9 décembre 2021

Temps de lecture : 7 min

Hervé-Matthieu Ricour (ENGIE) : “nous permettons grandement aux clients de participer à la transition énergétique”

Porté par une nouvelle direction depuis 2020, le Groupe ENGIE accélère sa stratégie de décarbonation et entraîne dans son sillage ses clients par le développement d’offres innovantes plus vertueuses. Une étude menée avec Carbone 4 a d’ailleurs mesuré la forte contribution à la réduction des gaz à effet de serre de ses clients en électricité verte. Retour sur l’engagement et la stratégie d’ENGIE avec Hervé-Matthieu Ricour, Directeur Général d’ENGIE France BtoC.
ENGIE
The Good : ENGIE France BtoC est le premier fournisseur d’électricité verte en France. Pouvez-vous nous parler de votre feuille de route RSE et nous présenter votre stratégie de décarbonation ?

Hervé-Matthieu Ricour : Le Groupe ENGIE est un groupe coté en France avec environ 170 000 personnes installées dans le monde. Avec l’arrivée de Catherine MacGregor début 2020, le groupe a recentré sa stratégie sur le développement massif des renouvelables et des réseaux de transport d’électricité ou de gaz.

La raison d’être, qui a été inscrite dans les statuts du groupe à l’AG 2020, est de contribuer à la transition énergétique. Cela se traduit par notre objectif de Net Zéro Carbone en 2045 et notre activité au quotidien que ce soit en production d’électricité via du renouvelable, en déploiement dans des grands réseaux ou de façon beaucoup plus détaillée avec nos clients finaux BtoC.

Cette raison d’être a eu une conséquence : les jeunes embauchés viennent chez nous pour ça. Ils nous disent : on est chez ENGIE, parce qu’ENGIE c’est le vert, c’est celle qui se lance dans le renouvelable. Nous sentons chez ces jeunes que cet objectif est chevillé à leur engagement professionnel.

Dans le cas particulier du BtoC, cela fait des années que nous mettons en œuvre de manière massive le développement du renouvelable et cela ne se sait pas assez. Nous avons lancé l’électricité verte en 2016, nous avons 3,9 millions de clients aujourd’hui. Nous pensons que nous avons deux tiers des clients en électricité verte de France – je dis « nous pensons » car il n’y a pas d’étude sur le sujet. C’est d’ailleurs ce que j’appelle de mes vœux, avoir des chiffres publics. Notre promesse au client de l’électricité verte c’est : chaque fois que vous consommez 1 kilowatt-heure d’électricité, ENGIE paye pour réinjecter 1 kilowatt-heure d’électricité renouvelable dans le réseau.

The Good : Vous avez calculé la réduction des émissions de CO2 liée à la consommation d’énergie de vos offres d’énergie verte, pouvez-vous nous expliquer ce calcul et nous parler de vos résultats ?

Hervé-Matthieu Ricour : C’est peut-être le point important de cette année 2021 : au bout de 5 ans de commercialisation de l’électricité verte, nous nous sommes demandé quelle était la véritable économie de gaz à effet de serre que nos clients avaient faite avec nos offres.

Nous avons alors demandé à un expert externe et totalement indépendant de construire une méthode de calcul des économies de gaz à effet de serre effectivement faites par nos clients sur l’année 2020. Cette méthode a été élaborée par le cabinet Carbone 4.

Les résultats de cette étude ont démontré qu’en 2020, nos clients en électricité verte ont émis 43% de moins de gaz à effet de serre que le client moyen du marché français. C’est un point important pour nous car nous avons, depuis de longues années, initié de façon massive des offres qui permettent aux clients de participer à la transition énergétique, nous avons rencontré un succès commercial réel et maintenant, nous leur démontrons que ce qu’ils ont fait a vraiment eu un effet.

Au lieu d’être à 60 grammes de CO2 par kilowatt, nos clients émettent 34 grammes. C’est significatif.

Les résultats de cette étude ont démontré qu’en 2020, nos clients en électricité verte ont émis 43% de moins de gaz à effet de serre que le client moyen du marché français.
The Good : Carbone 4 procède-t-il à des ajustements dans le calcul ?

Nous réinjectons de l’électricité renouvelable dans le réseau à exacte proportion de la consommation du client, avec des certificats verts audités à l’extérieur du groupe. Carbone 4 a toutefois relevé que l’achat d’une garantie d’origine pour de l’éolien en Pologne ou de l’hydraulique en Norvège, ne contribue pas à une économie de gaz à effet de serre pour le client français car nous n’avons pas d’interconnexion électrique entre la Norvège et la France ou la Pologne et la France. C’est ce que Carbone 4 appelle la cohérence spatiale du modèle. Nous les avons donc exclues de notre calcul.

Carbone 4 a également décidé de ne pas comptabiliser 100% de la production des panneaux solaires français car à partir de 18h, le panneau solaire ne fonctionne pas avec la même intensité qu’à midi. Nous avons alors appliqué des décotes de cette production d’électricité solaire française à proportion du mix de production électrique du moment. C’est la cohérence temporelle.

Cette approche de cohérence spatiale et temporelle a été déclinée heure par heure sur toute l’année 2020 pour nos 3,5 millions de clients en électricité verte de l’époque.

Nous ferons ce calcul dorénavant tous les ans et nous le communiquerons à nos clients pour qu’ils aient la preuve que ce qu’ils ont fait est utile.

The Good : Quelles sont vos marges de progression ?

