Si au lieu de vous échanger des images de footballeurs comme des gamins avec leur Panini dans la cour de récréation, vous opteriez plutôt pour le troc de clichés de qualité issus de la banque d’image d’une des plus prestigieuses agences photo au monde ? Getty Images vient de signer un partenariat pluriannuel exclusif avec Candy Digital, une société de cartes à collectionner digitales, pour lancer des NFT dérivés de son immense bibliothèque.
L’agence américaine fondée en 1995 possède dans ses archives pas moins de 465 millions d’images dont plus de 135 millions de photos. Cette collection unique couvrant les 170 dernières années tient en souvenir des moments emblématiques et essentiels des mondes de l’art, de la culture, de la musique ainsi que d’événements mondiaux historiques. Beaucoup de ses visuels n’ont jamais été vus par le grand public. En signant cette alliance avec Candy Digital, l’agence souhaite les rendre disponible au plus grand nombre tout en créant une nouvelle source de financement pour renflouer ses caisses. L’idée derrière ce partenariat est toute simple : les collectionneurs de photographies et de NFT pourront acheter, vendre et échanger en toute transparence et sécurité les objets officiels de collection numériques sur la place de marché Getty Images opérée par Candy. Cette dernière prendra en charge les transactions sur le marché primaire et secondaire et les achats par carte de crédit ou par paiement cryptographique. Les NFT seront émis sur la blockchain Palm, une sidechain évolutive, écologique et compatible avec l’Ethereum, la deuxième plus grande cryptomonnaie au monde. « L’innovation a toujours été au cœur de l’ADN de Getty Images et ce partenariat témoigne de notre mission de connecter les gens avec notre contenu visuel exclusif de haute qualité, vante Craig Peters, le PDG de l’agence américaine qui a reçu cette année un nouveau Prix Pulitzer pour sa couverture de l’assaut du Capitole à Washington. Nous sommes fiers de travailler avec Candy Digital pour étendre nos produits aux collectionneurs de NFT, sans cesse plus nombreux à travers le monde. Nous sommes convaincus que cela représente des opportunités pour notre entreprise ainsi que pour notre communauté mondiale de photographes. » Scott Lawin ne dit rien d’autre. « L’introduction de la photographie a constitué un séisme dans la manière dont nous avons pu documenter, stocker et partager notre histoire, juge le PDG de Candy Digital. Nous sommes honorés de travailler avec Getty Images pour développer des produits NFT donnant vie à ces photographies emblématiques et rares des deux derniers siècles et les faire découvrir et collectionner numériquement au plus grand nombre. »
Ce partenariat montre à quel point les jetons non fongiblescommencent à entrer dans notre quotidien. Entre 2020 et 2021, ce marché est passé de moins de 1 milliard à 41 milliards de dollars, si l’on en croît les estimations de Chainalysis.
De plus en plus de marques cherchent à pénétrer cette mine. Nike a ainsi racheté l’an dernier la start-up spécialisée RTFKT. Plusieurs créateurs de jeux vidéos dont Square Enix, Electronics Arts et Ubisoft s’intéressent aussi aux NFT. Le sport est également très actif sur ce marché. La NBA a créé sa propre marketplace NFT, baptisé NBA Top Shot, pour l’achat, la vente et l’échange de vidéos de ses joueurs. L’association du football américain, la NFL, a suivi le même modèle avec sa nflallday. La start-up française Sorare, qui vend des vignettes numériques de footballeurs en crypto-monnaie, est, elle parvenue à lever l’an dernier la bagatelle de 680 millions de dollars pour financer son développement.
Les acteurs de la philanthropie cherchent également à profiter de ce filon. Le collectif #EnsembleUkraine a organisé le 15 avril une vente caritative internationale de NFT au profit des victimes de la guerre sur le site www.togetherukr.com. Les 25.000 NFT proposés comprenaient des œuvres de 20 artistes dont une vidéo de l’Israélien Itzhaq Mevorah, une œuvre du Français Jérôme Bryon et une photo de Yann Arthus-Bertrand. A l’occasion de son 75e anniversaire l’an dernier, l’UNICEF a mis en vente 1000 NFTs. Lancé en mars, le projet Oregen prévoit, quant à lui, de proposer des collections de certificats numériques réalisées par des artistes. Près de 70% des recettes des ventes seront redistribués à des associations qui luttent contre la destruction de la biodiversité. La startup Cryptonimals souhaite, pour sa part, vendre 900 NFTs afin de sensibiliser le public à la protection des espèces animales en voie de disparition. La moitié des gains des premières transactions sera reversée à des ONG dont Sea Shepherd.
Les jetons non fongibles se développent à une vitesse fulgurante. Getty Images l’a bien compris. Les autres agences photos devraient rapidement lui emboîté le pas si elles ne souhaitent pas se faire distancer…
