26 août 2009

Temps de lecture : 2 min

L’ascèse, une valeur digitale

Il paraît que le digital est dangereux pour la santé. Une étude du très sérieux « American Journal of Psychiatry », parue en avril 2009 estime que l'addiction aux SMS et aux mails est un signe flagrant de maladie mentale...

Il paraît  que le digital est dangereux pour la santé. Une étude du très sérieux « American Journal of Psychiatry », parue en avril 2009 estime que l’addiction aux SMS et aux mails est un signe flagrant de maladie mentale…

Le digital est en tout cas de plus en plus accusé d’empiéter sur nos vies. On voit depuis quelques temps monter une antienne, un chant lointain : « Marre d’Internet », « Marre de mon mobile »… Serait-on fatigués du digital ? Va-t-on vivre une rentrée débranchée ?
Il est vrai que l’abstinence est très tendance en ce moment. Nous avons tous entendu parler de ces jeunes américains qui prônent l’abstinence avant le mariage, et qui font une promotion prosélyte de leur choix à l’aide de la fameuse « bague de virginité ». Sur ce modèle, à quand une bague de pureté digitale ? A quand un signe de reconnaissance pour les abstinents du digital ? On n’en est peut-être pas si loin : dans les dîners, on commence à entendre des voix s’élever, se faisant non sans un certain snobisme, les hérauts d’un rejet du digital. J’en ai fait l’expérience : autour de moi des amis se désabonnent de facebook, d’autres défient les lois des réseaux sociaux et créent des profils sous un nom d’emprunt pour mieux se protéger, des voix s’élèvent pour critiquer des réseaux sociaux accusés d’avoir pris trop de place, sans oublier les bloggeurs qui commencent sérieusement à énerver tout le monde.

Le rejet s’organisera-t-il ? Montera-t-il jusqu’au niveau des militants écologistes ? Cette tendance fait en tout cas écho au dernier spot TV pour la Volkswagen PASSAT. Celui-ci dépeint une tribu d’énergumènes presque revenus à l’état de nature, agressant tout ce qui a trait au rejet de CO2, et ayant à la vie moderne. Cette publicité fait écho à « Erewhon ou de l’autre côté des montagnes », l’ouvrage culte de Samuel Butler paru en 1872, narrant l’histoire d’un homme qui s’égare dans un pays inconnu et qui finit par arriver dans un village perdu. Il est jeté en prison car il porte… une montre. Arrivera-on à ce degré de rejet ? Verra-t-on même émerger des groupes terroristes anti-digitaux, provoquant l’arrêt de tout trafic digital, le « grand accident » prophétisé par Paul Virilio ?
Tous ces débats sont certainement le signe que le digital atteint un degré de maturité. Mais ne laissons pas notre société entrer dans le « less is better » digital. Plutôt qu’une abstinence, une ascèse digitale est peut-être nécessaire. N’oublions pas que le mot « ascèse » signifie « exercice » en grec. Appliqué à l’athlétisme par exemple, il décrit une pratique équilibrée, libérée des excès, non excessive, raisonnée. Une philosophie ne visant pas la performance pour la performance mais plutôt l’obtention du bonheur et de la sagesse. Après une période d’excès et les incantations du début du XXIème siècle sur un monde entièrement digitalisé, un équilibre reste à trouver. En tant que communicants, il est de notre responsabilité de faire la démonstration que le digital représente un véritable changement de paradigme. Mais surtout que le changement est positif. N’ayons pas peur !
Variation pop autour d’un thème…. Chaque semaine, Thomas Jamet déniche dans la culture contemporaine tout ce qui résonne avec l’époque. Thomas Jamet est directeur général adjoint de Reload, structure de planning stratégique, d’études et d’expertise de Vivaki (Publicis).

 thomas.jamet@reload-vivaki.comwww.reload-vivaki.com

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