Il y aura hélas des blessés et des morts parmi la population civile – il y en a déjà – et les journalistes, premiers témoins risquent une fois de plus d’être pris pour cibles. Reporters sans frontières a lancé un appel aux belligérants et aux organisations internationales à assurer la protection des journalistes. « Moscou, dans le cadre de la “dénazification” selon elle du pouvoir ukrainien, aurait préparé une liste de “personnes à tuer” d’après Washington, qui ne dévoile pas de noms. Celle-ci concernerait, entre autres, des journalistes », affirme l’organisation. “Nous connaissons les méthodes du pouvoir russe : les journalistes en sont des cibles privilégiées, comme c’est le cas en Crimée depuis l’annexion en 2014 et dans les territoires occupés par les séparatistes du Donbass soutenus par Moscou, souligne dans un communiqué la responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF, Jeanne Cavelier.
La bataille se joue aussi sur le terrain de l’information, Une cyberattaque a visé mercredi deux sites officiels ukrainiens rendus inaccessibles, quelques heures avant l’offensive militaire. En Russie – pays, où les assassinats de journalistes sont nombreux et qui est au 148ème rang sur 180 du Classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF** – les autorités ont instauré une censure officielle sur les informations liées à “l’opération spéciale” en cours et ont interdit tout rassemblement dans la rue contre la guerre, déclaré « illégal ».
Le philosophe et journaliste Vladimir Yermolenko, qui vit à Kiev, déclarait avant-hier à nos confrères de Philosophie magazine : « Pour le pouvoir russe, les intellectuels démocrates que nous sommes sont des ennemis. Il y aura des répressions staliniennes ». Tout est dit, hélas…
*Napoléon Bonaparte
** Je vous conseille de lire cet ouvrage « Ils font vivre le journalisme en Russie », par Johann Bihr qui propose de partir à la rencontre de quinze hommes et femmes qui se battent pour permettre au journalisme indépendant de continuer d’exister en Russie (Éditions Les petits matins). L’ouvrage a été réalisé en partenariat avec plusieurs organisations : Amnesty International France, Reporters sans frontières, Russie-Libertés, la revue Esprit et les Nouveaux Dissidents.