12 juin 2013

Temps de lecture : 5 min

Futur en Seine : la Silicon Valley n’a qu’à bien se tenir !

Innovation et entreprenariat sont les deux maître mots de la quatrième édition de cette vitrine du numérique française et internationale. Conçu comme un lieu de rencontres et d’affaires fédérateur, ce festival gratuit est pour tous les curieux : geeks ou non, professionnels ou amateurs (avertis), juniors ou seniors. Stéphane Distinguin, président de Cap Digital, partage son enthousiasme.

Le Site du Zéro (plateforme dédiée au néophyte), Joue avec l’art (applications pour découvrir l’art tout en s’amusant), Dualo (pratiquer la musique avec une nouvelle génération d’instruments), Marbotic (faire interagir des jeux en bois avec des iPads), BrainPOP (outil d’enseignement animé pour toutes les matières enseignées à l’école avec 400 vidéos animées), Editions Volumiques (studio d’invention, conception et développement de nouveaux types de jeux et jouets, basés sur la mise en relation du tangible et du digital)… Voici quelques uns des 130 projets qui vont être révélés à Futur en Seine (*).

Ce rendez-vous international français du numérique, créé en 2009, par Cap Digital (**), ouvre, en effet, ses portes du 13 au 23 juin, à Paris et en Ile de France. Une quatrième édition que Stéphane Distinguin, président de Cap Digital (cf interview) et de l’agence Fabernovel et Jean Louis Fréchin, commissaire du festival 2013, ont voulu placer sous le signe de l’innovation et de l’idée d’entreprendre.

Alors pendant 10 jours, start ups, chercheurs, designers, institutions, laboratoires, écoles, associations, grandes entreprises française et internationale présenteront aux professionnels et au grand public, leur vision du futur ainsi que leurs objets et services de demain.

Tout commence par 4 jours, au Village des innovations, au Centquatre, avec au programme des conférences, des ateliers pour fabriquer, une classe numérique, des animations pour les enfants, un marché du T.A.F. (Travailler, Apprendre, se Former), des soirées ( soirée électro au bord du lac d’Enghien…) …

L’archipel des projets de Futur en Seine fera aussi découvrir une centaine de prototypes, d’objets, de robots et de projets innovants autour de 10 thématiques : les villes numériques, la musique et les instruments du futur, faire et la fabrication numérique, la culture et les arts numériques, l’éducation pour le futur, les datas sublimées, les robots fascinants, la santé optimisée, travailler autrement, l’habitat augmenté.

Une programmation relayée partout en Ile de France à travers plus d’une centaine de manifestations partenaires (Games 4 Change, Dimensions 3, Cross Video days, Wizzworld, Mash up Film Festival, Générations Connectées …). A faire !

3 questions à Stéphane Distinguin, président de Cap Digital :

INfluencia : quel message derrière la vitrine Futur en Seine?

Stéphane Distinguin : c’est le moment de l’année qui fait réfléchir, car on a la responsabilité d’être exigeants. C’est avoir sous les yeux ce qui se fait de mieux ou de plus marquant en matière d’objets et de services de demain. Nous sommes au coeur de l’anticipation, de la prise de risques, du prototypage. C’est l’excellence dans un échantillon, la projection dans le futur mais aussi un instantané de ce qui est advenu des projets présentés les années précédentes, en positif comme en négatif. En effet, le numérique est parfois surprenant, car on peut avoir tout bon sur le papier et ne pas rencontrer le succès aussi vite ou aussi bien que prévu.

Mais en 4 ans, Futur en Seine a donné à voir et à toucher, et aide les idées à sortir du statu quo avec l’émergence de plates-formes, d’acteurs et le soutien d’organismes. Il se créé, au-delà des 10 jours du festival, un mouvement positif et vertueux qui inscrit la France dans un écosystème compétitif, technologique et créatif face à la Silicon Valley et Israël. On mériterait d’avoir un peu plus d’acteurs industriels, des champions. Mais notre pays est en train de rattraper son retard, car le « made in France numérique » défriche et bouscule.

Enfin, c’est un lieu de rencontres et d’affaires extrêmement fédérateur. Ce festival est gratuit, se déploie dans toute l’Ile de France et s’adresse aussi bien aux professionnels, qu’aux amateurs avertis ou au grand public junior ou senior.

INfluencia : quelle est votre vision du digital ?

