Quelques visionnaires montrent que les marchés peuvent complètement remplir leur mission de lien social et dynamiseur de quartier. Petit tour d’horizon de projets innovants et pleins de bon sens en Afrique du Sud, à Londres, et à Philadelphie
Comment transformer le quartier abandonné de Woodstock en Afrique du Sud? Sous l’impulsion de deux amis, Neighbourgoods Market* est né pour redonner vie à ce quartier désaffecté. Le but était de proposer la place à des producteurs locaux qui cherchaient des moyens de distribuer leurs produits. Le projet était également pour les deux créateurs de développer une approche communautaire du marché où les locaux se retrouveraient et échangeraient. Un véritable rôle éducatif autour de beaux produits permettant le soutien de la production locale.
Créé en 2006, Neighbourgoods Market compte aujourd’hui 130 adhérents. Woodstock s’est ainsi profondément transformé ; il y a 10 galeries d’art, des cafés et des guérilla stores dans un quartier devenu sûr ! Le marché se tient tous les samedis et réunit beaucoup de monde; on assiste même à des banquets géants qui se dressent à côté des étalages pour déguster une cuisine du marché! Les deux fondateurs lorgnent déjà vers de nouveaux projets: on parle d’un marché aux poissons sur Johannesburg fondé sur le même modèle!
Retour en Europe, à Londres. L’idée du chef cuisinier Arthur Potts Dawson était la suivante: pourriez-vous donner 4 heures par mois de votre temps et payer une cotisation en échange d’une remise de 10% sur votre marché local? C’est sur ce postulat qu’il a créé dans la capitale britannique The People’s Market**. Situé sur Lamb’s Conduit Street, un immense supermarché pas comme les autres abrite aujourd’hui une communauté qui travaille d’un commun accord et réinvente la notion de marché. La communauté vote ce que le magasin doit vendre, décide quels sont ses fournisseurs, quelles sont les heures d’ouverture et comment l’activité doit se développer. Les produits vendus sont locaux ou issus d’une production artisanale. Une approche coopérative développant une offre de qualité dans un cadre de grande distribution.
Après avoir passé beaucoup de temps à Rome, Bart Blastein était tombé amoureux des places de la ville bruyantes, fourmillantes de gens, lieux de rendez-vous, entourées de cafés avec terrasses, de commerces plus délicieux les uns que les autres… Son but était clair! Retourner dans sa ville natale de Philadelphie et construire sa propre place, une piazza à l’italienne! Il investit alors en masse dans les usines délabrées entourant une place à l’abandon du côté de Northern Liberties et crée la Piazza at Schmidts.
Succès immédiat puisque la place s’entoure de restaurants, galeries, et magasins de produits locaux. Une nouvelle vie pour ce quartier qui devient le «hotspot» de la ville où la voiture disparait laissant la place à la foule. La piazza est à découvert et équipée d’un écran géant à LED pour les retransmissions des matchs. Des événements fleurissent chaque semaine avec toujours beaucoup de convivialité, de partage, mettant en avant les artistes et les produits locaux. Et bien sûr tous les weekend un marché de deux cent exposants s’installe pour animer le quartier.
La Piazza at Schmidts
Des modèles universels de développement et de transformation des zones urbaines pourrait-on dire. A adapter suivant le contexte bien sûr, mais peut être une nouvelle idée de la notion de franchise comme le soulignent Justin et Cameron les fondateurs du Neighbourgoods Market. Ils appellent ceci «Friendchising». Des partenariats de coopération plus que des liens commerciaux… A méditer!
Guillaume Cadot
www.mylabstudio.com / www.cadot.fr
*The Neighbourgoods Market, 73 – 375 Albert Road,Woodstock, Cape Town
**The People’s Market, 72-78 Lambs Conduit Street, Londres