The Good : Pourquoi avoir candidaté au Grand Prix de la Good Economie ?
Olivier Ballenghien & Pierre Alaca : Pour notre projet le Petit Magasin Kiabi, nous avions besoin d’un label et d’une reconnaissance aux futurs porteurs de projets et de pouvoir partager cette expérience. A travers le Prix de la Good Économie, nous avons pu faire rayonner notre projet sur tout le territoire. Nous avons 11 petits magasins Kiabi en France et nous allons en ouvrir un nouveau en Espagne prochainement.
TG : Quel projet avez-vous soumis ?
OB & PA : Le Petit Magasin est une plateforme intermédiaire entre le monde associatif et le monde de l’économie, qui permet à des personnes éloignées de l’emploi de pouvoir travailler des compétences clés, sans aucune pression de résultats, et acquérir progressivement de l’expérience, regagner de la confiance et d’en faire un tremplin. De plus, ce projet de Petit Magasin, installé dans les quartiers prioritaires de certaines villes, permet aux familles en situation de forte précarité de s’habiller à moindre coût mais aussi de créer un lieu de rencontres, d’écoute et d’échanges et des réseaux d’entraides.
TG : Quels sont les champs de l’Impact concernés par ce projet ?
OB & PA : Le Petit Magasin a un impact écologique car il permet de créer un circuit court à nos produits invendus donc de limiter l’impact environnemental du textile en s’inscrivant dans une logique d’économie circulaire. Le Petit Magasin a bien sûr un impact social en réintégrant des personnes éloignées de l’emploi en leur permettant d’avoir un futur avec un emploi et une rémunération. Cela permet à de nombreuses familles de sortir du RSA. Le Petit Magasin a un impact sociétal car l’espace tiers lieu que nous avons créé intègre aussi un écosystème d’associations qui viennent en atelier travailler. C’est ce que nous avons fait par exemple à Grenoble avec Grenoble Solidarité et la Remise pour recréer des liens de service avec la métropole. Nous collaborons sur ces tiers lieux aussi en animant des ateliers de réparation notamment avec la Fondation des Possibles.
TG : Quel est le chemin de transformation RSE que vous avez entrepris au sein de Kiabi ?
OB & PA : Nous avons débuté notre stratégie RSE en 2011, en partant d’une démarche collaborative avec nos salariés sur des groupes de projets. Cela nous a permis d’avoir des initiatives RSE qui venaient directement du terrain en lien avec les magasins locaux. Notre vision supportée par la direction générale est de faciliter la vie des familles en proposant une mode plus durable. L’inclusion professionnelle des personnes éloignées de l’emploi ou en situation de précarité est au cœur des missions du fonds de dotation Kiabi Life, favorisant l’employabilité de personnes en parcours d’insertion.
En revanche l’initiative du concept de Petit Magasin est portée par Kiabi Europe et non par la Fondation Kiabi. Cela nous permet de responsabiliser plus fortement les équipes magasins et exploitation et de ne pas en faire un petit projet périphérique. D’ailleurs, les Petits Magasins Kiabi sont intégrés dans l’organigramme global. Nous mettons la RSE au cœur de la vision d’entreprise dans une logique Bottom- Up. Par exemple, être entrepreneur local comme patron de magasin Kiabi est aussi l’affirmation d’agir sur les communautés et de faciliter la vie des familles. Il est vrai que nous produisons une bonne partie de nos produits en Asie et cela peut paraître un paradoxe avec notre engagement sociétal. Nous n’avons pas voulu nous donner bonne conscience en parrainant telle ONG mais plutôt d’être au plus près des enjeux sociaux avec sincérité au plus proche des territoires. Comme vous le savez, nous sommes dans un monde en compétition, avec des très grosses marques comme H&M et Zara qui ont beaucoup plus de moyens que Kiabi. La force du concept du Petit Magasin Kiabi est de l’avoir conçu comme un laboratoire en partenariat avec des entreprises sociales et solidaires pour apporter des solutions concrètes. Il était pour nous aussi important dans le projet du Petit Magasin d’apporter des indicateurs et de ne pas se limiter à une action philanthropique. Avec notre programme, nous avons pu toucher en 2021, 27 000 familles et fournir 33 formateurs, 1541 heures de formation à des personnes éloignées de l’emploi (73% de femmes) avec un taux d’employabilité de 80% (CDI et CDD). Nous avons aussi fait un don de 485 000 pièces de vêtements en 2021.
La force du concept du Petit Magasin Kiabi est de l’avoir conçu comme un laboratoire en partenariat avec des entreprises sociales et solidaires pour apporter des solutions concrètes.
TG : Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées sur ce chemin de transformation ?
OB & PA : La première difficulté dans ce genre de projet innovant que nous avons affrontée est nous ne parlions pas le même langage. Nous voulions construire un projet social, de solidarité et qui n’a pas été toujours compris au tout début. Notre projet d’insertion est avant tout économique et nous souhaitions impérativement que nos concepts de Petit magasin Kiabi aient leur propre modèle économique qui tiennent dans la durée. Le modèle uniquement philanthropique est dangereux car si le modèle s’arrête du jour au lendemain, nous mettons en péril des personnes qui comptent sur nous. En mettant en place progressivement des KPI, cela a permis d’être mieux compris par les contrôleurs de gestion et la direction financière de Kiabi. Nous avons pu, après la phase de POC, appuyer ensuite sur l’accélérateur. Et nous avons utilisé avec notre collectif de personnes engagées chez Kiabi, une parfaite mutualisation de tous les outils digitaux, logistique, gestion des stocks, aménagement, merchandising, mobilier pour alimenter l’ouverture des Petits Magasins. Nous avons mis en place les flux logistiques des produits invendus des magasins pour fournir les Petits Magasins avec une homogénéité dans la mise en place de l’offre.