30 novembre 2011

Temps de lecture : 2 min

Et si Facebook avait toujours existé ?

Le monde serait plus petit grâce à Facebook. Des chercheurs viennent de déterminer que seulement 4 degrés de séparation existent entre n’importe quel membre du réseau. Une découverte qui n’a rien d’étonnant et qui reconnecte avec les plus grands mythes.Par Thomas Jamet...

On connaît l’histoire de ces scientifiques ayant confié des lettres à des américains en 1960. Le but ? Vérifier combien de degrés de séparation existaient entre des habitants du Nebraska et les habitants de Boston à partir du courrier postal. Ces travaux, menés par l’illustre Stanley Milgram ont prouvé qu’il existait 6 degrés de séparation entre des gens ne se connaissant pas du tout.

Adaptant cette étude à l’ère des réseaux sociaux, des chercheurs italiens ont conçu un algorithme permettant de calculer la distance entre deux utilisateurs du plus grand réseau mondial : Facebook. Disposant d’un accès aux 700 millions de membres du Social Network ils ont étudié quasiment 70 milliards de connexion. La conclusion est claire : la moyenne des rebonds séparant une personne à une autre personne, choisie aléatoirement est de 4,74 que cette personne habite « dans la toundra sibérienne ou dans la forêt péruvienne ». Mieux : la moyenne était de 5,28 en 2008. *

Quelle conclusion en tirer ? Rien de nouveau. L’homme a toujours été social. Depuis la nuit des temps, l’homme est un animal politique qui vit, chasse, agit, pense en meute. Les nouvelles technologies ne font pas naître un nouveau monde, ils révèlent ce que nous sommes initialement et que la société moderne avait cherché à gommer en instituant le dogme de l’individu. Nous sommes des êtres connectés. Et le digital est une révolution (mot dont l’étymologie signifie « un retour en arrière »).

Que le nombre de connexions entre individus diminue ne constitue pas en soi une surprise. Le contrat « social » derrière Facebook est justement de répondre à ce besoin primitif de l’homme de se retrouver, de se rassembler, de se regrouper et de créer un seul et même Grand Tout, besoin ayant présidé à la création des plus grands mythes depuis la fondation des sociétés humaines, de Marduk au Leviathan jusqu’à Facebook, reconstituant cet imaginaire archaïque.

La seule différence avec les temps anciens? La technologie. Le monde n’a pour l’instant encore jamais connu d’avancée technique lui permettant d’être aussi interconnecté. Internet et le téléphone mobile sont des avancées majeures. Mais depuis leur apparition, celles-ci n’accélèrent pas la capacité de l’Homme à être-ensemble. Elles ne font que cristalliser le mythe social d’une manière inédite, le fixant et le rendant encore plus visible, palpable physiquement.

C’est donc un imaginaire présent depuis toujours qui ré-émerge, et transcende le « vouloir-vivre ensemble » conceptualisé par Renan via la nouvelle culture médiatique. Les réseaux sociaux n’inventent pas un monde ex-nihilo. Les hommes ont toujours échangé. Et la pensée de la place publique ré-émerge, et prend ancrage dans les nouveaux outils qui sont ceux de notre monde post-moderne

Thomas Jamet – NEWCAST – Directeur Général / Head of Entertainment & brand(ed) content, Vivaki (Publicis Groupe)
www.twitter.com/tomnever

Thomas Jamet est l’auteur de « Ren@issance Mythologique, l’imaginaire et les mythes à l’ère digitale » (François Bourin Editeur, en librairie le 15 septembre). Préface de Michel Maffesoli.

*Etude réalisée par quatre universitaires(cf. Edito INfluencia 23/11)

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