ACPM : la presse quotidienne confirme sa dynamique en 2024
La diffusion de la presse et la fréquentation des sites et applis de presse ont à nouveau connu des évolutions contraires en 2024, selon les résultats des déclarations sur l’honneur publiées par l’ACPM. Détail sur les tendances d’un marché qui poursuit sa transformation.
Avec 2,6 milliards d’exemplaires diffusés en France en 2024, la presse reste en retrait de 1,8 % à périmètre constant sur le total presse – et de 1,6 % sur la presse grand public – mais pas moins de 7,1 millions d’exemplaires ont été diffusés chaque jour (contre 7,5 millions en 2023), selon les résultats des déclarations sur l’honneur (DSH) pour l’année 2024, publiés par l’ACPM jeudi 13 février 2025. « On constate un net ralentissement de la baisse de la diffusion et cela faisait bien longtemps que la décroissance n’avait pas été aussi faible », observe Jean-Paul Dietsch, directeur général adjoint de l’ACPM. En 2023, la diffusion France était par exemple en recul de 4,6 % à 2,7 milliards d’exemplaires. Effet conjoncturel ou structurel ? « L’actualité riche a beaucoup profité aux quotidiens et aux titres d’info. Le tournant du numérique tend à devenir monnaie courante et une offre envisageable par l’ensemble des lecteurs et permet de consolider un niveau de diffusion global, puisque les diffusions numériques continuent de progresser fortement », ajoute-t-il. En 2024, elles représentaient 27 % de la diffusion France payée (+ 3 points en un an), contre 44 % pour les abonnements et le portage (-2 points) et 22 % pour la vente au numéro (-1 point).
Les sites et applis de presse ont cumulé 28,3 milliards de visites tous supports confondus (+9,6 % en un an), dont 24,7 milliards en mobilité. Rapportée à une journée, cette fréquentation représente 78 millions de visites (+3 millions en un an).
PQN : rien n’arrête la croissance du Monde…
La diffusion France payée (DFP) de tous les quotidiens nationaux est en hausse, à l’exception de La Croix (-0,8 % à 81 113 ex.), dont la diffusion se fait essentiellement par abonnement et qui profite moins de la dynamique du digital. Beaucoup de diffusions ont monté d’une marche en mai, mais surtout en juin au moment de l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale.
Le Monde, dont la DFP avait frôlé les 500 000 exemplaires en 2023 avant de les dépasser systématiquement au premier semestre 2024, clôture l’année en forte hausse : +8,16 % à 528 709 ex. A l’exception d’une quasi-stabilité en août, la diffusion du quotidien n’a cessé de progresser d’un mois sur l’autre tout au long de 2024 pour atteindre même 549 429 ex. en décembre. La diffusion reste très majoritairement portée par les versions numériques, qui comptent pour 444 601 ex. (+11,11 %) dans la diffusion de l’année.
Deuxième quotidien national le plus diffusé, Le Figaro est aussi en croissance (+3,15 %) à 365 848 ex., dont 241 833 versions numériques (+9,9 %). Libération consolide ses positions au-dessus des 100 000 ex., sa DFP passant à 110 271 ex. (+10,01 %), dont 71 972 versions numériques (+18,1 %). L’Equipe accélère en année olympique avec une DFP à 226 518 ex. (+3,73 % en 2024 vs +1,39 % en 2023), dont 170 892 versions numériques (+14,3 %). L’Humanité est à 38 006 ex. (+5,56 %), dont 18 100 versions numériques (+21,7 %). Bien qu’en hausse plus faible (+0,61 %), Les Echossont 140 171 ex. de DFP, dont 80 912 versions numériques (+6,9 %).
