15 juillet 2009

Temps de lecture : 3 min

Bye Bye Robots

J'ai toujours adoré les robots. Mais ces derniers temps, ils me filent un peu le cafard. Ils sentent en effet le formol à plein nez. Ou plutôt le retro-futur (le futur des années 80).

J’ai toujours adoré les robots. Mais ces derniers temps, ils me filent un peu le cafard. Ils sentent en effet le formol à plein nez. Ou plutôt le retro-futur (le futur des années 80).

Il est en effet assez curieux de se rendre compte que rien n’a changé depuis mon enfance : au cinéma les robots du dernier blockbuster « Transformers 2 » ont la même dégaine que Goldorak, et Terminator grimace toujours dans le quatrième opus de la série (sans Schwarzie). Alors que se passe-t-il ? Les enfants de demain auraient-ils droit aux mêmes robots qu’à l’époque où Michael Jackson était encore de ce monde ?
Si on remonte le temps, on s’aperçoit que la représentation du robot a quasiment toujours été la même, de Léonard de Vinci – dont les notes ont montré qu’il avait réfléchi à la création d’un « cavalier-armure » développant la possibilité de mouvements autonomes et de bouger ses membres – à « Metropolis » de Fritz Lang (1927), en passant même par « Frankenstein » de Mary Shelley, en 1818. Tous les robots ont été pensés comme humanoïdes et pressentis comme un danger pour l’homme, jusqu’à la révolution Isaac Asimov, et sa saga des robots, écrite entre 1950 et le début des années 90, et présentant une vision positive des robots, vivant en bonne intelligence avec l’humanité.
Une vision qui a sans doute inspiré bon nombre de développements scientifiques à portée domestique : il y a deux ou trois ans, on s’extasiait devant le robot ASIMO de Honda , ou devant le chien AIBO . L’an dernier, on s’émerveillait devant iCub, le robot représentant un enfant de trois ans et demi, et développant la même intelligence et sens d’un enfant de dix-huit mois… les scientifiques étaient, paraît-il, même en train de lui apprendre à parler… . On y a cru, donc, à cet idéal du robot vivant en harmonie avec l’être humain. Cela faisait des dizaines d’années qu’on nous disait que les robots allaient faire les tâches ménagères à notre place. Et pourtant… l’époque est moins à l’intelligence artificielle. Asimov est mort en 1992, mais 2009 a sans doute sonné le glas des robots.
Que s’est-il passé ? Sont-ils morts avec le 20ème siècle ? La crise a-t-elle remis à jour l’ordre des priorités ? Les préoccupations écologiques sont-elles passées au premier plan (HOME plutôt que A.I.) ? Sans doute, mais dans le fond, on se rend compte que le robot et le mythe de l’être artificiel sont l’archétype du mythe moderne, et que la post-modernité se passe bien des robots, en ce qu’elle incarne et déifie l’humain et les échanges, plutôt que la technique et le mythe du progrès.Aujourd’hui on s’extasie bien plus sur la dernière application iPhone que sur le nouveau robot développé au Japon. Signe des temps. Signe que l’humain reprend ses droits. Le digital a tué les robots, qui étaient un symbole de l’analogique, de la technique. Le 2.0 a fini de les achever et, à l’heure des réseaux sociaux, qui se soucie des robots ? On commence même à voir poindre une réflexion, pensant les robots comme intégrés à l’homme. Le philosophe Jean-Michel Besnier, dans son livre « Demain, les post-humains » (Hachette Haute Tension) livre un plaidoyer pour la réinvention du genre humain par les robots. Selon l’auteur, grâce à l’évolution scientifique « l’homme ne connaîtra plus la maladie : des nanorobots le répareront en permanence ». Le robot semble ainsi revenir à son destin d’esclave (le mot « robot » vient du tchèque robotnik et signifie « travailleur zélé, esclave »). Bye bye robot ?

 Variation pop autour d’un thème…. Chaque semaine, Thomas Jamet déniche dans la culture contemporaine tout ce qui résonne avec l’époque. Thomas Jamet est directeur général adjoint de Reload, structure de planning stratégique, d’études et d’expertise de Vivaki (Publicis).

Le robot NAO

Pub des années 80 inspirée du dessins animés des Transformers

La BO de Transformers 2

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