En effet, malgré une prise de conscience et une volonté de faire évoluer la société, la situation est encore loin d’être la panacée. D’ailleurs, selon l’étude annuelle du Forum économique mondial, la crise sanitaire a retardé de plus d’une génération le temps nécessaire pour atteindre l’égalité entre les hommes et les femmes. 135 ans ! C’est le temps qu’il faudra, selon l’organisation, pour parvenir à un véritable changement sociétal.
135 ans pour atteindre l’égalité entre les hommes et les femmes
En France, les femmes sont payées 18% de moins que les hommes cadres pour le même poste. Le plus souvent, elles travaillent à temps partiel, occupent des emplois peu rémunérés et, lorsqu’elles parviennent à atteindre des postes de direction, elles se heurtent à un plafond de verre et sont victimes de préjugés. Il est clair que des arguments ne devraient pas être nécessaires pour pousser à la parité et à l’égalité, mais ce triste constat montre combien il est difficile de progresser dans ce domaine.
Le travail à distance révèle une lacune
Comme nous l’avons déjà mentionné, la crise du COVID-19 et les confinements à répétition ont mis en évidence la disparité de traitement entre les hommes et les femmes. En effet, si le télétravail permet une certaine souplesse dans l’organisation de sa journée, il brouille également la frontière entre vie professionnelle et vie privée.
Pour cette raison, le télétravail généralisé a fortement augmenté la charge mentale des femmes qui doivent faire face à des fonctions professionnelles, mais aussi familiales à travers les tâches ménagères, la gestion et la sollicitation des enfants à la maison. Selon une étude Ipsos pour le Boston Consulting Group, les femmes sont 1,5 fois plus susceptibles d’être fréquemment interrompues lorsqu’elles travaillent à domicile que les hommes.
Le télétravail, retour inconscient de la femme au foyer?
Les chefs d’entreprise sont conscients des impacts potentiellement négatifs du télétravail sur l’égalité des sexes. Le travail à domicile symbolise, dans l’imaginaire collectif, le retour de la femme au foyer, qui n’aura plus besoin de sortir de chez elle pour s’occuper de la maison, des enfants et de son travail. Certaines entreprises ont mis en place des initiatives pour favoriser les équipes mixtes et promouvoir les femmes à des postes à responsabilité. C’est le cas de BNP Paribas, qui a été l’une des premières entreprises du CAC40 à signer la charte #JamaisSansElles fin 2019. L’entreprise a également mis en place des formations sur la négociation salariale et des outils de suivi des évolutions de carrière en dehors des entretiens annuels.
Télétravailler comme elles l’entendent à partir de cinquième mois de grossesse
Autre exemple, Mercedes Benz Financial Services, qui a lancé des initiatives positives permettant aux femmes de mieux appréhender leur vie de famille sans mettre leur carrière entre parenthèses. Par exemple, avant le congé de maternité, les futures mères ont la possibilité de télétravailler comme elles l’entendent, à partir du cinquième mois de grossesse. Une fois le congé de maternité terminé, la semaine de retour dans l’entreprise est travaillée à 50% du temps de travail habituel mais reste rémunérée à temps plein. Cette initiative favorise ainsi un bon accompagnement de la femme et une transition moins brutale pour son nouveau-né.
Accompagner le changement !
Cette question oubliée durant les premiers mois de la pandémie s’invite de plus en plus dans les réflexions des DRH et des managers. Ils ont, durant les derniers mois, appris plus sur leurs collaborateurs et leurs contraintes personnelles et ainsi s’adapter au mieux. Par le biais des réunions virtuelles, les managers découvrent le lieu de vie de leurs collègues, et parfois même leurs enfants ou leurs animaux de compagnie ! Cela crée une proximité et a parfois une influence bénéfique sur les interactions au sein d’une équipe. Par exemple, la prise de parole par visioconférence est mieux répartie entre les hommes et les femmes que lors des réunions physiques. Il est donc primordial pour toute entreprise, de prendre en compte ces différences d’expositions entre les femmes et les hommes et ainsi appliquer la démarche de qualité de vie au travail (QVT) de façon digitale. Par exemple via des notices de prévention, des sondages anonymes, ou bien des formations digitales pour veiller à garantir l’équité et le respect du bien-être en entreprise.
Les inégalités sont un frein pour la productivité
Malgré des inégalités persistantes et un équilibre fragile du côté des femmes, certaines entreprises, grâce à la digitalisation, entreprennent des démarches pour l’égalité. Par exemple, l’entreprise Circles filiale de Sodexo a pris fermement position sur cette question en œuvrant pour la suppression de charge mentale des femmes grâce à l’extension de ses services tels que la garde d’enfants, les services de pressing à domicile… Une timide avancée qui sera peut-être un jour, banalisée à tout l’écosystème entrepreneurial français. Car, pour les entreprises, les inégalités évidentes présentent un frein pour la productivité des collaborateurs et surtout pour leur bien-être.
Se réinterroger sur l’articulation entre vie professionnelle et vie personnelle
Il n’y aura pas d’égalité professionnelle, tant que cette dernière ne sera pas effective au sein de l’unité familiale. Ainsi, si le succès rencontré par le télétravail pendant la crise sanitaire favorise sa généralisation, une attention particulière devra être portée à ses conséquences sur l’égalité hommes/femmes, d’autant plus que cette bataille sociétale est passée au second plan pendant la crise de la COVID-19. En définitive, le télétravail n’est pas le remède miracle aux disparités persistantes entre les hommes et les femmes. Néanmoins, ce dernier a conduit les entreprises à se réinterroger sur l’articulation entre vie professionnelle et vie personnelle de leurs salariés tout en invitant les services RH à se concentrer sur le schéma d’organisation du travail qui convient le mieux à chaque collaborateur, indépendamment de leur genre.