Voici les 3 enseignements principaux focalisés sur l’entreprise issus de 4 de nos travaux de prospective en la matière*
1/ Dans le top 10 des tendances jugées comme étant des opportunités à l’horizon 2030, 4 concernent l’entreprise de demain
Les tendances qui suivent sont issues de l’investigation prospective #RISK2030 que Tilt ideas mène depuis 2017 avec Arengi, cabinet spécialisé en gestion des risques
Les deux originalités de cette étude sont, 1/ elle a été menée de bout en bout en mode collaboratif (700 contributeurs ont été impliqués au fil de l’eau) et, 2/ elle agrège 50 sous-tendances (avec les impacts dus au covid-19).
-Top 3 : L’expression croissante d’un besoin de sens, de finalité (trend #33) : j’imagine que vous avez conscience que vous ne pourrez plus manager votre entreprise sans avoir exprimé au préalable votre raison d’être. (’pourquoi vous vous levez le matin pour rejoindre votre ‘’boîte’’), qui doit être vue comme un cadre dans lequel vos actions doivent s’inscrire en cohérence pour l’incarner. Cadre qui peut aussi servir à recruter s’il est motivant. Les contributeurs de RISK2030 déclarent que leur entreprise est plutôt bien préparée en la matière…
-Top 4 : l’organisation du travail revisitée (trend #31) : au-delà du télétravail, le covid-19 a indéniablement été un accélérateur de prise de conscience d’un besoin de modifier la façon de manager et d’organiser les équipes, pour y apporter plus d’autonomie et de reconnaissance. Ici le DRH se trouve reconfiguré en chief of staff. Nous avons la conviction en particulier de l’amplification des poly compétences (fini la carrière mono-tâche ad vitam, bienvenue à un individu animé par 2 ou 3 talents auto déterminés) ;
-Top 7 Développement de la silver économie (trend #02) x Cohabitation intergénérationnelle croissante en entreprise (trend #4) : appliqué à l’entreprise, l’impact premier sera l’aspect multi-générationnel, qui va être amplifié dans les années à venir et qui nécessite de revoir les façons de recruter, de fidéliser, de transmettre les savoir-faire, de mentorer plus souplement, mais aussi de former vos équipes non plus en mode descendant mais en assumant qu’il y a autant de savoirs dans l’assistance que chez le formateur (Michel Serres l’avait prédit). Les participants reconnaissent que le degré de préparation de leur entreprise sur cet enjeu intergénérationnel est encore limité.
2/ le Care appliqué aux collaborateurs : une solution non seulement de sortie de crise, mais de management pour mieux fidéliser
68% des chefs d’entreprise interrogés par Opinion Way en septembre 2021 déclarent que la pandémie les a déstabilisé et 55% avouent être prêts à saisir de nouvelles opportunités pour rebondir. Parmi elles, le recrutement de talents est un enjeu clef pour 44% d’entre eux. Et 88% d’entre eux se disent attentifs au vécu de leurs collaborateurs. Plus précisément encore, 69% reconnaissent le rôle bénéfique sur leur moral de l’engagement des collaborateurs et du soutien des clients.
Sur ce thème, la MAIF, par exemple, vient de signer un accord de reconnaissance pour favoriser la mobilité interne et l’épanouissement de ses collaborateurs. En Grande-Bretagne, les 6.000 salariés d’Arup (conseil en ingénierie) adoptent une flexibilité maximale du lundi… au dimanche !
Au moment où la notion d’expérience client est un axe stratégique pour optimiser le parcours d’achat dans tous les secteurs, la mise en pratique de la symétrie des attentions a gagné 8 points entre 2019 et 2021 (source : 4ème baromètre de l’expérience collaborateur vue par les RH), démontrant que ce ‘’care’’ est également au cœur des défis de l’entreprise, sur tous les aspects du vécu collaborateurs, en termes de productivité, de bien-être et de responsabilité sociétale. Ceci pour éviter la fuite des talents.
3/ l’entreprise actrice de la creation economy
Depuis 20 ans, Tilt ideas prône ce que nous avons appelé à l’époque la « CACO » (Création Assistée par COllaborateurs et COnsommateurs). Bienvenue à la génération IKEA, autrement dit les processus engageants qui incitent le destinataire final (en interne, le collaborateur; en externe, le consommateur) a créer lui-même le contenu dont il a besoin qu’il s’agisse de divertissement, de services ou de produits. Postulat : ne plus considérer collaborateurs et consommateurs comme des « consommateurs » mais plutôt comme des praticiens qui souhaitent s’approprier le produit. Pour mieux l’utiliser en tant que salarié, pour renforcer la fierté d’appartenance, et en devenir ambassadeur.
Là où les plateformes Facebook ou Twitter profitent de nos données et de notre attention sans rien donner en retour aux créateurs de contenus, TikTok (qui versera 255M€ aux créateurs d’ici 2023), Tipeee, Patreon ou Instagram reposent sur 3 piliers: les créateurs de contenus engageant, le marketing pour que les marques puissent interagir avec les utilisateurs et le commerce sur mobile. Le nouveau credo de ces marques 3.0 est de valoriser davantage les créateurs de contenus au détriment des influenceurs qui se contentent d’agréger des audiences. Cette façon d’interagir ne doit pas concerner strictement les relations digitales mais l’ensemble des expériences physiques et virtuelles, tant dans les rituels internes que le parcours d’achat.
Et si, demain , le devenir de votre entreprise était encore plus aux mains de communautés de collaborateurs et clients vs uniquement votre comex ?
Pour conclure, je m’inspire d’un formidable anagramme évoqué par #EtienneKlein lors de son entretien avec Enki Bilal**.
‘’L’œuvre d’anticipation’’ = ‘’aliénation productive’’. Avouez qu’appliqué à l’entreprise de demain, cet anagramme de prospective serait assez inquiétant… ?
