8 juin 2011

Temps de lecture : 2 min

François Hollande, le candidat qui voulait être un «président normal »

Qui sera le candidat du PS? Faut-il s’attendre à des surprises du côté de l’UMP? Et qui sera le troisième homme (ou la troisième femme) de la campagne? Chaque semaine, retrouvez les moments forts de la campagne des présidentielles. Aujourd’hui, focus sur la normalité selon François Hollande…

Un président normal? Cette expression de François Hollande fait aujourd’hui beaucoup parler d’elle. Une façon comme une autre pour le socialiste de transformer son déficit d’image en atout. Mais une façon pas franchement convaincante. Le «président normal» a surtout mis  en évidence le handicap qu’il cherche à positiver.

L’ancien secrétaire du PS a beau défendre l’idée que « Nicolas Sarkozy n’est pas un président normal », la maire de Lille, elle, a beau jeu de préciser que, lorsqu’on « veut être candidat à la présidence de la République, il faut un peu plus». Un point de vue partagé par Claude Guéant qui s’est plu à rappeler que «pour diriger un pays de 65 millions d’habitants, il faut être hors du commun». Mais, au-delà des questions et des polémiques qui s’attachent à savoir ce que l’on entend ou non par «normal», les Français attendent-ils des candidats qu’ils incarnent une certaine conception de la fonction? En fait, tout indique que non.

Quelle conception de la fonction présidentielle? Une question très secondaire

Aucun slogan centré sur la fonction présidentielle n’a marqué l’imaginaire collectif. Pas un seul n’a été couronné de succès. En 1981, Valéry Giscard d’Estaing affirme : « l faut une président à la France». Une curieuse évidence qui n’a alors qu’un objectif: suggérer l’absence d’expérience et de stature de François Mitterrand. Mais ce procédé de l’attaque indirecte par la fonction n’est pas le propre de la droite.

Il est aussi, sinon plus utilisé par le PS. En 1965, François Mitterrand signe ses affiches d’ « un président jeune pour une France moderne», une façon plutôt directe de s’attaquer à l’âge du Général de Gaulle. Trente ans après, Lionel Jospin se présente comme «le président du vrai changement» avant d’afficher, en 2002 et sans plus de succès, son intention de «présider autrement». En 2007, Ségolène Royal témoigne de son attachement à la démocratie participative en se voulant l’incarnation de «la France présidente» sans que, là encore, cette idée touche à l’essentiel du débat.

La fin du slogan? Oui et non

Il est vrai que « ensemble, tout devient possible» utilisé par Nicolas Sarkozy en 2007 n’était pas non plus un slogan très marquant, ni le reflet des propositions qui ont le plus frappé les esprits. Au point que l’on peut se demander si, comme l’a déclaré Jean-françois Copé, il faut qu’on «arrêt[e] ces plans com». La réponse n’est sans doute pas si évidente que cela. L’utilisation d’un «slogan», ou d’une affirmation qui s’apparente à un slogan, est sans doute prématurée.

La campagne des présidentielles ne fait que commencer. Celle des primaires, aussi. Qui plus est, on l’a vu, le thème de la fonction présidentielle est selon toute probabilité très faiblement mobilisateur. Enfin, le slogan n’a plus la même fonction centrale depuis le déclin de la publicité politique qui date des années 90. Faut-il proclamer l’acte de décès du slogan pour autant? Sans doute pas. Celui-ci a au moins un avantage: obliger à réfléchir sur le message central de sa campagne. Une obligation dont aucun candidat ne peut en réalité faire l’économie…

Franck Gintrand / lefilrougedelopinion.com

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