Créée en 1847, la Maison Cartier, depuis les années 1980, a commencé à rassembler et à racheter, le cas échéant, certains objets. Cette collection, au cœur de la politique patrimoniale du groupe dirigé par Bernard Fornas, compte aujourd’hui quelque 1400 pièces qui témoignent des évolutions stylistiques et techniques de la création Cartier et est régulièrement l’hôte de musées internationaux pour de grandes rétrospectives.
Répertoriée à partir de documents d’archives, la Collection regroupe de nombreuses parures de joaillerie ainsi qu’une rare collection de diadèmes. Elle rassemble également des modèles de montres classiques ou précieuses et des pièces d’horlogerie d’exception telles que les pendules « mystérieuses », au mécanisme dissimulé, ainsi que des objets et accessoires plus singuliers (nécessaires pour dames, boîtes décorées, boîtes à cigarettes, instruments d’écriture et autres accessoires pour hommes…).
Les pièces ont toutes été rachetées par Cartier, en fonction des opportunités -il n’y a pas de budget annuel fixe- auprès de particuliers ou lors de ventes publiques. Chacune possède sa propre histoire et fait revivre différentes époques, celles notamment de leur illustre détenteur ou commanditaire. « Ce sont des témoins d’une société en évolution permanente », souligne Pierre Rainero, directeur Image, Patrimoine et Style.
Le collier en rubis et diamants d’Elizabeth Taylor
Depuis hier et jusqu’au 17 février 2013, le musée madrilène Thyssen-Bornemisza, qui célèbre ses 20 ans, présente El Arte de Cartier et dévoile plus de 420 pièces de la Collection Cartier, depuis les origines à nos jours. Cette exposition scénographée par le designer et architecte Jorge Varela, et basée sur un parcours visuel, est la plus importante organisée à ce jour par le nombre de pièces jamais exposées.
Du style guirlande à l’art déco des années 30, de l’inspiration chinoise au style tutti frutti, cette rétrospective met en valeur plus de 165 années de créativité à travers l’approche des nombreuses facettes du style de celui que le roi Edouard VII avait baptisé le « roi des joailliers, (le) joaillier des rois ».
Très tôt, Cartier a tissé des liens d’amitié avec l’Espagne et la famille royale : en 1904, Alphonse XIII lui avait accordé le brevet officiel de fournisseur de la cour royale. Aux côtés des pièces célèbres, ayant appartenu à de grands clients, on découvre ainsi le diadème de style guirlande, offert en 1920 par le roi à la reine Victoria Eugenia en cadeau de mariage.
Fait nouveau, un certain nombre de pièces nouvellement acquises dans la Collection Cartier sont dévoilées pour la première fois, notamment le collier en rubis et diamants d’Elizabeth Taylor que lui offrit son mari Mike Todd ou la broche flamant de la duchesse de Windsor, réalisée à partir des pierres apportées par le duc.
Par ailleurs, pour l’occasion, le Palais de Monaco a également accepté que soient exposées des créations de Cartier tels le diadème en platine et le collier que la Princesse Grace porte sur les photos officielles de son mariage en 1956, cadeaux du Prince Rainier III.
Montrer ses pièces historiques pour « mettre en valeur la continuité de la création maison, et tirer un fil rouge entre le passé, le présent et le futur », comme l’explique Pierre Rainero : un outil parfait et élégant de brand content.
Isabelle Musnik
Légende photo : collier platine et or, 1951, modifié en 1953. Diamants ronds taille brillant, baguette et de forme fantaisie.8 rubis de forme coussin et ovale, facettés. Provenance : Elizabeth Taylor. Studio Gérard, Cartier Collection © Cartier.