21 mars 2012

Temps de lecture : 3 min

Des initiatives pour vivre «autre chose»

Une carte d'infidélité au Royaume-Uni, une enseigne alimentaire aux USA qui pousse ses clients à épargner, un distributeur français qui incite au troc, une bibliothèque au Danemark qui propose d'emprunter un être humain... Les marques investissent sans cesse de nouveaux territoires.

Il est exigeant notre consommateur du XXIème siècle. Conscient d’un changement qui s’opère dans notre société, il réclame une autre façon d’agir, une manière plus juste d’être intégré, d’être écouté. Il veut changer les règles du jeu, dans son rapport aux marques, aux autres. Il veut une autre consommation.

Respectable et respectée

Les consommateurs rejettent le modèle de la consumation et veulent inciter les marques à sortir de leur strict rôle marchand pour acquérir une dimension plus sociale, plus responsable. Les acteurs du monde du commerce et des services commencent à l’entendre et à sortir des rails. Au Royaume-Uni, le Prufrock Coffee a eu l’idée intelligente de considérer la notion de «fidélité»  comme pouvant être aussi une source d’engagement citoyen ! En lançant contre toute attente une carte d’infidélité, la «Disloyalty Card», ce café londonien a incité ses clients à fréquenter d’autres bars du quartier. Une manière de dépasser la question de concurrence pour générer du trafic au sein des établissements et défendre un métier.

Dans un autre registre, aux Etats-Unis, l’enseigne alimentaire Sears a invité ses clients à épargner de l’argent sur un compte dédié à une occasion spéciale. Initiative pour le moins peu banale pour un commerçant mais qui révèle là aussi le changement qui s’opère entre les acteurs : la volonté pour l’enseigne de jouer un autre rôle que celui du vendeur à tout va et celle du consommateur d’accorder plus de sens à ses achats. En France, en lançant le service «Family Troc», Intermarché  a bien compris aussi la nécessité de proposer un autre mode relationnel intégrant dans son modèle les valeurs d’échange, de service et de partage.

Connectée et partagée

Partage. Si cette notion peut-être portée, c’est bien par les nouvelles technologies. Installées dans nos vies, celles-ci génèrent de nouveaux usages, de nouveaux comportements.  De nouvelles formes de communication émergent, laissant place à de nouveaux dialogues. Stickybits, par exemple, est une application iPhone et Androïd permettant d’associer un contenu (un texte, une vidéo) à un code-barres. Celui-ci, une fois scanné, va délivrer son message via Youtube ou FlickR. Imaginez alors l’histoire que peut vous raconter l’objet que vous venez d’acquérir. Belle invitation à instaurer une relation différente que ce soit dans un contexte d’achat ou non, laissant la part belle à des commentaires, des témoignages…

Les champs du possible sont vastes … L’artiste allemand Aram Bartholl a, lui aussi, eu envie d’explorer cette idée de passage entre les mondes réels et virtuels. En incrustant dans les murs de New York des clés USB vides et en signalant leur position sur Internet, l’artiste a fait de la ville un réseau de communication entre ses habitants. Chansons, films, informations touristiques sont venus tour à tour alimenter ces clés.

Sociale et humaine

La consommation responsable d’accord, les nouvelles technos pour plus d’échange, OK. Mais ma vie de tous les jours ? Qui me la rend plus belle ? Plein de monde ! Architectes, municipalités, individus … tout autour de nous, de nouvelles manières de vivre se dessinent. Rendez-vous au 70 Marchmont Street, à Londres. Là, The School of Life est une enseigne pas tout à fait comme les autres. Créée par le philosophe français Alain de Botton et Sophie Howart, ancienne commissaire-priseur de la Tate Modern, cette boutique vous propose outre les livres de ses rayonnages, des moments de partage et d’échange autour d’un déjeuner ou du dîner, des conseils littéraires ou philosophiques, voire même des excursions en compagnies des auteurs. Une « pharmacie culturelle » en quelque sorte … Ici vous sortez avec une ordonnance philosophique … Au Danemark, vous partirez avec un livre humain ! Un concept né dans les années 2000 et aujourd’hui offert par la bibliothèque de Toronto. Celle-ci vous propose d’emprunter plus qu’un livre … une personne choisie pour son vécu et son témoignage : moine bouddhiste, policier …

Histoire de conclure que toutes ces valeurs réinventées d’échange, de partage et de dialogue émanent avant tout de belles aventures humaines.

Dominique Laborderie, communication LaSer

Texte librement inspiré par l’ŒIL by LaSer, le livre, un recueil des faits repérés au fil des derniers mois par l’ŒIL by LaSer, la lettre.« 60 INITIATIVES POUR DE NOUVELLES MANIERES DE VIVRE», Editions Scrineo. Sortie en version numérique le 22 mars et en librairie le 5 avril.

Twitter :  @OEIL_by_LaSer

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