Stéphane Distinguin : le digital emmène très loin. Il est partout, va partout, transforme tout. C’est un peu comme si on collait une dimension parallèle à tout avec comme conséquence l’infini. Les objets connectés, les appli ingénieuses et autres Google Glass… démontrent parfaitement bien ce foisonnement des nouveaux échanges et la transformation des usages. Mais posent aussi les questions de l’exploitation des données collectées et du numérique comme science sans conscience.

Sa beauté, c’est aussi de faire des petites choses, de les tester, de pouvoir les apprendre facilement et d’y accéder immédiatement. Avec le digital, le succès n’est pas dû au loto, mais il y entre une part d’alchimie où la seule façon d’avancer est de faire et d’essayer. En redonnant un champ conceptuel pratique, il remet au goût du jour le « petit et rapide » versus le « gros et lent ».

INfluencia : le numérique n’en est qu’à ses débuts, mais en quoi bouscule-t-il déjà les mentalités ?

Stéphane Distinguin : le numérique fait craquer le modèle précédent. C’est le retour de l’ingénieur (pas forcément bachelier) et de la science. C’est l’avènement d’une nouvelle élite portée par l’emporwement ou les mooks… chose qui n’était pas arrivée depuis longtemps. D’ailleurs, le film « The social network » montre bien que le start upper a remplacé le golden boy, que le monde de l’entreprise est présent dans la culture populaire. C’est une grande chance de sortir enfin du conformisme et de laisser la place à l’esprit d’innovation, à la capacité rare de faire, d’inventer. Et des hommes comme Eric Schmidt, pragmatique et entrepreneur, confirment bien cette tendance presque révolutionnaire. C’est la prime à la vélocité, l’agilité, la diversité avec de plus en plus d’entrepreneurs femmes ou issus de minorités. C’est aussi la valorisation du « bricoleur » et à juste titre, car c’est lui qui fait la différence, grâce à sa maîtrise de l’exécution qui doit toujours avoir un temps d’avance.

D’autre part, le numérique c’est plus de production avec plus de partage, d’expression, d’information. Tous les 2 ans, on produit via Internet l’équivalent de tout ce que l’humanité a produit depuis des milliers d’années. C’est également, l’accès à plus de canaux avec des éléments contre intuitifs comme le rapport au temps et à la mémoire, car le temps réel est la matrice et Internet, le véhicule médiatique de référence où tout est conservé et peut-être sujet à analyse. Et contrairement aux idées reçues, le numérique n’est ni éphémère ni uniquement dans l’instantanéité.

Le numérique, selon, Jean Louis Frechin (***), rend obsolète l’exécution mais pas la pensée en donnant aux créatifs la possibilité d’inventer l’architecture virtuelle et cognitive du monde de demain et celle d’exprimer graphiquement la démocratisation du pouvoir penser.

Le numérique, en effet, a des vertus et pas des moindres. Ainsi, si depuis 20 ans, les français parlent de mieux en mieux l’anglais, c’est en partie grâce à lui qui met à la portée de tous, des séries, des films ou de la musique en VO. De même pour les loisirs, il y a un avant et un après numérique. Et là encore l’emporwement et sa capacité à amplifier joue un rôle primordial. Car il permet plus de tout : plus de photos, plus de films, plus de musique. En fait, avec le numérique, il n’y a aucun frein… Il faut oser s’y perdre !

Florence Berthier
Visuel : Rone + Acid Washed + Mein Sohn William

(*)Futur en Seine est un évènement organisé par Cap Digital, le pôle de compétitivité de la filière des contenus et services numériques. Il reçoit le soutien de la Région Ile-de-France, de la Ville de Paris, du Conseil général de la Seine-Saint-Denis, d’Orange et de nombreux organismes et entreprises.

(**)Cap Digital est le pôle de compétitivité de la filière des contenus et services numériques. Il regroupe plus de 700 adhérents : 620 PME, 20 grands groupes, 50 établissements publics, écoles, et universités ainsi que 10 investisseurs en capital. Il œuvre à faire de la Région Île-de-France l’une des références mondiales du numérique, tant d’un point de vue industriel que stratégique. Le développement de la R&D, la croissance des entreprises, la mise en réseau de ses adhérents et leur promotion à l’international sont autant de missions pour soutenir la créativité et la compétitivité de cet important secteur industriel.

(***) designer numérique, patron de No Design et commissaire du festival Futur en Seine 2013

A découvrir entre autre le Compagnon Numérique ! (cliquez sur l’image)

Ou bien encore Wizzworld !

  

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