Avec plus de 100 millions d’utilisateurs en deux mois, ChatGPT est l’application qui a connu la croissance la plus rapide de l’histoire. En comparaison, pour atteindre ce cap, il avait fallu 9 mois à TikTok et 4 ans et demi à Facebook… Pour OpenAI, créée en 2015, il s’agissait de la première application grand public : jusqu’alors, l’entreprise se consacrait à la R&D et à la conception d’algorithmes et d’outils pour les développeurs. Greg Brockman justifie ce pivot par une volonté d’éduquer le grand public à l’IA et “d’informer les gens pour qu’ils sachent ce qui est possible et ce qui ne l’est pas, ce à quoi le futur va ressembler”.
Démultiplier l’intelligence (humaine)
Le patron d’OpenAI considère en effet que l’intelligence artificielle va bousculer tous les secteurs et qu’il faut s’y préparer collectivement, au plus vite, “afin d’en tirer tous les avantages et trouver comment en atténuer les inconvénients.” Car si l’IA n’est pas un concept nouveau – les premières recherches sur le sujet remontent aux années 40 – tout s’accélère actuellement, et de façon exponentielle.
“C’est un peu comme si vous engagiez six assistants. Ils ne sont pas parfaits, ils ont besoin d’être formés un peu. Ils ne savent pas toujours exactement ce que vous voulez, mais ils sont très enthousiastes. Ils ne dorment jamais. Ils sont là pour vous aider,” décrit-il, en mettant en avant le potentiel de ChatGPT pour “augmenter” l’humain au quotidien. Avec un défi : “en faire un démultiplicateur d’intelligence” et non un outil qui limite nos capacités de réflexion, une préoccupation “qui [l’]empêche de dormir la nuit”.
“C’est important d’en parler”
Quid des droits d’auteur et du respect des artistes dont les œuvres ont été utilisées pour entraîner les algorithmes ? Interrogé plusieurs fois sur le sujet, Greg Brockman botte toujours en touche : “nous travaillons en étroite collaboration avec les décideurs politiques, et je pense qu’il s’agit d’un sujet très important. Je ne pense pas que nous ayons toutes les réponses, mais c’est vraiment important d’en parler.”
À plusieurs reprises, le président d’OpenAI se dit ainsi conscient des problèmes posés par l’IA, que ce soit en termes de biais, de menace pour les emplois ou de propriété intellectuelle. Mais il propose finalement assez peu de solutions, se bornant à rappeler que la “mission [d’OpenAI] est de construire une intelligence artificielle qui profite à l’ensemble de l’humanité”, tout en invitant les pouvoirs publics à mettre en place une régulation adaptée.
“Nous ne pouvons pas être les seuls à prendre ces décisions. Il faut que ce soit collectif” estime-t-il, en précisant qu’un travail sur la mise en place d’une “gouvernance mondiale” est en cours.
Dans une autre conférence à SXSW, la futurologue Amy Webb rappelait qu’en 2019, lors du lancement de GPT-2 (le prédécesseur de GPT-3, sur lequel est construit ChatGPT), OpenAI avait fait le choix de ne pas ouvrir son modèle, en raison des dangers qu’il pouvait représenter… Une préoccupation qui a manifestement fait long feu.