Sur Kickstarter, le succès d’une campagne se résume aux chiffres de sa levée de fonds. Ceux d’ARKYD sont pour l’instant au moins aussi historiques que l’ambition de son projet : rendre accessible au public un télescope construit pour prendre des clichés de l’espace en très haute résolution.
Calqué sur Hubble, le télescope de Planetary Ressources – spécialiste américain de l’exploitation minière d’astéroïdes – diffère de l’observateur spatial de la NASA pour trois raisons majeures : d’abord son utilisation ne sera pas réservée à une élite scientifique et limitée à 200 par an ; ensuite, il se veut ouvert à tous pour effectuer différents types de recherche ; enfin, il assure une partie de son financement par une campagne lancée le 29 mai sur Kickstarter.
En moins d’une semaine, ARKYD – développé en collaboration avec Virgin Galactic et dans l’attente d’un partenariat avec le Musée de l’aéronautique de Seattle – frôle déjà le demi-million d’euros en caisse. Du jamais vu sur la première plate-forme mondiale de financement participatif ! « Notre but est de démocratiser l’accès à l’espace sous toutes ses formes. C’est, depuis bien trop longtemps, excessivement cher et réservé à l’armée », explique Peter Diamendis, co-fondateur de Planetary Resources.
Un contrôle public sans précédent
« Cette campagne peut mettre l’espace à la portée de tout le monde. C’est ce vers quoi nous tendons également », commente le CEO de Virgin Galactic, George Whitesides. Pour Eric Anderson, l’autre co-fondateur d’ARKYD, l’outil est sans précédent dans la démocratisation de l’exploration de l’espace par l’être humain. Pour assurer cette étape historique du progrès scientifique, Planetary Ressources assène quatre missions à son télescope.
En premier lieu, il s’agit d’offrir aux étudiants de tous les âges la possibilité de diriger l’engin et d’explorer ce qui les intéresse grâce à lui. Il est aussi question pour le projet de soutenir la recherche et la découverte spatiale en aidant « les milliers d’institutions et d’établissements qui ont besoin d’observations orbitales. Le MIT et l’Université de Washington ont déjà fait part de leur intérêt pour ARKYD », explique Eric Anderson.
Troisième but énoncé : offrir une expérience ludique et interactive à « Monsieur tout le monde ». « Ceux qui nous soutiendront seront les premiers de l’Histoire à contrôler un télescope spatial public », se targue Planetary Ressources sur sa page Kickstarter. Enfin selon ses créateurs, ARKYD est avant tout pensé pour remettre dans les mains du peuple l’opportunité de décider de son utilisation.
L’espace, nouveau territoire de marque
C’est bien simple, si vous donnez 20 euros pour soutenir ARKYD, vous recevrez en échange un autoportrait en orbite – grâce à une caméra intégrée fixant la Terre et un écran LCD affichant la photo de son choix. Pour 90 euros, vous pouvez avoir droit à 5 minutes d’observation depuis le télescope tandis que pour 150 euros, vous en prenez carrément le contrôle. Difficile de ne pas être tenté et c’est bien ce qui explique le succès de la campagne. Il faut dire que le contexte est propice, et pas seulement parce que Virgin Galactic espère lancer son premier vol entièrement spatial avant la fin de l’année.
Depuis 2009 et la Space Chair de Toshiba, les marques n’en finissent plus de tenter de s’approprier l’espace, devenu pour elles l’ultime frontière. En lançant début 2013 un concours en ligne historique pour envoyer 22 consommateurs dans l’espace, Axe rejoignait Red Bull dans l’ambitieuse préemption de ce nouveau territoire de marque.
Deux mois plus tard, INfluencia évoquait la « Space Attitude » de KLM : le 22 avril, la compagnie aérienne néerlandaise lançait dans l’espace un ballon gonflé à l’hélium depuis la Zone 51 du désert du Nevada. Equipé d’une caméra et d’un GPS, son cheminement peut être suivi en direct par les internautes sur le site dédié, avec possibilité de gagner un petit tour dans les étoiles en pariant sur le point culminant qu’atteindra le ballon avant de redescendre (ou d’exploser).
La tendance spatiale est définitivement en marche et ARKYD accompagne l’Histoire avec beaucoup d’audace…
Benjamin Adler / @BenjaminAdlerLA
Rubrique réalisée en partenariat avec Uniteam