TheGood : Pouvez-vous nous dire comment vous est venue l’idée de créer Noos ? Quel a été votre point de bascule ?
Eric Mangin : Noos en grec veut dire “l’esprit” et pour Platon, cela signifie l’intelligence collective. La raison pour laquelle nous avons créé Noos avec Yvan Roussin vient du constat que nous sommes face à un défi majeur pour la société et la planète. Nous avons la conviction que les entreprises ont un rôle à jouer dans les réponses qu’elles peuvent apporter pour résoudre tous ces problèmes. Selon nous, il y a deux leviers à actionner : le premier levier consiste à accélérer la transition des entreprises vers une approche décarbonée, mais cela va malheureusement prendre du temps. Le deuxième levier est de s’appuyer sur les acteurs du bien commun sur des projets formidables que j’ai rencontrés depuis une vingtaine d’années et qui s’inscrivent dans les Objectifs de Développement Durable de l’ONU. Notre démarche est de pouvoir orienter les fonds vers des projets qui sont très impactants et extrêmement performants.
TG: Noos est un accélérateur d’engagement. Quelles sont les avantages pour une entreprise d’utiliser votre plateforme pour créer des opérations de don en moins de 24 heures ?
EM : Les avantages sont que les entreprises s’appuient sur une plateforme technologique innovante dans l’air du temps. Mais surtout nos technologies permettent d’embarquer toutes les parties prenantes à savoir les clients, les employés, les fournisseurs c’est-à-dire toute la communauté d’une entreprise. Finalement, c’est de bonne guerre, parce qu’une entreprise est constituée d’hommes et de femmes qui veulent s’engager et se montrer généreux pour le bien commun. Grâce à notre plateforme nous sélectionnons et assurons les suivis des projets parfaitement en lien avec le développement durable des entreprises. (Biodiversité, reforestation, zéro déchet, éducation, santé, inclusion, compensation carbone). Nous allons nous assurer que ces projets ciblés par l’entreprise ont le maximum d’impact. L’autre point important est de pouvoir rendre compte de notre action non pas à travers les flux financiers, mais sous le prisme de l’impact (nombre d’arbres plantés, le nombre d’heures de formation digitale données à des populations vulnérables, etc.). Nous allons pouvoir mesurer cet impact de manière collective via une page entreprise personnalisable qui permet de visualiser la quote-part de chaque partie prenante.
TG : Comment s’intègre la plateforme Noos dans les stratégies RSE des entreprises et comment mesurez-vous l’engagement des entreprises et des parties prenantes ?
EM : toutes les entreprises ont pour enjeux de mesurer l’impact et d’avoir une obligation de résultat notamment dans le cadre d’obtention de label B Corp ou Ecovadis. De plus, au niveau de l’engagement des employés, nous constatons que les salariés veulent de plus en plus travailler pour des entreprises qui s’engagent. Grâce à notre plateforme Noos, nous établissons une conversation avec les employés pour démontrer que l’entreprise s’engage concrètement. Les clients veulent aussi de leur côté consommer des marques qui sont de plus en plus engagées. Il faut, sans greenwashing, démontrer que les entreprises font des choses concrètes. En plus de s’engager, nous demandons aussi aux parties prenantes de s’impliquer et de donner leur avis sur les projets qu’ils veulent soutenir.
TG : Comment sélectionnez-vous les projets que vous proposez aux entreprises ? Quels sont les résultats obtenus des ONG partenaires ?
EM : La façon dont nous sélectionnons les projets est assez fastidieuse et méticuleuse. Nous allons regarder l’aspect financier (publication des comptes, structure financière, coût marketing). Nous allons privilégier des projets qui ont fait leurs preuves plutôt que des projets nouveaux en allant chercher des KPI pour permettre une mise à l’échelle de l’ONG et un meilleur pilotage de ses résultats. Nous faisons tous les 6 mois un suivi de tous ses projets et de leur état d’avancement. Nous vérifions leur réputation avec notre réseau local qui va nous donner des avis sur le projet en cours. Nous avons aussi mis en place un comité d’impact qui va démontrer que nous avançons dans une dynamique positive.
Notre comité est constitué de personnalités externes comme Maureen Sigliano ancienne VP de Western Union et Présidente du Comité d’impact de OpenClassroom, Sofiane Ammar, président de Chams qui a décidé d’ouvrir des écoles de codes dans les camps de réfugiés en Jordanie et enfin Vincent Colegrave co-fondateur de Solar Impulse. Même si nous sommes une entreprise encore jeune, nos programmes nous ont permis de planter plus de 30 000 arbres et de fournir des milliers d’heures de formation à des populations défavorisées.
TG : Noos est une entreprise engagée pour le bien commun. Vous reversez 1% de votre CA pour la Planète. Quelle est votre propre stratégie RSE et votre feuille de route d’engagement en 2022 ?
EM : Chez Noos nous avons une diversité de profils tant en matière d’âge, d’origine, junior ou diplômé de Centrale-Supélec, venant d’Espagne ou de Colombie.
En plus de notre engagement avec le 1% pour la Planète, Noos dégage une somme d’argent chaque mois qui est redistribuée par les employés. En matière de gouvernance, nos grilles de salaire sont transparentes et elles sont publiées. Notre ADN est déjà d’être une entreprise impact native et notre mission est chevillée au corps. Nous allons rajouter rapidement notre raison d’être et nos objectifs dans nos statuts. Notre idée est d’arriver très rapidement sur la certification B Corp l’année prochaine. Nous avons prévu une prochaine levée de fonds de 1 à 2 M€ en 2022 pour accélérer l’automatisation de nos process et permettre aux entreprises de mieux piloter leurs impacts.