INfluencia: Teads a reporté son introduction en bourse mais semble néanmoins poursuivre une croissance solide. Pourquoi ce report et comment vous portez vous ?
Bertrand Quesada : nous avons clôturé notre dernier exercice fin juin avec une croissance de nos revenus de +36% mais, pour des raisons de calendrier, nous avons décidé de reporter l’IPO. Le 1er semestre 2021 a été très chargé en termes d’introductions en bourse, notamment dans la Tech. Fin juillet, il y avait encore 27 autres opérations qui s’ajoutaient à toutes les publications de résultats. Nous avons estimé que nous n’aurions pas l’attention et l’intérêt nécessaires.
Thibault Leguillon : Nous offrons aujourd’hui une plateforme qui répond aux problématiques des annonceurs : une couverture massive et globale, au sein d’un environnement premium extrêmement transparent et 100% brand-safe, qui contribue au financement des grands médias français et internationaux.
Nous répondons à l’ensemble des objectifs marketing des marques, dans des conditions qu’elles n’ont jamais connu sur le web. C’est sur plus de 3 000 éditeurs partenaires triés sur le volet qu’il est aujourd’hui possible de mener des campagnes de branding ou d’acquisition de trafic. Nous nous distinguons par un accompagnement supérieur à celui de nos concurrents, notamment sur la créativité avec notre entité Teads Studio et ses 150 designers dédiés à l’adaptation et à l’optimisation des formats publicitaires de nos clients.
En outre, nous constatons une adoption fulgurante de notre plateforme d’achat Teads Ad Manager, permettant de paramétrer et d’opérer des campagnes publicitaires avec une extrême simplicité, tout en bénéficiant d’un accès prioritaire aux plus grands sites de presse et de performances sans précédent.
Enfin, nous lancerons en fin d’année une solution d’acquisition au lead, et cocherons ainsi toutes les cases avec une suite de solutions full-funnel extrêmement compétitives face aux GAFA.
Nous savons délivrer la performance attendue par nos clients et répondre aux plus hauts niveaux d’exigence, tout en contribuant considérablement au financement des plus grandes marques média avec une publicité durable et responsable.
IN : pourtant on sent une pointe de déception chez vous face au succès de la concurrence. Le combat est déséquilibré ?
Thibault Leguillon : Notre solution fonctionne et nous le savons. Elle a déjà convaincu les plus grandes marques dont une soixantaine de grands groupes avec qui nous avons des accords stratégiques et structurants à l’échelle internationale. Plus récemment, nous avons réuni une centaine d’annonceurs à Paris, tous secteurs confondus, preuve de la proximité et de la relation étroite que nous entretenons désormais avec les marques.
Néanmoins nous restons encore largement sous investis par rapport aux GAFA qui captent une part beaucoup trop importante de la croissance du marché. Les agences ont un rôle majeur à jouer dans ce rééquilibrage, nous avons une proposition de valeur très forte et un potentiel énorme.
IN: Les agences justement, croyez-vous à l’internalisation et à une forme de désintermédiation sous l’effet des plateformes?
Bertrand Quesada : ce métier continue de se complexifier jour après jour, il est de plus en plus difficile de s’y retrouver pour les agences et les annonceurs. Le calcul de la performance ne cesse d’être remis en cause : nous sommes passé du CPM au clic, puis du clic à la visite ou encore de la visibilité à l’attention. Il y aura bien sûr de l’internalisation mais elle devrait rester assez limitée du fait notamment de cette réelle complexité. Se concentrer sur deux plateformes peut donner le sentiment de réduire cette complexité mais elle réduit surtout les performances, avec une dépendance accrue.
IN: Quelle est votre position sur le décalage du cookieless de Google? À quoi sert aujourd’hui ce temps supplémentaire ?
Thibault Leguillon : La disparition des cookies est déjà une réalité : la moitié des internautes ne sont aujourd’hui plus adressables dans la plupart des marchés, dont la France.
