INfluencia: quelle(s) tendance(s) émerge(nt) de votre palmarès ?
Anaira Ipas : pour ce qui est de la tendance, il y a plusieurs choses. D’abord, le nombre de projets présentés. Avec 31 campagnes présélectionnées, la catégorie Podcast est de plus en plus conséquente. Et parmi ces projets, la diversité de propositions, de plus en plus large. La tendance principale cette année concerne le type de contenus qui nous ont surpris et ont parfois été une découverte pour certains membres du jury.
IN. : les différences avec le précédent palmarès?
A.I. : dans l’édition précédente, le podcast était un format plutôt conversationnel, court, souvent lié à l’intime et au partage d’expérience. Cette année, et on le voit dans le palmarès, nous avons à faire à de vraies productions qui se rapprochent de l’audiovisuel dans la conception narrative. Des dispositifs sonores réellement mis au profit du récit… Nous avons donc été amenés à juger un éventail très large de typologies de contenus, du podcast classique de type conversationnel classique à ces grosses productions que l’on retrouve aussi bien dans le podcast de contenu que dans le podcast brand.
IN. : comment « classer » du coup ces différences sensibles?
A.I. : nous avons jugé indifféremment les deux typologies de contenus mais l’émergence de ces formats a suscité beaucoup de débats au sein du jury sur la définition même du podcast, et sur ce qu’est la fiction audio. Comment écrit-on? Qu’est-ce que l’on propose? En quoi est-telle différente de la fiction écrite ou audiovisuelle ? Ces échanges sont très inspirants pour les types de contenus qu’Audible propose, mais aussi pour la partie brands qui a, à sa disposition, des outils de story-telling et de sound design pour créer de vraies histoires de marques et aller plus loin.
IN. : L’intime, la confidence sont-t-ils toujours de mise dans cette récolte?
A.I. : Le fil rouge du palmarès, c’est la place du son que les lauréats ont mis au cœur du dispositif. Certains projets primés en Rouge auraient été très différents dans un autre format et n’auraient probablement pas pu rentrer autant dans l’intime par exemple. Le son permet de s’immiscer dans des univers soit très intimes, soit très sensibles, ou émotionnels. Il se substitue à des images qui pourraient déranger. En mettant le son au centre, nous touchons les cordes sensibles, on peut tout dire. D’ailleurs, lorsque l’on réalise un podcast, il faut avoir à l’esprit qu’il ne peut exister que dans ce format. Le son ne doit jamais être un prétexte. C’est le bon outil ou non.
IN. : vous êtes souvent sollicités pour des travaux de commande , la fameuse addition art and commerce? Est-ce facile en matière de podcast?
A.I. : disons, que les marques font chaque fois plus au confiance au podcast. Les annonceurs qui sont aussi des humains avec une sensibilité, trouvent là des moyens de commmunqiuer qu’ils n’avaient pas à disposition auparavant. Ce pouvoir de toucher le public, de l’amener à un état est assez unique.
IN. Quel est le « bémol » du podcast?
A.I. : la musique reste une immense contrainte. L’économie du podcast ne permet pas de faire des synchronisations, d’acheter des musiques existantes, etc. En revanche, il permet avec une liberté inégalée d’envisager des projets qui seraient irréalisables dans d’autres formats à l’instar des reconstitutions historiques, par exemple. Concernant le contenu lui-même, je ne vois pas de contrainte majeure. Nos commanditaires ne nous imposent pas des cahiers de charges inaccessibles, il y a peu de contrainte créative. Ce qui est somme toute assez normal, nous sommes au début de l’aventure, nous pouvons aller vers des projets inédits, monter des prototypes, découvrir, tester, s’amuser sur tous les formats et voir quels sont ceux que les éditeurs vont s’approprier, plébisciter, etc. Le champ des possibles est infini !
IN. : quel conseil donneriez-vous à un jeune qui voudrait se lancer dans l’aventure du podcast?
A.I. : comme je le disais plus haut, ne pas tricher et choisir le podcast comme un prétexte pour raconter une histoire. Maitriser le travail d’écriture et de scénarisation, indispensables ingrédients pour ne pas perdre l’auditeur. L’écriture audio existe, elle s’apprend. Enfin, il ne faut pas hésiter à débrider son ton. On peut raconter énormément de choses en audio. La liberté de ton, sa personnalité ajoutera à l’authenticité du propos. Cela peut paraître idiot, mais il ne faut pas hésiter à « écrire à haute voix », c’est-à-dire à se relire à haute voix. L’oralité est importante pour évaluer immédiatement si un texte fonctionne ou pas. Et comme dans tous les métiers, il faut être convaincu de son projet, de sa légitimité à le porter et savoir pourquoi on le fait.