« Roland-Garros permet au groupe d’expérimenter le web3 sans pression d’audience », Vincent Nalpas, France Télévisions

INfluencia : quels sont les objectifs du test d’espace social immersif mené pendant les deux semaines de Roland-Garros ?

 Vincent Nalpas : des réflexions ont été lancées au sein de la direction du numérique autour sur le web3. Pendant la quinzaine de Roland-Garros, nous expérimentons en conditions réelles et sans pression d’audience de nouvelles écritures et des modes de production numériques. Elles sont disponibles sur la plateforme VRChat par casque VR ou PC dans un espace Stade 2 – Roland-Garros. Nous sommes surtout là pour apprendre et voir comment se mettre en ordre de bataille (ou pas) sur ces sujets. Dans la jungle des mondes virtuels, il est important que France Télévisions fasse sa propre expérience, comprenne comment cela fonctionne d’un point de vue technique, économique et éthique pour savoir quelle sera notre place.

Il est important que France Télévisions fasse sa propre expérience des mondes virtuels d’un point de vue technique, économique et éthique

IN : à quoi cet espace permet-il d’accéder ?

V.N. : ce nouveau test reprend – sans son décor enneigé – le monde virtuel développé par VRrOOm au moment des Jeux Olympiques d’hiver, qui intégrait le studio virtuel de Stade 2 utilisé à l’antenne et conçu par notre cellule Graphismes Temps Réel (GTR). Les équipes du numérique ont appris à développer des contenus d’un point de vue technique et ont par exemple contribué à transposer dans un univers virtuel le musée de Roland-Garros, en partenariat avec Infosys3, ou encore le plateau sur lequel Laurent Luyat commente les matchs en direct du court Philippe-Chatrier. Dans l’espace social immersif, il est possible de passer d’un espace à l’autre, de jouer au tennis contre un adversaire sur le court Philippe-Chatrier, de se livrer à des mini-jeux de tennis sur les courts annexes, de profiter d’un espace vidéo sur la place des mousquetaires…

IN : sur quels autres points voulez-vous parfaire votre courbe d’expérience ?

V.N. : nous avons travaillé avec la rédaction sur des aspects éditoriaux afin de produire des petites pastilles. Il n’est pas possible de diffuser de matchs sur la plateforme car VRChat est ouverte au monde entier mais la Fédération française de tennis (FFT) nous a confié des extraits libres de droits et extrêmement valorisants que nous pouvons diffuser sur les écrans géants de l’espace virtuel. Le test est aussi important au niveau des partenariats, tant sur le plan marketing pour réfléchir à la monétisation de ce monde virtuel, que sur les relations avec les plateformes. Demain, les mondes virtuels de France Télévisions pourraient être sur une plateforme Meta ou sur une plateforme que nous développons nous-mêmes, dans le respect de nos utilisateurs. Dans ces espaces, certaines instances sont publiques et d’autres permettent de se retrouver en privé avec des amis. Il est important que nous puissions garantir une expérience optimale en respectant les règles de modération propres à un groupe public.

Le test est aussi important au niveau des partenariats, tant sur le plan marketing pour réfléchir à la monétisation de ce monde virtuel, que sur les relations avec les plateformes

IN : comment les marques ont-elles été associées ?

V.N. : nous avons développé un véhicule Renault (partenaire premium du tournoi qui a remplacé Peugeot à compter de l’édition 2022, ndlr) qui permet de se déplacer dans Roland-Garros. Des bouteilles de Perrier sont disposées sur le bars france.tv sports près de la terrasse… Avec France Télévisions Publicité, nous présentons l’espace virtuel aux partenaires. L’apport de la régie permettra d’augmenter l’expérience utilisateur et de donner du corps à ce monde immersif. Les démonstrations aux annonceurs permettent de se rendre compte de leur intérêt pour ces innovations et de les sonder sur ce qu’ils sont prêts à payer pour être présents dans ce monde virtuel tellement proche du réel.

IN : cela supposerait de développer une audience. A cette étape encore expérimentale, comment faite-vous connaître ces innovations ?

V.N. : en deuxième semaine du tournoi, nous commençons à monter en puissance en communiquant à l’antenne pendant les plateaux de Laurent Luyat, en proposant des pastilles sur TikTok et Instagram… Samedi 28 juin, Samuel Etienne a proposé une émission de deux heures sur sa chaîne Twitch dans laquelle il a fait visiter ce monde virtuel à sa communauté, accompagné notamment du tiktoker Lenny. Le stream de 2h13 a été suivi par 4 100 personnes en moyenne et par 81 221 viewers uniques. Entre le live et le replay, l’émission a cumulé 104 000 vues.

IN : quels usages pourraient être envisagés à partir de ce qui a été développé dans le tennis et pourraient être à l’origine de partenariats ?

V.N. : en ajoutant de la vidéo volumétrique dans le monde virtuel, il devient possible de tourner autour d’un joueur pour analyser techniquement son geste, soit pour s’en inspirer, soit pour qu’un joueur améliore sa technique. Ce sont des fonctionnalités qui pourraient intéresser les clubs de formation. Nous commençons seulement à y travailler, à titre de test.

Quelques vues de l’espace social immersif consacré à Roland-Garros