12 janvier 2022

Temps de lecture : 3 min

« Les grands groupes risquent de se satisfaire longtemps d’une « RSE à la papa », Eric Duverger

En amont des Sommets qui auront lieu à Annecy du 28 au 30 mars*, dont INfluencia est partenaire, Eric Duverger, fondateur de la la Convention des Entreprises pour le Climat, nous parle de son parcours, de son ambition avec la CEC, et de ce que les entreprises doivent et peuvent faire pour préparer demain. Après plus de 20 ans de carrière dans le groupe Michelin, dans lequel il a occupé plusieurs postes de direction en France, aux Etats-Unis et au Mexique, Eric Duverger s’est offert deux années sabbatiques. Quelques ruminations et un Covid plus tard, il a lancé l’initiative de la CEC , qui rassemble aujourd’hui 150 chefs d’entreprises de taille et secteurs variés, et ce n’est qu’un début.
Sommets
Sophie Guignard : vous avez occupé plusieurs postes chez Michelin, notamment en marketing et en finances, deux fonctions a priori assez éloignées des questions de la responsabilité environnementale. Comment votre conscience environnementale s’est-elle forgée ?

Éric Duverger : Mon parcours ne me prédestinait pas à développer une conscience environnementale radicale, encore moins à lancer la Convention des Entreprise pour le Climat ! Je traçais ma route chez Michelin suivant un plan de carrière assez classique. Mais entre 2019 et 2020, un enchaînement de lectures, de podcasts et de conversations a conduit à ma prise de conscience et surtout à ma volonté de prendre part à la grande transformation de société qui s’impose à nous. Je me souviens d’un jour de mars 2020 où la question du sens s’est brutalement posée pour moi, j’ai ressenti un besoin très fort de contribuer à un monde plus responsable. Quelques semaines plus tard, le projet de la CEC m’est apparu comme une révélation. J’avais trouvé ma manière de faire ma part.

SG : quel est l’objectif de la Convention des Entreprises pour le Climat?

ED : La raison d’être de la CEC, c’est justement de provoquer un sursaut pour que les entreprises prennent toute leur part à la redirection écologique. L’originalité de notre dispositif est d’avoir constitué un collectif de 150 dirigeants d’entreprises de toutes tailles, toutes régions, tous secteurs. Nous leur proposons une démarche que nous résumons en 2 mots, exigence et bienveillance. Exigence car nous voulons que le changement de cap ne soit pas marginal mais fondamental, bienveillance car l’équipe d’organisation est issue du monde de l’entreprise, nous savons que la vie de dirigeant est stressante et pleine d’injonctions contradictoires. Nous nous positionnons donc à leurs côtés pour les aider à réussir leur transformation. Le premier livrable de la CEC, ce seront justement les 150 feuilles de route de transformation que les dirigeants façonnent tout au long de parcours.
Le deuxième livrable, ce sera une plateforme de requêtes à l’attention des décideurs politiques.

2050, c’est bien trop tard

SG : comment encouragez-vous les entreprises à passer à la vitesse supérieure en terme d’éco-responsabilité?

ED : S’il n’y a pas de bascule concrète d’ici cinq ans afin de produire des effets positifs sous dix ans, on sera tous pris de court par la catastrophe environnementale. Or, la plupart des entreprises se donnent des objectifs à 2050, se contentant d’avancer par petits pas. Tout le monde sait aujourd’hui que 2050, c’est bien trop tard et que les petits pas ne suffiront pas. Il nous faut un grand mouvement, maintenant. Pour faire grandir ce mouvement, un discours critique culpabilisant ne servirait à rien, notre approche consiste au contraire à insuffler une dynamique commune. Les trois premières sessions de la CEC ont eu lieu, nous sommes à mi-parcours, la force de l’élan collectif dépasse toutes nos espérances.

SG : quelles sont selon vous les entreprises les plus à même d’agir véritablement sur les enjeux environnementaux ? Les grands groupes feront-ils la différence ?

ED : Toutes les entreprises sans exception sont confrontées à des défis majeurs, que ce soit du fait des changements climatiques, de la raréfaction des matières premières, des contraintes énergétiques, des changements d’attentes consommateurs… ou de tous ces facteurs à la fois… Celles qui vont s’adapter le plus vite sont celles dont les dirigeants comprennent l’ampleur des changements à venir et se préparent à construire des business models gagnants dans l’économie de demain.

Personnellement je crois que les grands groupes seront les derniers à se hisser à la hauteur des enjeux : ils ont certes une communication très léchée, mais ils sont soumis à d’énormes forces d’inertie et aussi de très solides cordes de rappels, notamment les exigences de rendement court terme de leurs actionnaires. Les grands groupes risquent de se contenter encore longtemps de ce que nous appelons « la RSE à la papa », c’est-à-dire des modifications à la marge.

SG : quel genre d’entreprises et de dirigeants font partie de la CEC ?

ED : Le point commun des 150 dirigeants engagés dans la CEC, c’est leur capacité de remise en question personnelle et leur envie de contribuer à plus grand qu’eux… mais ce qui caractérise le collectif de la CEC, c’est la diversité. De la Corse à la Bretagne, du secteur agricole au secteur financier, des société cotées aux coopératives… Dans la CEC, des start-uppeurs de 25 ans peuvent côtoyer les PDG d’Heineken ou de Renault Trucks… Au total, nos membres totalisent 75 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 500 000 salariés.

 

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