OurCarbon est issu de nos déchets organiques (boues de stations d’épuration, déchets industriels, etc.) : au lieu de les enfouir, de les épandre ou de les incinérer, la startup Bioforcetech, basée à la fois en Italie et en Californie, les collecte, les transforme et leur trouve de nouveaux usages industriels, sous la forme de “biochar”, un matériau traditionnellement utilisé pour régénérer les sols.
Pour créer ce cercle vertueux, Bioforcetech a développé un procédé exclusif, qui permet de faire sécher les déchets et de les transformer. Au cours de ce processus, le carbone contenu par les déchets est séquestré, empêchant sa libération dans l’atmosphère et la production de gaz à effet de serre. Ce “biochar” est ensuite commercialisé sous forme de pigments ou de granulés auprès d’industriels. Chaque tonne de “OurCarbon” – le nom de ce nouveau matériau – permet d’économiser 10 tonnes de CO2, selon les calculs de l’entreprise, audités par le cabinet Northern Tilth.
Sous forme de granulés, OurCarbon trouve des applications dans l’agriculture (pour fertiliser les sols) ainsi que dans la fabrication de matériaux (céramiques, ciments, résines)… “L’utilisation d’OurCarbon sous forme d’additif peut réduire considérablement l’empreinte carbone de certains des matériaux les plus utilisés”, explique Bioforcetech. Pour développer les usages, l’entreprise a noué des partenariats de R&D avec des industriels.
Par exemple, des tests sont actuellement menés dans le domaine du BTP pour utiliser OurCarbon en remplacement partiel ou total du sable dans le béton : “les premiers tests donnent des résultats positifs, ils ouvrent la voie à une neutralisation de l’empreinte carbone d’un matériau de construction à forte intensité carbone extrêmement utilisé, tout en évitant l’exploitation minière et la destruction des écosystèmes liés à la collecte de sable.” Bioforcetech se prend même à imaginer la construction de villes totalement circulaires.
Grâce à son caractère poreux, OurCarbon a également des propriétés intéressantes dans la filtration et l’assainissement : des tests sont menés pour filtrer les contaminants des eaux pluviales et assainir des sites pollués, en remplacement des filtres à charbon actif traditionnels ou des polymères synthétiques.
Sous forme de pigments, l’un des champs d’application principaux d’OurCarbon est le remplacement des colorants noirs dans les encres, les plastiques ou les mousses. L’intérêt pour la planète est évident, alors que “la grande majorité des colorants noirs sont fabriqués selon des processus à forte intensité carbone, qui impliquent la combustion de combustibles fossiles. Pour chaque tonne de cette matière produite, en moyenne trois tonnes de CO2e sont émises dans l’atmosphère”, explique l’entreprise, qui évoque aussi la pollution produite par les méthodes conventionnelles.
Plus étonnants, les pigments OurCarbon peuvent être utilisés par l’industrie de la mode, dans la coloration des textiles : à Eindhoven, le label Masfuerte New York présentait ainsi des vêtements en chanvre et soie teintés grâce aux pigments OurCarbon.
Mais pour séduire plus largement les designers et les créateurs, Bioforcetech devra faire oublier l’origine de son matériau : tout un travail de marketing, inspiré des startups du numérique, est en cours.