Mon premier est le «papyrus Prisse», découvert par Prisse d’Avennes en 1856 en Egypte et conservé à la BnF. C’est le plus ancien manuscrit littéraire complet de l’Egypte ancienne et sans doute de l’humanité, vieux d’environ 4 000 ans. Mon second est étrusque, il a été trouvé en Roumanie et est considéré comme le livre le plus ancien du monde, composé de quelques feuillets d’or. Il aurait plus de 2500 ans. Mon tout s’appelle le passé…
Car c’est maintenant officiel: pour la première fois, les ventes de livres électroniques ont dépassé celles des livres de poche aux Etats-Unis, en février. Les livres traditionnels sont voués à disparaître. Demain? Après demain? Après-après-demain? La tendance est inéluctable.
Il n’est pas question ici de faire du passéisme, l’e-book est un formidable outil qui permet d’emporter avec soi des centaines de livres électroniques dans le monde entier, de faire apparaître des illustrations interactives, de créer une ambiance musicale…
Reste que cette dématérialisation à tout prix enlève tout lien «charnel» avec la connaissance. Le plaisir de tourner les pages, d’admirer les rayons de magnifiques bibliothèques dans le monde entier. D’avoir le sentiment que, du haut de ces pyramides, plusieurs siècles nous contemplent. Que les auteurs sont toujours là avec nous…
Quel plaisir aussi de découvrir «Le» livre tant cherché chez un bouquiniste au bord de la Seine, ou de chiner aux Puces ou sur un petit marché normand. Toutes ces petites gorgées de culture vont disparaître. Ce nouveau contact avec la littérature fera t-il le bonheur de l’homme?
Isabelle Musnik