Le site se targue de compter déjà pour membres Bill Gates, Tom Cruise. Et présidente du FMI vient de s’y inscrire il y a deux jours et d’envoyer son premier message: «bonjour Sina Weibo, j’ai hâte de partager avec vous. Christine Lagarde». La vidéo ci-dessous, qui circule sur le réseau chinois, illustre un état d’esprit conquérant puisqu’on y voit Mark Zuckerberg perdre tous ses amis …
Alors tous sur Sina Weibo en 2012? La vision d’un monde globalement connecté fait toujours rêver. Facebook et Twitter étant interdits en Chine, on est de fait coupé de 25% des internautes du monde. Si Sina Weibo se développe hors de ses frontières, nous avons alors une chance d’être enfin tous réunis dans un même réseau mondial…
Encore faudrait-t-il supporter le poids de la censure qui filtre le moindre mot suspect sur le réseau chinois. Si l’on s’offusque déjà de la suppression par Facebook du compte d’un professeur ayant partagé sur son mur une reproduction du tableau « L’origine du monde » de Gustave Courbet, il y a fort à parier que l’on ne s’y fera pas …
Comme le disait récemment un responsable de Sina Weibo : « Il ne s’agit pas pour nous de conquérir le reste du monde mais de permettre aux entreprises étrangères d’accéder au marché chinois. » Ouf, on a eu peur ! Les Chinois sont joueurs et aiment les effets d’annonce.
Ce qui se passe sur l’Internet en Chine, et les réseaux sociaux en particulier, doit d’abord être pour nous une formidable source d’inspirations.
A cause de la barrière linguistique, mais aussi de l’a priori que l’on a sur le fait que les Chinois ne font que copier, on ne cite jamais d’exemples venus de l’Empire du Milieu. Or s’ils nous copient, ils développent ensuite beaucoup plus vite 1.
Du point de vue des fonctionnalités, Sina Weibo va au-delà de Twitter auquel on le compare souvent car « weibo » signifie « micro-blog ». Le réseau intègre des applications, des jeux, du social commerce. Ce serait davantage un mix entre Twitter et Facebook.
Crédit photo : technode.com
Du point de vue des usages, par exemple, les habitants de l’Empire du Milieu se servent des réseaux sociaux pour constituer eux-mêmes des groupes d’acheteurs. Ils proposent alors un nouveau prix à un vendeur qui acceptera leur offre à la baisse ou pas. On appelle ce système le « tuangou » ou « achat en équipe ». Jolie réinterprétation de l’achat groupé.
Enfin, du point de vue de la communication, « les Chinois sont prêts à laisser les marques jouer un vrai rôle dans leur vie, notamment à travers les réseaux sociaux » souligne Emmanuel Paget, Lab Evangelist chez Nurun Shanghai 2. Pour preuve, les internautes sont 3 fois plus connectés aux marques que les Français (60% vs 21%) (source : Social Media Tracker Wave 5, UM). De quoi regarder à la loupe les résultats en termes d’engagement et de «earned media» dont on parle tant ici.
C’est aussi bien sûr une nouvelle source de business.
Sina Weibo affirme avoir reçu beaucoup de demandes de la part de services étrangers, dont Flipboard et Instagram, pour intégrer le réseau chinois. La question est de savoir si le gouvernement les y autorisera. Par ailleurs, la traduction du site en anglais pourrait inciter les marques étrangères à y communiquer et rejoindre les 200 qui le font déjà, selon une estimation de Nurun Shanghai 2.
Alors si vous êtes trop impatients pour attendre la fin de l’année, vous pouvez toujours vous inscrire sur le réseau challenger QQ Weibo qui est visible en anglais depuis le 11 octobre.
Chantal Garnier
Rubrique réalisée en partenariat avec ETO
*source : Sina Weibo, octobre 2011
1 : « Inventer de nouvelles pratiques et cultures d’innovation entre la Chine et l’occident » conférence du 19 oct 2011, Kea&Partners et Tilt Ideas.
2 : « Digital en Chine » conférence du 18 oct 2011, Benchmark Group