« Personne n’est inutile dans ce monde s’il allège le fardeau d’un autre ». En citant Charles Dickens sur la page d’accueil de leur site Internet, la « Team QuadSquad », composée de quatre étudiants de l’école ukrainienne d’informatique Step, résume à merveille l’esprit de son innovation technologique. Pour venir en aide à autrui et respecter le conseil avisé du père d’Oliver Twist, le quatuor a conçu un projet unique au monde : un gant capable de reconnaître la gestuelle de la langue des signes pour ensuite la retranscrire en son audio via un téléphone portable.
« Pour les personnes touchées par le handicap du défaut de parole ou d’ écoute, la communication verbale est une souffrance. On a pu le remarquer dans notre école. Le langage des signes n’étant pas compris et connu d’une majorité de gens, il ne permet de communiquer que dans des circonstances limitées et dans un cercle restreint de personnes. Même une action quotidienne comme faire du shopping est un problème », diagnostique le QuadSquad.
S’il venait à être concrétisé et commercialisé, le projet « Enable Talk » pourrait bien changer la vie d’une partie des quelque 40 millions de sourds et muets recensés dans le monde. L’impact potentiel peut d’ailleurs être encore plus conséquent que celui produit par l’application « On The Bus », ce GPS nouvelle génération inventé pour les aveugles.
Pour changer le langage des signes en une communication verbale, le prototype récompensé à la Microsoft Imagine’s Cup 2012 utilise seulement un gant, rien de plus. S’il ressemble à celui que l’on peut enfiler pour jardiner, le sésame expérimental se révèle être une merveille de microélectronique, aussi rare qu’ingénieuse : 15 détecteurs, des microcontrôleurs dernière génération, un accéléromètre, un gyroscope et une boussole équipent le gant afin qu’il reconnaisse les mouvements et les décrypte.
La transmission des données au téléphone portable, sur uniquement Windows Phone 7 et Windows 8, se fait alors par Bluetooth. Un port USB permet même la synchronisation avec un ordinateur, avec en plus un mini panneau solaire pour assurer le fonctionnement de l’objet pendant que se recharge sa batterie Li-ion.
Sur le papier, « Enable Talk » a des arguments de vente très solides. Il lui reste maintenant à être commercialisé et à s’imposer comme pionnier sur un marché encore en friche. Dans le business plan rendu public par les quatre « génies-geeks » ukrainiens, le prix de vente de départ est fixé à 115 euros, puis redescendra à 55 une fois la production de masse lancée. Si sa technologie est adoptée et approuvée, « Enable Talk » pourrait ouvrir aux marques les portes d’une nouvelle innovation : le hand-to-speech.
Benjamin Adler
Rubrique réalisée en partenariat avec HighCo