Rien ne vaut un bon silence réparateur… Dans un monde surexposé aux messages visuels et audio, la pollution sonore développe un phénomène de saturation dont nos cerveaux sont touchés à plusieurs niveaux.
Un petit tour du silence qui dort s’impose pour en analyser le sens et l’efficacité…
Le silence a toujours dérangé dans notre société car il est lié aux mythes. Silence = Mort. Bruits = vie. «Le silence est trop souvent identifié au chaos. Le bruit en niant le silence, devient par conséquent création. En affrontant le mur du silence, l’homme par le mythe, s’exprime enfin et affirme la dualité bruit/vie en réaction à la dualité Silence/Mort», explique Marie-Christine Forget, chargée de cours à l’Université d’Aix-Marseille.
Dans ce contexte, le silence est associé au vide. Il dérange. Alors qu’il est avant tout une intention. Le silence est consentant : qui ne dit rien consent. Il peut être coupable. Mais il est aussi l’expression d’une forme de sagesse suivant la culture à laquelle il est associé.
Dans la technique musicale, le silence se traduit par le mot «pause» ou «soupir». Il souligne ce laps de temps entre deux intervalles de sons. Pour créer une tension ou mettre en exergue. Oui, le silence est à la musique, ce que l’air est à nos poumons! Miles Davis disait que «la véritable musique est le silence et toutes les notes ne font qu’encadrer le silence». Tellement juste…
John Cage disait que le silence absolu n’existait pas… «Plongé dans une chambre d’isolation, un individu entendra toujours au moins deux son : un grave, la circulation du sang, et un aigu, le signal électrique du système nerveux».
Pour exhiber la nature musicale du silence, John Cage écrit 4#33 où un orchestre exécute un silence de 4mn33s. De quoi bruit ce silence? Grincements de fauteuil, soupirs, gouttes de pluie sur le toit…viennent remplir cette partition vierge, pleine de l’attente ou de l’absence de musique…
Le silence permet de cristalliser l’attention en créant la tension nécessaire à une écoute attentive. C’est d’ailleurs dans ce domaine qu’il est le plus particulièrement exploité dans la communication publicitaire. En voici quelques exemples avec Maggi, Brandt, Rowenta, ou Volkswagen plus récemment.
J’ai l’intime conviction que ce n’est pas en poussant les spots de pubs au taquet au plan sonore que l’on arrive à se faire entendre. Qui a envie d’entendre quelqu’un qui crie tout le temps ? Une convention qu’il faudrait casser pour le bien de tous.
Car il est difficile de fermer ses oreilles. Le silence n’est d’or que si on le respecte.
Bon silence réparateur.
Olivier Covo
Associé co-fondateur de Brandy Sound / www.le-lobe.com