Chapitre 1 : Quelles sont les différences physiologiques entre TV connectée, tablette, PC et Smartphone ?
Les différences essentielles entre tv, tablettes ou ordinateurs portables et smartphone résident avant tout dans les caractéristiques physiques des produits.
Le smartphone, la tablette, l’ordinateur portable et la tv proposent quatre tailles d’écran qui impliquent des rapports au corps différents (proxémies).
Un petit écran s’adapte au corps, un grand écran demande au corps de s’adapter à lui.
> Lorsque l’écran est plus petit que le corps, il s’adapte, s’intègre aux gestes du spectateur.
Le Smartphone est extrêmement souple : son nom allemand, « handy », exprime bien cette fonction de quasi-prothèse intégrée à la main. Il peut se rapprocher au plus près du visage.
PC et tablettes sont aisément manipulables : on peut les déplacer, les regarder assis ou allongé, en changer l’orientation à loisir.
Leur éloignement maximal correspond à l’extrémité des membres supérieurs, dans une grande proximité avec le visage et l’œil.
Ainsi les petits écrans sont intégrés dans la sphère du corps propre, annihilant tout espace de médiation.
> Lorsque l’écran est plus grand que le corps, au contraire, il est par définition fixe car trop lourd et encombrant pout pouvoir être déplacé facilement : c’est alors le corps qui doit s’adapter à l’écran.
Avec un écran tv en revanche, le rapport optique est plus distant et implique la médiation d’un espace indépendant, plus large que mon propre corps : l’espace spectatoriel.
Le préfixe « télé » signifie d’ailleurs la distance. C’est la télécommande qui permet de résoudre les problèmes de contrôle de l’activité qu’implique ce rapport distant.
Smartphone
Tablette / Ordinateur
TV
Taille de l’écran
Plus petit que le corps
Plus petit que le corps
Plus grand que le corps
Adaptabilité
Fusion avec le corps
(prothèse)
Adaptabilité aux mouvements
du corps
Le corps s’adapte à l’écran
Proxémie
Intégration à la sphère du corps propre
Intégration à la sphère du corps propre
Séparation par l’espace spectatoriel
Quelle est l’incidence du rapport au corps sur les pratiques ?
La TV maximise le confort de réception de n’importe quel contenu
La taille de l’écran joue un rôle évident dans le confort de vision des images :
Au cinéma, le grand écran restitue les qualités esthétiques et émotionnelles des images.
Sur écran tv, le même film est déjà une réduction : les sensations, les émotions y sont amoindries.
Quand on réduit encore la taille de l’écran, on en a une image « index », qui indique ce qu’elle serait si elle était regardée sur un écran véritable sans que l’on puisse vraiment en jouir.
Les sensations du spectateur sont encore décuplées en HD : l’expérience s’apparente alors davantage à une expérience « cinématesque ».
La TV n’admet qu’un usage sédentaire
L’intégration au corps du smartphone permet un usage totalement nomade, quasi ubiquitaire, où l’on veut et quand l’on veut.
La tablette et l’ordinateur portable occupent une position intermédiaire, mobile sans être aussi souple.
Enfin la tv propose un écran localisé dans un espace défini,et se prête exclusivement à une pratique sédentaire et domestique.
Smartphone
Tablette / Ordinateur
TV
Modalités de déplacement
Nomadisme quasi ubiquitaire
Mobilité
Fixité, sédentarité
La TV permet seule un véritable usage collectif
Un usage de type collectif est quasi impossible sur smartphone et difficile sur un écran de type ordinateur portable ou tablette.
En revanche la grande taille de l’écran tv et son rapport distant au corps, incluant un espace spectatoriel, sont tout à fait adaptés au visionnage à plusieurs.
Smartphone
Tablette / Ordinateur
TV
Degré de convivialité
Individuel
Individuel ou deux personnes
Individuel et potentiellement collectif
La TV classique induit la passivité du spectateur, les autres terminaux appellent son activité
Un plus petit écran appelle davantage une attitude de maîtrise
Un écran plus petit que soi entraine une attitude de maîtrise, où le spectateur actif fait primer son intelligence sur la réception passive de flux.
Le spectateur doit se focaliser sur le petit écran, pôle limité. qui n’a pas le même caractère d’immersion que le vaste écran de cinéma.
De plus, il doit coordonner la co-présence des deux espaces : l’espace réel et l’espace virtuel.
Les médias informatiques sont intelligents aux deux pôles. L’écran d’ordinateur est aussi un champ d’inscription sur lequel le récepteur agit.
Le très grand écran annihile la volonté du spectateur
Un écran aux dimensions supérieures à celle du corps implique une polarisation intense de l’attention, qui met le spectateur dans une position d’attente et rend la consommation des contenus plus passive.
Ainsi l’image de cinéma, s’impose au spectateur par sa vastitude. Celui-ci n’a pas d’autres choix que de se laisser immerger, absorber par l’image jusqu’à perdre conscience de son environnement réel.
Entièrement plongé dans le noir, le spectateur est capté par le rêve dirigé et cohérent qu’est le film. Le spectateur cesse d’être un sujet conscient, pour passer dans un état de flottement onirique.
Le spectateur de cinéma est en outre en situation de dépendance : n’ayant aucun pouvoir d’action sur le déroulement du film.
Smartphone, tablette / ordinateur
TV
Cinéma
Captation de l’attention
Conscience de
l’environnement réel
Conscience de
l’environnement réel
Polarisation intense de l’attention dans l’espace virtuel
Niveau de conscience
Attitude de recul et de
maîtrise
Attitude de recul et de
maîtrise
Immersion, absence d’attitude
critique
Niveau de dépendance
Possibilité d’intervention sur le contenu
Dépendance au flux
Dépendance au flux
Degré d’activité
Pôle d’accueil ET d’émission
actif
Pôle d’accueil passif
Pôle d’accueil passif
>> La tv connectée reste avant tout un objet tv, avec ses avantages et ses limites :
Dimension spectaculaire des contenus
Usage collectif ou individuel
Sédentarité de la consommation
>> La connexion, en ajoutant au flux continu des programmes la possibilité d’interaction avec le spectateur, permet à celui-ci d’adopter une attitude active, a priori contradictoire avec l’usage d’une TV.
Daniel Bô, Pdg de QualiQuanti
*Etude téléchargeable gratuitement ici.
Crédit photo en une : OWNI