Interrogations autour de la vente au numéro de la PQN…
Compte tenu des modes de consommation de la presse quotidienne nationale, la vente du numéro ne constitue plus qu’une part très minoritaire de la diffusion de cette famille de presse : encore 50 242 ex. à l’échelle nationale pour L’Equipe, mais seulement 21 232 ex. pour Le Figaro, 19 576 ex. pour Le Monde, 7 480 ex. pour Libération, 4 364 ex. pour Les Echos, 3114 ex. pour L’Humanité et 1 645 ex. pour La Croix. Face à ces chiffres, qui ne cessent de baisser d’année en année, certains s’interrogent sur la nécessité – et la viabilité économique – de maintenir ce mode de diffusion… « Les réflexions sont inévitables pour des éditeurs en quête d’économies et de rentabilité mais, quel que soit le niveau de diffusion, le papier reste le support avec la plus forte influence et le plus recherché des annonceurs », note Jean-Paul Dietsch. Il rappelle à quel point les supports print et digitaux sont, à date, encore plus que complémentaires : « Plus les sites sont forts et plus l’actualité relayée sur un site de presse est forte, plus le lecteur a envie d’acheter un numéro papier. »
Hors de cette famille, certains titres ont décidé d’arrêter le papier. C’est notamment le cas de 20 Minutes, dont la diffusion contrôlée par l’ACPM était en moyenne de 769 074 ex. sur la période janvier-juillet 2024, ou encore de Phosphore, pour lequel Bayard a opté pour une diffusion exclusivement numérique au début de 2025.
Ouest-France toujours premier quotidien de France mais jusqu’à quand ?
La situation est plus contrastée pour la presse quotidienne régionale, dont la quasi-totalité des titres sont en retrait. De ce point de vue, Le Parisien fait figure d’exception avec une hausse de sa DFP de 1,23 % à 190 428 ex. (dont 111 221 versions numériques). Ouest-France reste encore assez largement premier quotidien de France mais sa DFP, en baisse contenue de 1,8 %, est passée l’an dernier sous la barre des 600 000 ex. à 591 475 ex., dont 125 388 versions numériques (+2,1 %). En décembre 2024, seuls quelque 40 000 exemplaires séparaient sa DFP de celle du Monde… Parmi les autres titres les plus diffusés figurent Sud-Ouest (-6,2 % à 177 372 ex.), Le Télégramme (-1,66 % à 161 277 ex.) ou encore La Voix du Nord (-4 % à 156 620 ex.).
Le dimanche : rebond en trompe l’oeil pour le JDD
Les DSH 2024 sont aussi l’occasion de voir les performances de la presse du dimanche, qui a été très challengée depuis la mi-2023. La Tribune Dimanche, lancé en octobre 2023, clôt sa première année pleine avec une DFP de 47 366 ex. (dont 21 446 versions numériques). Le Journal du Dimanche s’inscrit certes en hausse de 7,52 % à 111 496 ex. mais ce rebond ne parvient pas à gommer la forte baisse de l’année précédente, marquée par une non-parution de plus d’un mois. En 2023, la DFP s’était établie à 103 696 ex., très en dessous des 131 770 ex. de 2022. Son supplément magazine JD News, lancé en octobre 2024 et également vendu en stand alone, affiche des premiers chiffres à 146 095 ex. Ce jour de la semaine reste aussi porteur de fortes ventes pour Le Parisien Dimanche (+2,96 % à 165 131 ex.) ou encore L’Equipe Dimanche (+1,96 % à 226 604 ex.).
Quelques pépites dans une presse mag en baisse
Toutes les familles de presse ne peuvent pas se targuer de la même dynamique, notamment la presse magazine qui a connu une année compliquée avec une diffusion en baisse de 4 % sur un an. Même la fréquentation de ses sites et applis est orientée à la baisse (-1,3 % à 24 millions de visites). Comme chaque année, certains titres font toutefois exceptions à la règle… Parmi les belles progressions de 2024, on peut signaler les performances de Saveurs (+10,7 % à 55 278 ex.), de Philosophie Magazine (+6,62 % à 35 029 ex.), mais aussi les remontadas d’Epsiloon (+13,9 % à 49 440 ex. de DFP qui parvient à dépasser de peu les 49 712 ex. de 2022), de Première (+8,45 % à 43 166 ex. encore loin des 52 901 ex. de 2022) ou So Foot (+7,39 % à 38 704 ex. contre 41 470 ex. en 2022).
Sur le segment de la mode premium, Harper’s Bazaar, lancé en février 2023, affiche une DFP 2024 de 57 440 ex., en hausse de 0,75 %, mais très loin des 104 523 ex. de décembre 2023, le titre s’étant recentré sur le papier et ayant diminué certaines diffusions numériques. L’arrivée de ce nouvel acteur n’a pas empêché Vogue de signer une excellente année à 84 745 ex. (+5,8 %), confirmant la tendance à la hausse de sa DFP depuis la période Covid.