Pour Thomas Kuhn «chaque époque de l’histoire crée une structure imaginaire qui s’impose à tous durant cette période». Notre contemporain depuis l’industrialisation vit dans la structure imaginaire de l’énergie. Celle-ci a guidé toutes les inventions humaines et les rêves de l’homme depuis des dizaines d’années. Tous les projets de société ont été poussés, motivés par l’énergie: de l’invention du chemin de fer en passant par la maîtrise de la fée électricité. Toutes les révolutions ont également. Pour les Soviets, l’électricité était au cœur du projet de nouvelle société. Pour eux, elle représentait l’énergie de la révolution de 1917. Nul ne peut nier que les plus grands conflits du XXème siècle ont été suscités par l’énergie et la guerre pour sa maîtrise.
Car l’énergie a été d’abord source de jouissance, de «raw power», de déferlement de volts ou d’atomes. Cette volonté de puissance toute Niezstchéenne ne peut évidemment conduire qu’au tragique comme l’a si bien souligné Paul Virilio. C’est ce qu’ont connu Hiroshima et Fukushima.
Mais aujourd’hui, après tous ces excès, quelle est la nouvelle énergie? Loin de sombrer dans un quelconque ode écologiste à la recherche de l’énergie «propre», imaginons que l’énergie se retourne, aille enfin vers son créateur, vers l’humain. Car l’imaginaire n’est plus à l’énergie, et à sa conquête. Essayons de rendre compte de ce qui est en train de se constituer sous nos yeux: l’émergence d’un nouvel imaginaire rendu possible par les nouvelles technologies et transcendé par une nouvelle culture de masse touchant tous les domaines.
ET bouleversant comme le disait Kuhn, toute notre structure sociétale. On peut penser que les media digitaux, les nouvelles technologies, incarnent l’énergie de ce nouveau monde en train de se constituer sous nos yeux. L’humain est au cœur de cette révolution. Ainsi on voit bien qu’on est en présence d’une énergie, d’un nouveau carburant. Le carburant d’une postmodernité qui était auparavant virtuelle, et qui est rendue paradoxalement réelle grâce au digital. (NDLR : ce que rappelle la dernière campagne Renault pour son véhicule électrique Twizy, intitulée « Plug Into The Positive Energy »).
L’énergie était le carbone de notre monde. Notre négatif. Que l’on dépensait. Que l’on brûlait. Et si on se retournait en mode positif? Non pas pour mettre en avant une sorte de positivisme vain et niais mais pour révéler (comme en photographie) notre mode positif?
Thomas Jamet – NEWCAST – Directeur Général / Head of Entertainment & brand(ed) content, Vivaki (Publicis Groupe)
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Thomas Jamet est l’auteur de « Ren@issance Mythologique, l’imaginaire et les mythes à l’ère digitale » (François Bourin Editeur). Préface de Michel Maffesoli.