Les marges de progression sont de plusieurs natures. J’en vois 3 :

– Continuer l’augmentation de notre parc en électricité verte. Aujourd’hui, nous avons un tout petit peu moins de 5 millions de clients en électricité, dont quasiment 80% de clients en électricité verte ;

– Promouvoir et développer ce que l’on appelle le vert « bleu blanc rouge ». Nous pouvons aller un cran plus loin en mettant en place des offres dans lesquelles on vend de l’électricité verte produite en France dans un parc ENGIE. Nous avons déjà ces offres que l’on appelle « options vert plus ». Ce sont des structures tarifaires innovantes dans lesquelles nous proposons au client de payer un prix fixe forfaitaire indépendant de la consommation mensuelle (dans le cas de l’électricité, 3 euros par mois) et en contrepartie, nous contractons exactement pour la consommation de notre client un achat d’électricité verte sur un site d’ENGIE en France, en éolien ou en solaire.

– Le troisième axe est de promouvoir les trois offres qui permettent au client non seulement de consommer mieux, mais de consommer moins. “Mon pilotage Gaz” permet à un client de définir le budget qu’il ne souhaite pas dépasser et nous nous assurons que ce budget soit tenu. Nous installons un capteur sur le compteur gaz Gazpar et un thermostat sur la chaudière, qui vont dialoguer : en fonction de la consommation mesurée depuis le réseau sur Gazpar, on va dire au thermostat “baisse” ou “augmente” la température pour que la consommation corresponde au budget. C’est un savoir-faire que nous avons développé. A notre connaissance, cette offre n’existait pas en Europe.

Nous avons une 2e offre inédite en France qui s’appelle “Mon pilotage Elec” : elle permet de piloter à distance ses radiateurs électriques, radiateur par radiateur. D’après l’ADEME, cela permet de faire une économie de 15% pour le client, comme pour le pilotage du chauffage gaz. C’est le prélude à la mise en place du pilotage par le budget pour le chauffage électrique que l’on développera dans les années qui viennent. Elle permet de faire des économies pour le client mais aussi, en conséquence, de contribuer à la transition énergétique.

L’autre énorme avantage de ce pilotage c’est qu’il peut permettre de « s’effacer » du réseau à l’heure de pointe. Cela revient pendant quelques minutes à arrêter le chauffage électrique au moment où, en hiver, doivent démarrer des centrales de production d’électricité qui sont très carbonées.

The Good : Aujourd’hui comment arrivez-vous à convaincre vos clients ? Quel est le taux d’optionnalisation de l’offre ?

Les options vertes sont vendues sur tous les canaux mais sur internet, nous avons un taux de conversion de l’ordre de 7 à 8%. C’est plutôt un très bon taux de conversion, il y a une véritable appétence et un vrai succès de cette offre.

Sur Mon Pilotage Gaz et Mon Pilotage Elec, les démarrages sont plus lents. Ce sont des offres auxquelles les marchés ne sont pas habitués. On vient d’un univers de l’énergie où tout était géré par les grands opérateurs. Là on rentre dans une phase où le client doit accepter qu’on installe des petits équipements chez lui. C’est évidemment des processus de transformation un peu plus longs. Nous sommes très confiants dans le potentiel de ces offres. Et nous accompagnons nos clients avec d’autres services, comme Météo Carbone Elec, nouvel outil gratuit qui permet de savoir à quelles heures l’énergie produite en France émet le moins de carbone et donc d’adapter facilement sa consommation.

The Good : Est-ce que vous travaillez avec les bailleurs sociaux pour installer ce type d’offre ?

Absolument, Mon Pilotage Elec est poussé chez les bailleurs sociaux qui y voient un gros avantage. En octobre dernier, nous nous sommes associés à tiko Energy Solutions et avons conclu un partenariat avec la Régie Immobilière de la ville de Paris (RIVP) pour installer « Mon Pilotage Elec » auprès de ses locataires. Ces derniers pourront donc piloter à distance et en temps réel pièce par pièce les radiateurs électriques déjà présents dans leur logement et pratiquer « l’effacement ». En avant-première, le parc locatif de la rue Popincourt à Paris a pu bénéficier de cette solution. Grâce au partenariat entre la RIVP, ENGIE et tiko Energy Solutions, l’installation, le matériel et l’application ont été offerts aux locataires désirant participer à ce projet pilote.

The Good : Voyez-vous l’enjeu de la réduction de la consommation comme prioritaire également ?

La bonne stratégie d’un énergéticien pour le BtoC repose sur 3 piliers de développement : il doit construire et vendre des contrats de gaz et d’électricité de plus en plus verts, proposer des équipements de moins en moins énergivores, et enfin, proposer des solutions complètes pour produire et gérer de l’électricité localement.

Nous devons basculer avec les clients dans les nouveaux modèles de gestion -principalement de l’électricité- c’est-à-dire la décentralisation énergétique. C’est, par exemple, la production d’électricité avec les panneaux solaires sur le toit, l’installation de bornes de recharge pour des véhicules électriques qui, aujourd’hui, sont dans le sens descendant depuis le réseau vers le véhicule mais qui dans quelques années seront dans le sens montant. On utilisera la batterie du véhicule pour compenser les besoins du réseau à la pointe.

Notre métier n’est plus d’acheter du gaz et de l’électricité pour les revendre, on doit les reverdir, proposer, installer, dépanner, maintenir des équipements de moins en moins énergivores et apporter des solutions de production et de gestion locale principalement d’électricité.

C’est ce que nous faisons chez ENGIE, nous avons le portefeuille d’offres et le développement les plus complets sur le marché français.

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