Un cadavre très exquis pour Renault signé Maud Robaglia (Head of Art, Publicis Conseil)

Quel rapport entre Paul Éluard, Lino Ventura, Jane Birkin, Joséphine Baker, Cut Killer, les Barbapapa, Claude Monet et Jamel Debbouze ? A priori aucun. Nous sommes d’accord. Sauf que. Dans l’esprit de Publicis Conseil et de ceux qui ont travaillé sur ce spot Renault, ces personnalités ont fait la France, créé ce je ne sais quoi de culturellement pop, qui fait son identité… Alors, on a très peur lorsque la voix de Mireille Mathieu démarre ce film en fanfare, « on se dit, mince, la pub nous fait encore le plan de la chanson française qui fait chialer« , mais non. Car, chez Publicis, on demande à Cut Killer de mixer, de scratcher sur platine, notre bonne vieille Mireille, et l’inénarrable Michel Polnareff en les juxtaposant à un montage qui nous dévisse bien la tête et devient très vite addictif.

Pas made in France, made of France

Made in France cette com? Pas que. Made of France, messieurs dames, parce que ce n’est pas seulement fabriqué ici, c’est l’esprit français qui bouscule et s’entête à nous donner des preuves en images, en musique, comme dans un collage mouvant que Renault c’est français jusqu’au bout des roues. Aux manettes, côté agence, une nouvelle venue, Maud Robaglia, Head of art chez Publicis Conseil , et Marco Venturelli, Président, en charge de la création, du groupe qui vient d’engager cette ex-freelance auquel une poignée d’agences  faisait appel pour réaliser des » mood boards » depuis 20 ans. Une jeune femme tout d’abord repérée par Anne de Maupeou (Marcel) qui lui confiait Le Manifesto des 60 ans de DS, en 2014…

C’est sa manière de construire des cadavres exquis grâce à une foultitude de supports qui retient très vite l’attention des patrons de création. De transformer des mood boards en mood vidéos, avec une agilité déconcertante. « Je n’aurais jamais imaginé qu’une agence me demande de la rejoindre, même si je savais que mon travail intéressait les créatifs« , explique celle qui vient également de publier un roman, Les fragiles.

Une chose est sûre, avec ce deuxième travail, -cette dernière a signé le film SNCF (ci-dessus) en juillet 2021, en tant que freelance-, Publicis Conseil engage une patte, une créative obsessionnelle qui apporte un style bien particulier. Ne serait-ce que par ce choix d’éviter une voix off de plus au bénéfice d’une suite de phrases, répliques, voix, comédiens, qui déclarent leur flamme à la France… « Un cadavre exquis, dont les images et la musique sont intimement liés, et le travail iconographique en amont très important, explique la jeune femme, par ailleurs, nous avons tourné les paysages et les façades des monuments qui sont devenus notre toile de fond sur laquelle nous avons appliqué ce qui nous paraissait le plus signifiant, tandis que  l’ouvrage sonore minutieux, habille sur mesure ce que l’on voit défiler à l’écran »,  ajoute-t-elle.

Seul hic? Cette France tout de même très parisienne…   au risque de susciter des critiques sur les réseaux sociaux. Mais chez Publicis on est confiant, « seules trois images représentent Paris, dont la fameuse Rue Le Pic, mythique et légitime pour la marque ». En décembre 1898 Louis Renault, parie en effet avec des amis que son prototype de voiturette Type A  parviendra à gravir l’une des rues les plus pentues de Paris à Montmartre. Le pionnier de l’électrique (Renault Zoe est sortie en 2012)  fait le pari de la France pour produire tous ses véhicules électriques à horizon 2025, et ce 60 secondes apporte une vraie plus-value au discours publicitaire actuel. Bonne route !

crédit photo de Une: Zacharie Ellia.