Comme l’homme, les médias se croient parfois immortels. Une multitude de médias et de supports remplissent pourtant les cimetières de la communication, victimes de la loi de Moore, ou tout simplement tombés en désuétude. Le site Dead Media a même entrepris de les recenser, des pigeons voyageurs au télégraphe, en passant par le Minitel ou la VHS.
Aujourd’hui et avec la crise, beaucoup abondent dans le catastrophisme, prédisant la fin du modèle de la radio, de la télévision, de la presse… Une vidéo buzze même depuis dix jours (voir en bas de page) sur la toile. Réalisée aux Etats-Unis, ce petit montage très bien réalisé annonce sur la musique d’ « American Pie » de Don McLean que 2009 est « l’année où le média est mort », et consacre la mort des médias « traditionnels », tués par le digital.
Les médias sont-ils réellement voués à mourir ?
Cette vidéo crée le buzz, mais oublie de préciser que si les media de masse sont menacés, le digital compte aussi beaucoup de morts, et qu’un site web peut disparaître encore plus vite. Jon Gibs, analyste média online pour Nielsen, commente ainsi les derniers résultats de l’étude Nielsen du 11 juin 2009, annonçant que MySpace a perdu 31% en un an en termes de minutes passées aux USA. Un outil, un réseau social, peut ainsi rapidement tomber en disgrâce aux yeux des consommateurs, explique-t-il. « Vous rappelez-vous de Frienster ? Vous rappelez-vous lorsque MySpace était un outil imbattable ? Ni Facebook, ni Twitter ne sont donc à l’abri. Les consommateurs ont montré qu’ils sont disposés à prendre leurs réseaux et à les déplacer sur d’autres plateformes… »
Cette réflexion sur les médias et la mort résonne avec un film récent, « Departures », du réalisateur japonais Yojiro Takita. Récompensé par l’Oscar 2009 du Meilleur film étranger, ce long métrage nous montre le parcours initiatique d’un jeune japonais apprenant le métier et l’art de la thanatopraxie. Ce film poignant montre à quel point les rituels de transmission de la vie vers l’au-delà sont importants au Japon. Cette cérémonie est même un moment essentiel, où le thanatopracteur, devant la communauté rassemblée, prépare la personne décédée vers son plus grand voyage.
Si les médias sont comme les humains voués à mourir, cela nous pose plusieurs questions : comment accompagner les media en fin de vie ? Quels rites devons-nous observer ? Et surtout croyons-nous en l’au-delà pour les médias ? Croyons-nous qu’ils disparaissent à jamais, ou au contraire croyons-nous en leur résurrection… ou en leur réincarnation ?
Thomas Jamet est directeur général adjoint de Reload, structure de planning stratégique, d’études et d’expertise de Vivaki (Publicis).
thomas.jamet@reload-pgm.com www.reload-pgm.com
Madison Avenue