L’agglomération lyonnaise s’attaque frontalement à l’affichage extérieur …
La Métropole de Lyon a voté une nouvelle réglementation qui vient fortement entraver l’usage de la communication extérieure dans ses artères. Panneaux publicitaires classiques ou numériques, enseignes et bâches de chantier seront encadrés, voire supprimés dans l’espace public. Zoom sur les mesures à venir.
La prochaine fois que vous mettrez le nez dehors, prenez le temps de regarder autour de vous et de constater à quel point la communication extérieure est monnaie courante. Entre tous les panneaux d’affichages qui bordent les autoroutes et les affiches placardées sur les transports publics et les bâtiments en construction, il y a de quoi affirmer qu’elle est même devenue une composante essentielle du paysage urbain. Source d’information et support commercial, elle met en jeu un large panel d’acteurs, tant économiques que paysagistes, associatifs ou citoyens. À ce titre, elle ne laisse pas indifférent. Michel d’Ornano, ancien ministre de la culture et de la communication de Valérie Giscard d’Estaing, avait d’ailleurs commenté en son temps : « « La publicité ne sera définitivement accueillie, même si elle n’est qu’éphémère, qu’à partir du moment où elle sera intégrée à la ville… ».
Les recettes publicitaires nettes des médias s’élèvent à 15,9 milliards d’euros, fortement aidé par la publicité extérieure qui affiche une progression de 16,4% sur un an.
Plusieurs décennies plus tard, nous sommes en mesure d’affirmer que sa vision s’est concrétisée. La suite de sa déclaration beaucoup moins : « … Elle doit donc être attrayante et organisée au lieu d’être agressive et omniprésente ». C’est manqué. Les citadins sont aujourd’hui bombardés de publicités à tout bout de champ, et comme tant d’entreprises choisissent cette voie pour leurs efforts marketing, il est évident que la publicité extérieure reste incroyablement efficace, même post covid. Selon le BUMP —Baromètre Unifié du Marché Publicitaire publié en mars dernier, l’année 2021 confirme la belle reprise du marché publicitaire. Les recettes publicitaires nettes des médias s’élèvent à 15,9 milliards d’euros, fortement aidé par la publicité extérieure qui affiche une progression de 16,4% sur un an. Mais ce qui est favorable aux annonceurs est loin de l’être pour les citoyens qui nous sommes.
Lyon l’avant gardiste
Le Conseil de la métropole de Lyon a voté la semaine dernière un nouveau projet de RLP — Règlement Local de la Publicité — dont l’objectif est de limiter l’affichage dans les rues des 59 communes de l’agglomération. Lancé sous la précédente mandature, il a depuis fait l’objet d’une grande concertation auprès des habitants et des professionnels du secteur. Pour Bruno Bernard, président de la Métropole du Grand Lyon : « Réduire la présence de la publicité, c’est permettre à tous les grands lyonnais de bénéficier d’un cadre de vie apaisé et d’un environnement préservé ». Pragmatique… mais pas vraiment. L’opposition regrette une certaine perte de temps, car dès 2017 le projet avait déjà été concerté. Eric Vergiat, conseiller métropolitain groupe d’opposition Synergies, explique ainsi que Bruno Bernard a « choisi de reprendre la plus grande partie de la procédure pour répondre aux exigences de sa majorité… dommage d’avoir préféré une démarche politicienne à une démarche pragmatique ».
Cet ambitieux projet devra désormais être soumis à une enquête publique auprès des citoyens de la Métropole pour un vote définitif prévu l’année prochaine. À tous les lyonnais qui nous lisent, ne soyez pas pressés car la mise en place — progressive, comme nous allons le voir — de ces dispositions pourrait durer jusqu’en 2028. Doucement mais surement, les panneaux numériques, les bâches publicitaires géantes sur les bâtiments en travaux, les enseignes lumineuses — entre minuit et 6 heures du matin — et les enseignes lumineuses en toiture seront ainsi retirés de la circulation lyonnaise. Mais ce n’est pas tout, le nombre de panneaux publicitaires et leurs tailles seront également réduits à 4m2 maximum et la protection sera accentuée autour de plus de 95% des établissements scolaires du territoire. SYTRAL Mobilités — l’autorité organisatrice des mobilités des territoires lyonnais — a également annoncé qu’elle allait interdire les écrans digitaux dans le métro lyonnais.
Des avis mitigés
Lors des concertations, le projet a tout de même laissé un goût amer à plusieurs maires de la Métropole. Lors de son passage, en avril dernier, devant les conseils municipaux des 59 communes de la collectivité, 10 communes avaient par exemple rendu un avis négatif, entraînant automatiquement un retour du projet devant les élus et l’organisation d’un nouveau vote. Pas de quoi refroidir Philippe Guelpa-Bonaro, Vice-président de la Métropole, qui a affirmé lors du vote final de lundi dernier que ce projet était « le fruit d’une intelligence commune avec toutes les communes, sur la base du bon travail réalisé sous la précédente mandature ». Du côté des associations, au moins, les sentiments sont beaucoup plus clairs. Le collectif Lyonnais anti-pub Plein la vuequi lutte pour une « forte diminution de la pression publicitaire dans la Métropole de Lyon » félicite par exemple la Métropole. Elle évoque dans un tweet publié le 27 juin dernier un véritable « coup de frein spectaculaire aux abus publicitaires et à ses aberrations environnementales ». Ce qui est bon pour l’un.e ne l’est définitivement pas pour l’autre.
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