Notre approche cookieless repose sur notre intégration directe avec les grands médias, qui disposent de signaux uniques sur le marché et nous permettent ainsi de disposer d’une excellente donnée, allant des typologies de contenus en passant par le type de device utilisé, l’heure de la journée, etc. Ainsi, grâce à l’analyse de la consommation média des internautes, couplée à des données accessibles en temps réel, nous sommes capables de reconstruire le parcours de lecture et de déterminer avec précision les centres d’intérêt des consommateurs, et ce sans utiliser de cookies.
Teads se positionne comme pionnier d’un monde cookieless, et propose des solutions de ciblages performantes, testées et approuvées par de nombreuses grandes marques à travers le monde. Nous avons lancé notre outil Cookieless Translator en partenariat avec Omnicom Media Group : une solution unique sur le marché permettant de convertir facilement des audiences cookie-based (custom ou 1st-party propriétaire de l’annonceur) en une stratégie d’activation cookieless.
Par ailleurs, notre plateforme Teads Ad Manager est la première plateforme du marché qui intègre désormais un Mode Cookieless en self-service, mettant à disposition en accès direct un ensemble de solutions de ciblage sans cookies.
Plus que jamais, le cookieless est stratégique pour les annonceurs. En capitalisant sur des années d’expertise dans l’interprétation des données de consommation de contenu, l’approche unique de Teads rend les solutions cookieless actionnables à grande échelle pour nos partenaires agences et annonceurs, en France et partout dans le monde, sans compromettre la vie privée des utilisateurs. Au sein de notre Cookieless Readiness Program, nous accompagnons aujourd’hui nos partenaires pour tester des stratégies de ciblage avec et sans cookies, à même d’assurer une transition pérenne et progressive vers un monde cookieless.
IN : Quel est le potentiel de l’open internet alors que les walled garden avancent à une vitesse considérable ?
Bertrand Quesada : La problématique est de rivaliser à quelques milliers contre des équipes bien plus nombreuses. Notre but aujourd’hui est donc de jouer un rôle dans la consolidation de l’open internet, ce qui passe notamment par des acquisitions.
Nous avons commencé avec Thibault il y a une quinzaine d’années, aujourd’hui, nous avons créé une colonne vertébrale avec comme projet d’intégrer d’autres acteurs autour de nous pour en faire un poids lourd d’Internet, capable de capter une plus grande part de la croissance et de générer plus de valeur.
C’est notamment dans cette optique que nous avons lancé le projet d’introduction en bourse, afin de disposer de davantage de fonds et de pouvoir faire des acquisitions. De plus, nous disposons d’un actionnaire qui a un vrai savoir-faire dans les opérations de fusions-acquisitions, et qui sait mener à bien ce type de projet.
IN: Votre modèle repose sur vos contrats avec les grands médias, est-ce une situation fragile ?
Bertrand Quesada : Nous ne sommes plus un simple partenaire publicitaire pour les médias. Teads est devenu un partenaire technologique stratégique, avec une plateforme capable de répondre à de nombreuses problématiques liées au ciblage ou à l’accompagnement créatif, et une offre commerciale véritablement full-funnel désormais.
Notre échelle mondiale et nos partenariats stratégiques avec les marques nous permettent par ailleurs d’apporter aux éditeurs une demande globale, en provenance des plus grands annonceurs internationaux, à même de maximiser la monétisation de leurs contenus éditoriaux avec des expériences publicitaires innovantes et respectueuses de l’expérience utilisateur.
Nous accompagnons également les équipes de vente directe de nos partenaires éditeurs, en mettant à disposition l’ensemble des capacités de notre plateforme média via la suite Teads For Publishers, afin d’offrir ces mêmes expériences publicitaires engageantes à leurs propres clients.
Nous avons donc un partenariat très fort avec les médias partout dans le monde, qui se renforce jour après jour en leur redonnant de la valeur grâce à notre technologie.