20 juin 2022

Temps de lecture : 3 min

David Khuat-Duy (Ivalua) : «Depuis la création, nous avons levé 130 millions de dollars mais le management contrôle toujours la majorité du capital».

Ivalua a attendu 19 longues années avant de devenir une licorne. Cette société spécialisée dans les logiciels BtoB grignote aujourd'hui des parts de marchés aux géants Oracle et SAP. Son fondateur et CEO, David Khuat-Duy, ne compte pas s'arrêter en si bon chemin...  

Notre stratégie est de croître année après année sans brûler beaucoup de cash et de nous asseoir sur des bases solides.

INfluencia : la société que vous avez fondée en 2000 a mis du temps à prendre son envol puisque vous êtes devenu licorne seulement en 2019. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?

David Khuat-Duy : nous avons toujours eu pour particularité d’enregistrer une croissance régulière tout en restant rentable. Notre stratégie est de croître année après année sans brûler beaucoup de cash et de nous asseoir sur des bases solides. C’est pour cette raison que nous avons attendu 2011 pour organiser notre première levée de fonds qui atteignait tout juste 3 millions de dollars. Depuis notre création, nous avons levée 130 millions de dollars auprès d’investisseurs mais le management contrôle toujours la majorité du capital. C’est un avantage car nous pouvons ainsi prendre notre temps et nous assurer d’enregistrer une croissance sur le long terme. Ces dernières années, nos revenus progresse en moyenne de 30% par an.

IN : pourquoi avez-vous choisi de proposer une solution SaaS alors que le marché des logiciels BtoB est contrôlé par des géants comme Oracle et SAP ?

D.K.-D. : les solutions proposées au début des années 2000 étaient très centrées autour de la comptabilité interne dans les entreprises. Notre logiciel était, lui, tourné vers l’extérieur car il permettait de tisser des liens entre les clients et leurs fournisseurs. Notre positionnement était donc clairement différent et nous avons aussi fait le choix de proposer uniquement des solutions de gestion des achats alors que les grands groupes de notre secteur proposent des suites nettement plus transversales.

Aujourd’hui, l’Amérique du Nord représente 50% de notre chiffre d’affaires qui a atteint 130 millions de dollars l’an dernier

IN : les sociétés ne recherchent-elles pas justement des solutions globales plutôt que de multiplier les logiciels qui ne communiquent toujours pas très bien les uns avec les autres ?

D.K.-D. : de nombreux groupes réalisent aujourd’hui qu’une solution unique peut vite se transformer en un mastodonte qui crée beaucoup de rigidité et de complexité. C’est cette prise de conscience qui explique le succès de Salesforce qui propose des logiciels spécialisés dans la gestion de la relation client.

IN : qui sont vos clients justement ?

D.K.-D. : principalement des grands groupes. Durant nos dix premières années d’existence, nous nous sommes concentrés sur les sociétés du CAC 40. Nous travaillons toujours avec certaines d’entre elles dont Vinci, Veolia, Capgemini, Michelin, Stellantis, LVMH et Orange. Nous avons aussi très rapidement cherché à nous développer à l’international. Je me suis installé pour cela aux Etats-Unis en 2013 et j’y suis resté pendant huit ans. Aujourd’hui, l’Amérique du Nord représente 50% de notre chiffre d’affaires qui a atteint 130 millions de dollars l’an dernier. L’Europe génère un peu plus de 40% de nos revenus et l’Asie-Pacifique un peu moins de 10%. Nous avons aujourd’hui 16 bureaux dans une dizaine de pays et nous employons 750 personnes.

Ce statut de Licorne  permet toutefois de mieux faire connaître notre marque et d’attirer plus facilement des talents. Nous comptons recruter 300 personnes cette année.

IN : Le Covid a-t-il eu un impact sur vos activités ?

D.K.-D. : certaines entreprises ont ralenti ou retardé leurs investissements durant la crise sanitaire mais l’essor du télétravail a également encouragé de nombreuses sociétés à accélérer leur numérisation et la gestion des achats fait partie des logiciels critiques qu’il faut avoir.

IN : le fait de devenir licorne en 2019 a-t-il eu un impact sur vos activités ?

D.K.-D. : pas réellement. Ce statut permet toutefois de mieux faire connaître notre marque et d’attirer plus facilement des talents. C’est important pour nous car nous comptons recruter 300 personnes cette année.

Nous sommes rentables et nous n’avons pas besoin de lever de nouveaux fonds.Notre leitmotiv? enregistrer une croissance constante…

IN : Comptez-vous vous diversifier dans les années à venir ?

D.K.-D. : nous n’avons pas besoin de nous diversifier car nous sommes présents sur un marché de plusieurs milliards de dollars et nos principaux concurrents sont plus gros que nous.

IN : des acquisitions ne vous permettraient-elles pas de croître plus rapidement ?

D.K.-D. : La croissance externe ne fait pas partie de nos objectifs même si nous ne fermons pas la porte à d’éventuelles opportunités de rachat si une belle occasion se présentait comme cela a déjà été le cas en 2017 lorsque nous avons repris Directworks. Nous sommes rentables et nous n’avons pas besoin de lever de nouveaux fonds. Notre volonté est toujours d’enregistrer une croissance constante. Cela reste notre leitmotiv.

En savoir plus

Dans son  dans son rapport Global Fintech, le cabinet américain spécialisé CB Insights faisait apparaître l’entreprise tricolore dans sa sélection des 58 Fintech dans le monde valorisées plus d’un milliard de dollars et non cotées en Bourse en 2019. L’entreprise dirigée et fondée par David Khuat-Duy il y a 20 ans, s’est positionnée sur un marché B2B, et plus particulièrement sur celui des grandes entreprises. Elle a récemment gagné en visibilité lors d’une levée de fonds de 60 millions de dollars la valorisant 1,1 milliard de dollars, puis en rejoignant le Next 40, une liste concoctée par le gouvernement pour propulser les plus belles pépites de la tech française. Pourquoi cetta absence au classement? Tout simplement, parce qu’Ivalua n’était pas présentée comme une Fintech, mais comme un éditeur de logiciels dédiés à la gestion des achats…

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