SurviFood, le faux service de livraison de plats infects de Greenpeace France

7 millions. C’est le nombre de personnes en France qui ont recours à l’aide alimentaire chaque année. Parmi les populations concernées, de nombreux jeunes sont touchés, et en particulier les étudiants en situation de précarité. Depuis la crise de la Covid-19, un sur deux d’entre eux estime même ne pas manger à sa faim, selon une enquête conduite par l’association Co’p1-Solidarités étudiantes entre les mois d’octobre et décembre dernier. Résultat, beaucoup éprouvent des difficultés à se nourrir de manière équilibrée et abordable. La « malbouffe », peu couteuse et accessible à tous les coins de rues devient vite une nécessité, plus qu’un plaisir coupable occasionnel. De ce constat est né Survifood, le service de livraison de plats immangeables, imaginé pour Greenpeace France par l’agence digitale Jellyfish.

À situation absurde, réponse absurde

Survifood est tout simplement un faux service de livraison de plats infects peu coûteux à destination des jeunes. Une entreprise à l’appétit commercial dévorant dont l’offre se résume à ces mots : « la faim justifie tous les moyens ». Pour interpeller les jeunes Françaises et Français et les faire agir en vue de l’élection présidentielle à venir, les équipes de l’agence ont imaginé un spot publicitaire qui détourne parfaitement les codes des startups food. Le choix d’une tonalité humoristique et décalée pour mieux refléter absurde ce constat dérangeant, parfaitement assumé des deux côtés.

« L’axe de la parodie, de l’absurde avait été évoqué par le client mais dans un tout autre registre. Singer les codes des startups, des licornes et autres kickstarters nous semblait être la bonne voie créative à l’instant T pour répondre aux jeunes de France et par ricochet aux politiques », nous a révélé Thomas Guilhot, VP Creative chez Jellyfish. Avant de poursuivre : « Greenpeace a souvent eu l’habitude de créer des campagnes très « choc » mais dans ce cas de figure c’était un peu différent, les publics les plus jeunes n’ont pas forcément cet historique publicitaire. Pour les sensibiliser, il fallait s’adapter à leur registre et à ce qu’ils consomment sur les réseaux sociaux, à savoir des vidéos inspirantes, funs et des projets qui donnent envie ».

Le miroir grossissant d’une situation qui dérange

À travers Survifood, Greenpeace France souhaite faire passer le message que la précarité alimentaire n’est pas une fatalité. Des solutions existent comme la sécurité sociale de l’alimentation, ou encore des repas sains et responsables à 1 euro dans les restaurants universitaires. Et pour se faire entendre, du 21 février au 10 avril 2022, ce service de livraison imaginaire sera soutenu en affichage et via un dispositif complet social media et influence, dont un débat sur Twitch la semaine précédant le premier tour de l’élection présidentielle. « Idéalement ce débat sera porté par un ambassadeur Greenpeace, des influenceurs,  des représentant de la cause étudiante ou de jeunes touchés par la précarité alimentaire et pourquoi pas des politiques ». Enfin Thomas Guilhot explique que dans les prochains jours, des équipes de Jellyfish et Greenpeace France se rendront « sur différents campus pour faire réagir les jeunes face à la campagne et donc au sujet de la précarité alimentaire afin de leur laisser la parole et être ambassadeurs du sujet qui les concerne directement ».

« Le droit à l’alimentation est fondamental, au même titre que le droit à la santé », conclut Laure Ducos, chargée de campagne Alimentation à Greenpeace France. « Des solutions concrètes émergent pour faire respecter ce droit et en faire un véritable outil de transformation de notre système alimentaire et agricole, qui est à bout de souffle. Il manque une réelle volonté politique pour les mettre en place ».