Il est donc permis de stimuler les gens à parler sur Twitter ou renvoyer pour une expérience plus approfondie vers Facebook (ou vice-versa).
Ah non, je devrais maintenant dire: vers une plateforme de microblogging et un réseau social. Lesquels? A vous de deviner. Et j’oublie bien sûr de mentionner Foursquare que je m’empresserai de dénoncer dans un email anonyme. Donc pour aider les TV à se moderniser, pour stimuler les Français à utiliser le digital, nous décidons de les mettre dans le flou. Alors qu’au contraire nous aurions besoin de les prendre par la main, de les aider, de les pousser.
Pourquoi? Tout simplement parce que l’avenir de nos chaînes – et donc leurs emplois – dépend de leur capacité à se réinventer, à faire progresser un modèle qui unisse les nouveaux media afin de créer de nouvelles manières de concevoir la tv: plus interactive, plus ludique, plus active, offrant au téléspectateur l’opportunité de converser, de continuer et d’enrichir son expérience. Mais aussi parce que la tv avec sa domination médiatique a un rôle pédagogique pour les Français: elle peut leur apprendre à mieux utiliser le digital, le faire sans qu’ils s’en rendent compte mais d’une manière ludique.
A la façon d’un jeu d’envergure nationale. Pourquoi vouloir faire ça? Tout simplement parce que ceux qui maitrisent les outils digitaux seront ceux qui pourront mettre la France à la pointe du numérique parce qu’en apprenant dans leur vie privée, ils pourront appliquer dans leur vie professionnelle. Voici donc une règle qui va permettre à nos chaînes de ne pas se pousser pour évoluer (et à terme se faire dépasser), tout en prenant la responsabilité de ne pas éduquer les Français pour leur avenir digital.
Au- delà de l’absurdité de cette décision, une question me taraude: à qui cette décision est-elle utile? Car le CSA montre ici soit une magistrale méconnaissance du monde numérique (au lendemain de l’eg8), soit une remarquable perméabilité à un intérêt particulier. Dans les deux cas, une mauvaise chose…
Par Frédéric Winckler (@lefreddie), Président de JWT Paris