% des Français ont suivi la course, soit une augmentation de 14,7 points par rapport à 2016. La notoriété du Vendée Globe a atteint un niveau record, avec 95,6% des Français en ayant entendu parler, en hausse de 8,6 points depuis 2016. En termes de monétisation, les retombées de la dernière édition se chiffraient à 373 millions d’euros d’équivalent publicitaire. L’événement a été diffusé sur 190 territoires, représentant 2 345 heures de diffusion et 243 900 sujets tous médias confondus. Pour le Département de la Vendée, les retombées directes en 2016 (l’édition 2020 étant particulière d’un point de vue village, à cause du Covid) étaient de 15 millions d’euros.

IN. : Comment fonctionne votre modèle de village d’accueil ?

A. L. : Notre village est conçu pour offrir une expérience unique aux visiteurs. Nous gérons l’ensemble de la commercialisation et l’animation de cet espace de 30.000 m², totalement gratuit, qui attire plus d’un million de visiteurs. Pendant trois semaines avant le départ, l’événement est une immense fête populaire, attirant tous les publics. Les visiteurs peuvent admirer les bateaux et rencontrer les skippers tout en profitant des nombreuses animations. Afin d’améliorer l’expérience des visiteurs et rendre leur visite encore plus fluide et agréable, une billetterie entièrement gratuite et accessible à tous a été mise en place comme en 2020. L’imposante muséographie de 1 200 m² du Département de la Vendée permet de s’immerger totalement dans l’ambiance du Vendée Globe, en découvrant l’histoire de la course, les skippers, le parcours et les bateaux. Ce modèle permet non seulement de célébrer le sport mais aussi de rassembler la communauté autour de valeurs de partage et d’engagement.

Pour l’édition en 2024, nous travaillons étroitement avec TikTok pour activer cette plateforme

IN. : Vous produisez les images que vous diffusez. Quels sont les moyens humains et financiers de votre société de production et monétisez-vous ses contenus ?

A. L. : La communication représente 32% des dépenses du budget de l’événement. Ce qu’il faut surtout noter, c’est que le Vendée Globe est un événement unique qui se distingue d’un match dans un stade. Nous produisons le signal de départ de la course, qui est diffusé par plus de 40 chaînes à travers le monde. Une fois la course lancée, nous exploitons les images transmises par les skippers via des liaisons satellites. Contrairement à un match, où les images sont captées en direct, notre rôle consiste à donner forme aux contenus bruts pour raconter les histoires des marins de manière engageante. Grâce aux avancées technologiques, nous pouvons même organiser des visioconférences avec les marins, même lorsqu’ils se trouvent au milieu de l’océan Pacifique. À l’arrivée, nous célébrons l’exploit des marins. Le Vendée Globe a toujours été précurseur en matière de communication et aspire à rester un modèle dans l’écosystème de la course au large. afin de toucher un public encore plus large.

IN. : Quelle est votre politique en matière de RSE ?

A. L. : En tant qu’événement sportif de renommée internationale, le Vendée Globe agit pour limiter son impact sur l’environnement et sensibilise le grand public à l’urgence de protéger l’océan et la planète. Pour cela, la démarche environnementale du Vendée Globe se construit sur quatre piliers : anticiper, réduire, inspirer et bâtir un héritage positif. L’événement agit pour éviter les émissions et définir une stratégie de réduction efficace. Nous mesurons nos émissions carbones en réalisant des bilans carbones prospectif et réel afin de construire une stratégie de réduction efficace et ambitieuse. Nous impliquons notre écosystème par l’intégration de clauses responsables dans nos appels d’offre et dans la charte exposants. Nous réduisons l’empreinte carbone de l’événement en agissant notamment sur la partie transport, les déplacements étant responsables de 63% de nos émissions. Pour cela nous construisons avec nos partenaires un plan de mobilité douce pour rejoindre le village de l’évènement. Nous le repensons pour gérer les déchets de manière responsable, promouvoir une alimentation durable, gérer l’eau et l’énergie de manière responsable.

Nous souhaitons aussi être porteurs de messages forts auprès du grand public en l’inspirant. La puissance médiatique du Vendée Globe nous permet de sensibiliser les plus de deux millions de visiteurs sur le village de la course ainsi que les communautés de fans aux enjeux de protection de l’océan et de la planète et notamment auprès des jeunes publics avec le Vendée Globe junior. Nous relayons le contenu de nos partenaires scientifiques et des acteurs porteurs d’initiatives positives sur le village et tout au long de la course sur nos canaux de communication. Nous avons dévoilé notre feuille de route responsable lors de notre conférence de presse en février 2024 à la maison de l’UNESCO, découpée en 10 engagements, détaillés dans l’annexe environnementale du dossier de presse.